Tristania a toujours innové à chaque album, se présentant chaque fois jusqu'ici sous un nouveau jour (avec cet "
Illumination" aussi) et cela a bien souvent porté ses fruits, même si
World of Glass est encore une oeuvre qui déroute les fans. Après des débuts très sombres, que des titres comme Midwintertears ou
Pale Enchanteress symbolisent à la perfection, quelques perturbations de line-up ont donné lieu à des réalisations se démarquant fortement les unes des autres, mais amenant une diversité bienvenue dans le répertoire du groupe. Des disques comme
World of Glass, avec ses soli de violon (le titre
Lost par exemple) que n'aurait pas renié
Apocalyptica, ou encore le plus récent
Ashes aux riffs conventionnels mais foisonnant de passages atmosphériques (
Equilibrium,
Shadowman) ou plus brutaux (The Wretched, Libre dans laquelle le chant death a une grande place) pour finalement nous proposer
Illumination, un album bien plus linéaire.
Mais commençons par les points forts de celui-ci, car les ingrédients d'une bonne galette sont bien présents. Le chant death, bien que quasi absent, est assuré par l'excellent Vorph de
Samael sur les titres Mercyside, The Ravens et le bonus track (digipack) In
The Wake (je ne crois pas en oublier) ce qui apporte une certaine puissance.
La production est aux mains de Waldemar Sorychta, qui confère aux instruments un côté agressif s'opposant au perpétuel mid-tempo et aux ballades de l'album, sans pour autant être dérangeant à l'oreille.
Vibeke Stene n'a jamais montré autant de fougue dans son superbe chant tout en nuances. C'est véritablement elle qui porte les chansons car la voix claire masculine très présente, elle aussi, est banale (pas un chant faux loin de là, mais pas d'originalité).
Alors mis à part les quelques bémols pré-cités, où est le problème ?
Justement, le manque d'originalité se ressent à d'autres niveaux que dans le chant. Les riffs sont assez pauvres si l'on excepte Mercyside,
Down ou Sacrilege. Les morceaux manquent aussi d'énergie.
Pas moyen de se laisser emporter par les ambiances, par ailleurs bien plus chaleureuses que par le passé (d'où
Illumination).
Ensuite, peu de risques sont pris au niveau composition, ce qui peut s'avérer très frustrant car le groupe a toujours écrit des morceaux oscillant entre 5 et 9 minutes, alors que l'on peine ici à dépasser les 5 minutes. De plus, où sont passées les chansons à tiroirs de
Ashes (Endogenisis, Bird, The Wretched) surprenantes à souhait ?
Enfin, pratiquement tous les groupes de Gothique changent de style pour se diriger vers une musique moins brutale, plus grand public (
Theatre Of Tragedy,
Within Temptation,...) et voici que
Tristania, jadis parmi les chefs de file d'un mouvement, décide de suivre la meute. Décevant.
Si cet album n'est pas mauvais, il est à mille lieues de ce que l'on pouvait attendre de
Tristania après
Ashes.
Pas de risques, on rentre dans les rangs et pourtant on perd encore un membre clé du groupe : la chanteuse elle-même. Sans Vibeke, quels atouts reste-t-il à
Tristania pour nous proposer quelque chose de nouveau la prochaine fois, si prochaine fois il y a ? Pour ma part je n'ai aucune envie d'enterrer ce groupe, et je continue d'espérer une autre
Illumination, dans les esprits des musiciens cette fois...
8/20, franchement à contre-coeur.
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