Ça fait depuis tellement longtemps qu’
As I Lay Dying nous rappelle à quel point nous nous sentons humains.
Frail Words Collapse nous fit entrer dans une jeunesse retrouvée, tandis qu’
An Ocean Between Us noie toutes nos attentes raisonnables dans cet océan de conscience et de fragilité. Les mémoires peuvent changer la forme d'une pièce, ils peuvent changer la couleur d'une voiture. Et les souvenirs peuvent ainsi être déformés. Ils sont juste une interprétation, ils ne sont pas éternels. Paradoxalement, entre bonheur et malheur pour
As I Lay Dying (et nous), leur musique et leurs méfaits, sont restés des souvenirs cimentés dans notre subconscient comme des certitudes.
Lors de leur début, je me souviens qu’ils étaient passés à Atlanta, et il n’y avait pas plus d’une cinquantaine de personnes pour assisté à leur concert. Ils ont parcouru un bon bout de chemin depuis lors. Grâce en grande partie au fait qu'ils n'ont jamais rien enregistré de médiocre (à part l'erreur
Decas). C'est un peu fou de penser qu’
As I Lay Dying est sur le point de sortir son sixième album. Depuis la création du groupe en 2000, à aujourd’hui, cette dernière décennie fut intense pour les membres ; les tournées et sorties d’albums s’enchaînant à un rythme presque inhumain ces dernières années. Ayant récolté un énorme succès commercial avec
An Ocean Between Us et
The Powerless Rise, ils sont de retour, pour le meilleur espérons-le.
Tout d'abord, on remarque un petit changement du coté de la production avec le délaissement de ce bon vieil Adam Dutkiewicz (
Killswitch Engage) au profit de Bill Stevenson, batteur du groupe de Punk Rock
Descendents qui a déjà produit par le passé des groupes à succès comme NOFX ou encore
Rise Against. Stevenson n'opérant pas dans le même registre, il aurait alors un autre idéal musical, plus "calme", que le style du groupe. On peut donc se demander si la production puisse avoir influencé la musique de nos cinq coreux. Cependant, sur ce point il n'y aura pas de mauvaise surprise, car après une première écoute, on s'aperçoit rapidement que le groupe a très (voire trop) bien conservé son identité.
Awakened est donc une autre étape : ressemblant à la vieille époque de
Frail Words Collapse, il est aussi remarquablement similaire à la fois à
The Powerless Rise et
An Ocean Between Us. Cette capacité d'évoluer à un bon rythme en maintenant habilement un équilibre entre l'ancien et le nouveau son contribue en partie au succès d'
As I Lay Dying. Toutefois sur cet album on aura plus l'impression que le groupe mêle les éléments qui ont fait sa fortune. Du côté de l'innovation, c'est bien simple il n'y a quasiment rien. C’est vrai, pourquoi changer quand la recette est toujours efficace ?
La pochette comme la musique ne s'écarte pas de ses descendantes ; du crâne sur fond jaunâtre (
Frail Words Collapse), à celui de profil qui semblait émerger du croissant de lune (
Shadows Are Security), en passant par le chevelu (
An Ocean Between Us), et le plus beau sous une lumière rouge, un crâne criard posé sur une fleur ou un rouage ou tout simplement au-dessus d'un univers avec en son centre une petite planète (
The Powerless Rise). Maintenant, avec
Awakened nous avons droit à un crâne ailé qui a sur son nez un papillon noir lui masquant les yeux avec ses larges ailes, il est aussi escorté par deux charmants cygnes. Il s'agit donc d'une jolie pochette, un peu répétitive de la part du groupe, mais qui suscite tout de même de la curiosité et donne envie d'aller découvrir ce qui se passe à l'intérieur.
Alors à cet instant vient
Awakened, et pendant une seconde, on se sent projeté au loin par la violente secousse introductive
Cauterize, qui ne perd pas de temps. Il ne peut rien avoir de mieux que de commencer un album de
Metal avec un inintelligible, "AHHHHH !" rapidement suivi d’un terrible "GO !". Tels sont les premiers instants du dernier méfait des chevelus d'
As I Lay Dying. Les cris de Lambesis ouvrent l'album à nos oreilles, en fixant cette atmosphère violente qui va malheureusement vite se calmer avec l'arrivée du refrain en chant clair, étrangement semblable à celui de
Forsaken ou de Parallels. Tandis que des morceaux comme
Cauterize et Wasted Words nous rappellerons
The Powerless Rise avec quelques incursions dans le monde du Thrash
Metal à travers la vélocité des riffs, d'autres comme No Lung To Breathe et My Only
Home démontreront facilement pourquoi
As I Lay Dying fait partie des groupes les plus influents dans le Metalcore, le premier étant un pur rouleau compresseur et le second délivrant de l'émotion en barre à travers un chant sensible et touchant. En somme chaque sonorité entendu sur
Awakened résume parfaitement le catalogue complet d'
As I Lay Dying et varie selon nos souvenirs entre le plus Thrashy
The Powerless Rise, le mélodique
An Ocean Between Us et l'agressif
Frail Words Collapse.
Là où ils ont fait le plus grand changement se situe au niveau des chansons. Les petits problèmes de
The Powerless Rise tels que certaines transitions assez discordantes et les tas de solos arbitrairement placés ont été corrigés ici. Toutes les chansons se succède avec logique et cohérence. Chaque solo de guitare rentre parfaitement dans son contexte et permet à des riffs plus mélodique de se faire entendre sur l'ensemble des titres, qui en plus de contrebalancer avec les riffs plus agressifs apportent une touche euphonique, dont
Overcome est l'exemple le plus flagrant. Bien plus fin musicalement qu'il n'y paraît,
As I Lay Dying varie agréablement les plaisirs en ralentissant le tempo comme dans
Resilience et Tears
Out My
Eyes ou au contraire se rapproche du Rock avec le magnifique riff suivant le refrain de Whispering
Silence. La bestialité cathartique est toujours au rendez-vous avec des rouleaux compresseurs tels que le simple et efficace No Lungs to Breathe ou Wasted Words dont le refrain dégage une ambiance "égyptienne" des plus intéressantes.
Toutefois cet album est loin d'être parfait. Alors qu’est-ce qui empêche
As I Lay Dying d'atteindre son plein potentiel ? Tout d'abord, l’album manque d'émotion, car juste au moment où il semble qu'il va enfin réussir à briser le moule, avec une chanson comme
Overcome et son intro épique, il se brusque vers une transition plus habituelle et tragiquement prévisible. Deuxièmement,
Awakened est dépourvu de tout élément de surprise. Et c’est pour cela que
Defender est rapidement devenu mon titre préféré sur l'album, parce qu'il se détachait (légèrement) du peloton. Avec une intro à la basse accompagnée d‘un riff Groove méchamment accrocheur. Il est en fin de compte, la seule chanson de l'album qui n'était pas si prévisible que ça. Encore une fois, je reconnais que pour certaines personnes, la prévisibilité fait partie de ce qu'ils aiment chez
As I Lay Dying. Vous pourrez toujours compter sur eux pour fournir un Metalcore de qualité. Prises isolément, chaque piste est très forte, mais prises toutes ensembles, celles-ci flirtent dangereusement avec la monotonie. L’album est aussi formé de beaucoup de répétition du schéma vocal avec cette dualité parfois lassante du cri/chant clair (bien truqué).
Awakened apparaît alors sur le plan vocal comme le symbole d’un Metalcore déjà vu et fatigué.
Finalement, le plus grand reproche que l'on puisse leur faire est qu’ils ne semblent pas avoir essayé de sortir de leur zone de confort. Manquerait-il d’audace ? Surement. En même temps, lorsque vous êtes bien dans ce que vous faites, pourquoi voudriez-vous changer ? Cet album manque souvent d‘âme, et tandis que le cinétisme est d'abord excitant, les paroles vides de sens transmettent peu d'idées à l'auditeur. Lambesis et son équipage sont redoutablement pragmatiques et se contentent d’aller à l’essentiel. Néanmoins, ils savent nous faire réagir en créant quelque chose de vraiment passionnant et parfois d‘essentielle. Il est évident que tous les fans d’
As I Lay Dying aimeront ce dernier rejeton. Blasts-beats surhumains, riffs plus recherchés et plus acérés, breakdowns de concassage, refrains accrocheurs soutenus de chœurs et voix gutturales abondent sur cet album. Mais, comme des jeunes maladroits versant tout leur cœur dans des chansons comme
Forsaken et
Nothing Left,
As I Lay Dying sur
Awakened s'efforce de reconquérir l'ampleur de l'impact de ses antécédents. Et ce n'est pas seulement la musique qui tente de se faire sentir familière,
As I Lay Dying tente également de recréer des sensations avec ladite musique, dans le but de nous berner avec d‘anciennes sensations. La formule continue à bien marcher, mais pour combien de temps encore ? Le papillon n'est pas encore sorti de son cocon...
sinon j'ai trouvé cet album peu être un peu meilleur que les précédents (que j'adore aussi) avec des titres comme Defender qui sortent quand même un peu du lot, il faut dire qu'il est excellent ! Je trouve qu'ils utilisent de plus en plus la voix du bassiste sur leurs albums et c'est pas pour me déplaire (même si tu l'as dit elle est truquée) . Je retiendrais également le sublimissime refrain de A Greater Foundation, la façon dont ils se répondent est magique !
encore merci pour ta chro ;)
Quel tuerie cet album ! ultra efficace !. Aussi violent que mélodique, de la mélodie imparable de "My only home", au Defender ! (à 2.52min) fracassant, il y a tant de passages marquants. Un nectar de As i lay dying. Merci pour la chro
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