Phil Lewis bien entendu mais également Michael Jagosz, W. Axl
Rose, Paul Black, Chris Van Dahl, Ralph Saenz, Joe Lesté, Jizzy Pearl, Marty Casey et depuis peu la dénommée Dilana Robichaux. Ils sont effectivement nombreux de 1983 à ce jour à avoir tenu ou à tenir le microphone du légendaire
L.A. Guns, combo de sleaze rock hollywoodien par excellence dont la saga et les différentes incarnations sont tout à fait dignes du soap opera Dallas et de ses innombrables rebondissements qui indubitablement rythmèrent l’existence monotone de millions de ménagères de moins de cinquante ans à travers le globe de la fin des années 70 à l’aube de la décennie grunge. Même si les fanatiques transis du groupe s’accorderont certainement sur le rôle primordial et essentiel du guitariste
Tracii Guns quant à l’Histoire et l’identité intrinsèque de cette entité d’anthologie et qu’il faille vraisemblablement un véritable arbre généalogique pour saisir les subtilités des entrées et sorties de personnel au sein de la société
L.A. Guns Inc., l’actualité du combo s’avère être des plus déconcertantes puisqu’il existe aujourd’hui deux versions bien distinctes de
L.A. Guns ; l’une frontée par
Phil Lewis et l’autre par
Tracii Guns possédant chacune et de façon légale droit d’existence ainsi que 50% des parts inhérentes aux activités discographiques du groupe jusqu’à l’album «
Waking the Dead » inclus. Ironie du sort, les deux versions peinent à trouver l’inspiration musicale depuis l’avènement de cette situation pour le moins burlesque et ridicule à l’image de la sortie de disques on ne peut plus dispensables tels albums de reprises, de tubes réenregistrés et autres best of live d’obédience acoustique notamment.
Après son départ de
L.A. Guns en 2002,
Tracii Guns s’unie avec son ami de longue date Nikki Sixx du cultissime Mötley Crüe pour fonder le groupe Brides of
Destruction, lequel sortira deux albums assez sympathiques en 2004 (« Here Come the Brides ») et 2005 (« Runaway Brides »). A partir de 2006 et suite à un bref passage au sein du légendaire
Quiet Riot,
Tracii Guns monte le
Tracii Guns Band très vite rebaptisé…
L.A. Guns alors que l’autre groupe du même nom fronté par
Phil Lewis subsiste toujours, ayant notamment remplacé Tracii au poste de lead guitarist par l’ex
Roxx Gang Stacey Blades. Afin de crédibiliser sa démarche et de s’attirer les faveurs de promoteurs cupides, Tracii fait appel aux services des Paul Black et autres Nickey « Beat » Alexander, respectivement ex vocaliste et ex batteur du
L.A. Guns cuvée 1985-1987 qui quittèrent le combo juste avant la Gloire et les valises de billets verts, remplacés pour l’occasion par
Phil Lewis et Steve Riley. Avec un tel line up respirant l’authenticité à pleins poumons,
Tracii Guns pouvait se targuer d’être le leader du seul et véritable
L.A. Guns mais en 2008, retour à la case départ pour le co-fondateur de Guns N’ Roses : Nickey « Beat » Alexander s’est déjà barré depuis bien longtemps après n’être resté que quelques mois derrière les fûts de la légende hollywoodienne du sleaze et Paul Black est éjecté du groupe manu militari par Tracii pour avoir osé jouer en solo des titres de
L.A. Guns sur la scène d'un club de Mexico City sans son autorisation préalable. S’en suit l’arrivée derrière le microphone d’un dénommé Marty Casey, chanteur de Lovehammers de son état et ayant participé en 2005 à l’émission de téléréalité 'Rock Star : INXS' dont le but était de dénicher le nouveau frontman du groupe australien, remplacé à peine un an plus tard par l’inégalable et charismatique Jizzy Pearl (ex Love/
Hate, ex
Ratt) qui avait déjà tenu le micro de
L.A. Guns à l’occasion de l’enregistrement du très bon «
Shrinking Violet » de 1999. Alors que sa mouture semble avoir acquis une once de stabilité grâce à l’arrivée de l’expérimenté Pearl et après une inactivité discographique personnelle de neuf longues années sous le patronyme
L.A. Guns,
Tracii Guns décide d’enregistrer un gig acoustique privé au Hotel Cafe d’Hollywood afin d’en faire un album. Ainsi, «
Acoustic Gypsy Live » sort le 27 septembre 2011 sur le label de
Steve Vai Favored Nations Entertainment.
Stupeur. A peine le disque décellophanisé et le boitier du CD ouvert effectivement ; un message de
Tracii Guns sur la quatrième de couverture du booklet indique que cette idée de best of live acoustique lui a été suggérée par deux personnes tierces et qu’il s’avérait initialement réticent au projet. Ceci expliquera très certainement cela… Une intro au clavier Lansay signée de la pâte du very special guest Terry « Zig Zag » Andreadis précède «
Crystal Eyes » qui à l’honneur d’entamer cet enregistrement indispensable à la curiosité malsaine du fan absolu de
L.A. Guns pour qui ce combo d’anthologie se rapproche au plus près de sa vision personnelle du rock n’ roll. Ballade cristalline de l’excellent et mystique «
Hollywood Vampires » de 1991, cette précieuse complainte tend à coller de façon constructive au concept de cet «
Acoustic Gypsy Live » à l’instar de ses semblables « One Way Ticket », «
Decide », « It’s Over Now » et autres «
The Ballad of Jayne ». Il s’avérerait peut être presque plaisant d’apprécier le timbre enroué et nasillard de l’inégalable et singulier Jizzy Pearl sur ces ballades mid tempo des plus efficaces, le tout dans l’atmosphère confinée et intimiste d’une salle de l’Hotel Cafe d’Hollywood garnie pour l’occasion d’une vingtaine de « privilégiés » présents ce soir du 20 février 2011 face au
L.A. Guns de Tracii. L’auditeur ne boudera pas son plaisir non plus à l’écoute de « Dreamtime » ; splendide morceau bluesy et relativement mélancolique d’obédience vieille école constituant indiscutablement le meilleur moment du très bon «
Shrinking Violet » de 1999 sur lequel Jizzy Pearl pose ses vocaux si caractéristiques justement, ni à celle du surprenant « Little
Soldier », seule composition inédite de la galette mettant en scène une mixture divine de country, de folk et de piano rock rappelant immanquablement les racines sacrées du style musical sans lequel notre existence serait vaine et dénuée du moindre sens métaphysique.
En dépit de ces aspects plutôt favorables qui permettraient de qualifier «
Acoustic Gypsy Live » de release intéressant et divertissant s’il ne constituait pas le seul et unique témoignage sonore de
Tracii Guns sous l’étiquette
L.A. Guns depuis 2002 et la sortie de l’honorable «
Waking the Dead », ce sombre best of live unplugged présente une personnalité générale glauque et décevante. Bordel de merde,
L.A. Guns n’est il pas ce putain de groupe légendaire de hard rock sleaze dont les centaines d’écoute au volume maximum du on ne peut plus culte premier album éponyme nous ont fait nous décider plus d’une fois à acquérir des enceinte à chaque fois plus puissantes ? Dans ce contexte, difficile et même quasi impossible de prendre son pied sur des versions acoustiques et mollassonnes des habituellement jouissives « Electric Gypsy », «
Never Enough », « « Over the Edge », «
Sex Action » et autres «
Rip and Tear ». Poussifs et ne parvenant jamais à décoller, ces hymnes rock n’ roll très maladroitement revisités et qualifiables dès lors d’hérésies caractérisées induisent des questions bien plus existentielles que celles inhérentes à l’avenir économique de l’Europe. Neuf longues années pour ça ? D’innombrables changements de line up, une interminable et pathétique bataille par presse interposée et jonchée d’insultes entre Steve Riley et
Tracii Guns, chacun proclamant à qui veut bien l’entendre être à la tête du seul et unique
L.A. Guns, pour finalement offrir un tel produit piteusement insipide aux fans du groupe ? Comble du ridicule, la reprise de « Love
Hurts » des Everly Brothers, internationalement popularisée en 1975 par les écossais de
Nazareth. Langoureuse et niaise au possible, il ne peut s’agir que d’un sketch objet d’un humour sarcastique tant le rendu parait des plus gauches et empruntés. Epilogue significatif de la mascarade «
Acoustic Gypsy Live », le départ du groupe de Jizzy Pearl deux semaines à peine avant la sortie de l’opus, rapidement suivi par le bassiste Danny Nordahl et le batteur Chad Stewart ; laissant le réputé tyrannique
Tracii Guns seul aux manettes du prétendu true
L.A. Guns jusqu’à sa campagne de recrutement dans le milieu de la téléréalité « musicale » américaine pour reformer une énième fois sa version de l’entité mythique autour d’une consoeur tatouée de Jenifer dénommée Dilana Robichaux.
Vierge de convictions, emacié, stérile, inutile, pathétique ; les qualificatifs d’obédience négative ne manquent pas pour décrire ce déconcertant et sans âme «
Acoustic Gypsy Live » qui à défaut d’entretenir la légende de nos pistoleros préférés de Sunset Strip ne fait qu’empreindre l’identité patronymique faite de lettres d’or
L.A. Guns d’un goût amer et vomitif. Antithèse même du sleaze rock imparable et décadent des intouchables et désormais très lointains «
L.A. Guns » et «
Cocked & Loaded », ce best of live acoustique choque de par son caractère contrefait et dénué d’inspiration.
Seul aspect positif de la démarche, la qualité remarquable de la composition « Little
Soldier » qui nourrira l’optimisme des fans du quatuor sleaze les plus utopistes quant à la sortie future d’un album qui espérons-le permettra d’oublier ce faux et regrettable MTV Unplugged à la très probable vocation plus alimentaire qu’artistique. Un disque que les die hard fans des flingues de
Los Angeles auront peine et chagrin à ranger dans leur discothèque et que les autres pourront utiliser en guise de sous-bock ou de frisbee sans regret aucun.
Dans une interview, Dilana Robichaux avait avoué n'avoir jamais entendu parler de L.A. Guns avant de rejoindre l'une des deux versions du combo...
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