Shrinking Violet

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15/20
Nom du groupe LA Guns (USA-1)
Nom de l'album Shrinking Violet
Type Album
Date de parution 1999
Style MusicalHard Rock
Membres possèdant cet album41

Tracklist

1. I'll Be There
2. Girl You Turn Me on
3. Cherries
4. Decide
5. It's Hard
6. California
7. Dreamtime
8. Bad Whiskey
9. Barbed Wire
10. Big Little Thing
11. Shrinking Violet
12. How Many More Times

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LA Guns (USA-1)


Chronique @ adrien86fr

26 Fevrier 2012

Jizzy Pearl / Tracii Guns ; collaboration artistique fertile..

Magazine Metallian # 68 de novembre/décembre 2011, page 21. Shawn Drover, batteur intérimaire du légendaire combo de thrash metal américain Megadeth depuis 2004, avoue l’inavouable dans une interview conduite par le correspondant anglais du périodique Matthew Robinson à l’occasion de la sortie du treizième full length du groupe intitulé « Th1rt3en ». Répondant à une question des plus anodines concernant la direction musicale du prochain album, le percussionniste élude une réponse franche en soulignant néanmoins le fait que Megadeth se doit impérativement de sortir des disques très régulièrement car bien que ceux-ci ne rapportent quasiment rien financièrement parlant au groupe, ils rendent cependant légitimes les tournées qui elles s’avèrent être le seul véritable gagne-pain du quartette. Où est donc passé le plaisir désintéressé de laisser libre cour à son inspiration créatrice quand bon lui semble au nom d’un amour simple et immaculé de la musique ? Pourquoi s’obstiner à emprunter les mêmes logiques nauséabondes que celle régissant cet infâme néocapitalisme avarieur d’âmes et destructeur d’identités ? Que l’on décide ou non de rentrer dans le jeu de ces grands groupes souhaitant tirer profit au maximum et le plus longtemps possible de leur patronyme de légende, il faut néanmoins reconnaitre qu’une telle politique peut parfois donner inexplicablement naissance à des disques remarquables ou tout du moins intéressants qualitativement parlant, à l’image d’un certain « Shrinking Violet » du mythique L.A. Guns.

L.A. Guns se forme initialement à Hollywood en 1983 autour du guitariste Tracii Guns et du chanteur Michael Jagosz qui rapidement incarcéré, sera remplacé par un certain W. Axl Rose. Devenu Guns N’ Roses en 1985, L.A. Guns cesse logiquement toute activité avant de renaître de ses cendres encore fumantes quelques mois plus tard suite au remplacement de Tracii par un certain Saul Hudson alias Slash à la lead guitar de Guns N’ Roses. Reformant L.A. Guns aussi vite que ce dernier avait splitté, Tracii Guns s’associe donc avec le vocaliste Paul Black, le guitariste rythmique Robert Stoddard, le bassiste Mick Cripps et le batteur Nickey « Beat » Alexander et investit avec dégaine et attitude l’underground sleaze/glam local alors en pleine effervescence. Signé sur Vertigo Records pour deux albums, L.A. Guns doit cependant sous la pression du label opérer quelques changements de line up. Ainsi, le trop sombre et névrosé Paul Black est remplacé par le britannique Phil Lewis (ex Girl) derrière le microphone et l’ex W.a.s.p. Steve Riley prend place derrière les fûts par la même occasion. Avec son line up anthologique comprenant également le français Kelly Nickels (né Henri Perret, neveu de Pierre) à la quatre-cordes, L.A. Guns enregistre entre 1988 et 1991 trois opus indispensables que sont les inénarrables « L.A. Guns », « Cocked & Loaded » et « Hollywood Vampires ». Après de nombreux changements de personnel, véritable marque de fabrique du groupe, et la parution de deux albums dont l’incompréhensible « American Hardcore » (1996), L.A. Guns alors fronté par Jizzy Pearl (Love/Hate, futur Ratt, Adler’s Appetite) se voit offrir l’opportunité d’ouvrir pour le légendaire Poison sur son summer tour 1999, à la condition d’avoir un disque à défendre. Ecrit et enregistré à la hâte sous la houlette d’un certain Gilby Clarke, « Shrinking Violet » sort le 1er juin 1999 sur le label underground Perris Records.

Imprévisible et expérimental. Tels seraient les adjectifs les plus à même de qualifier le plus pertinemment possible la démarche artistique de Tracii Guns, tête pensante et fondateur du combo qui porte d’ailleurs son nom comme il l’aime à le rappeler aujourd’hui à tous ceux qui oseraient douter de la légitimité de son pseudo groupe changeant de vocaliste comme on rajoute un patch ou un badge sur un Perfecto de cuir noir. Depuis le classique et intemporel « Hollywood Vampires » de 1991 effectivement ; qui n’avait d’ailleurs plus grand chose à voir avec l’excellentissime premier disque éponyme « L.A. Guns » paru trois ans plus tôt ; les pistoleros de la Cité des Anges avaient incontestablement donné l’image d’une entité en mutation perpétuelle tant d’un point de vue purement musical que simplement humain avec un turnover particulièrement intensif dans les rangs du combo. La sombre et vindicative « I’ll Be There » se charge à juste titre de dévoiler l’humeur et l’inspiration du L.A. Guns cuvée 1999, semblant pour le plus grand plaisir de l’auditeur être synonyme d’un hard rock particulièrement brut et lourd auquel le timbre vocal rauque et nasillard de l’inimitable Jizzy Pearl tend à s’accorder d’une façon on ne peut plus convaincante. Intenses et remarquablement graves, les riffs saturés de Tracii Guns scellent la très bonne facture de titres inspirés et entiers à l’instar des imparables « Girl You Turn Me On » et autres « Cherries ». Sensiblement plus proche du tourment et peut être de la névrose que d’un enjouement primaire et stérile artistiquement parlant, « Shrinking Violet » illustre ouvertement la vague à l’âme de deux artistes pour lesquels la décennie 90 fut particulièrement cruelle et traumatisante en ne donnant malheureusement plus aucune légitimité à la distinction esthétique dans la musique populaire décibellisée. Ainsi, nous relèverons une douleur particulièrement sournoise et insolente dans la lancinante et névrosée « Decide », paradoxalement ponctuée d’un solo de six-cordes de grande classe confirmant l’immense talent instinctif de Tracii Guns une guitare à la main, bien évidemment beaucoup plus proches des Page et Hendrix que de certains de ses contemporains branleurs de manches invétérés et sans âme aucune. Symbole représentatif de l’angoisse et de l’ennui existentiel hantant sarcastiquement les douze pistes de cet opus pour le moins surprenant, l’éponyme et déstructurée « Shrinking Violet » assiéra quasi définitivement la personnalité complexe et cérébrale de ce disque inattendu pour l’enregistrement duquel la légende raconte que le dandy Pearl n’aurait reçu qu’un chèque de 200 $.

Doué d’une identité oscillant habilement entre les caractères dramatique et esthétique de la mélancolie, ce sixième full length du légendaire L.A. Guns comporte également son lot de titres révélant de la plus belle des manières la fertilité créatrice indubitable inhérente à cette première collaboration entre le guitariste historique du groupe et l’ex Love/Hate. Dans un registre rappelant peut être le feeling des ballades rock n’ roll des années 50, notons la magnifique et indispensable « Dreamtime » aux relents blues sublimes s’avérant indiscutablement être l’un des grands moments de l’album au cours de laquelle le charisme mystique et la Vision du grand Jizzy Pearl prennent à raison l’intégralité de leur signification. Ainsi, fortement marqué d’une identité de fond blues/roots lui seyant à merveille, « Shrinking Violet » semble constituer un hommage sincère et sans bornes à ceux sans lesquels nous serions quasiment tous aujourd’hui des êtres acculturés et incultes frappés d’une dégénérescence intellectuelle irréversible, passant nos soirées devant le tube cathodique et ses programmes excrémentiels. Haine incommensurable du monde moderne à part, relevons l’excellente et solennelle « Bad Whiskey », brillante complainte blues révélant un Pearl comme un poisson dans l’eau lorsqu’il s’agit d’empreindre ses vocaux rocailleux d’une mélancolie criante pour signifier l’existence sordide d’un être conscient de sa misérable condition humaine. Excellant dans le registre propre aux mythiques Mississippi John Hurt (R.I.P. 1892-1966), Robert Johnson (R.I.P. 1911-1938) et autres John Lee Hooker (R.I.P. 1917-2001) pour ne citer que quelques maitres du blues, difficile de ne pas imaginer dans une autre vie un Jizzy Pearl harassé par un travail innommable dans les champs de coton du Deep South et méditant le soir en musique sur son destin funeste tant aisance et conviction s’avèrent être très largement palpables dans l’expression vocale pénible et émaciée du futur Ratt sur cette petite perle. Digne épilogue d’un album à la facture qualitative et à l’inspiration agréablement surprenantes compte tenu du contexte abrupt et forcé dans lequel il s’est vu voir le jour, une reprise envoutante et logiquement psychédélique de l’immuable « How Many More Times » de l’anthologique Led Zeppelin prouvera à qui l’ignorait encore que L.A. Guns s’avère être un putain de groupe de rock n’ roll comme on en fait plus aujourd'hui.

Original, inspiré et porteur d’une identité particulièrement riche et intéressante oscillant entre énergie rock n’ roll brute et mélancolie névrotique, le troublant et classieux « Shrinking Violet » constitue un disque réussi et empreint d’une âme propre qui à défaut d’être un réel chef d’œuvre indispensable à la collection de tout amateur de hard rock s’avère néanmoins être garant d’une expérience musicale constructive pour un auditeur finalement conquis par le fruit de l’improbable collaboration artistique Jizzy Pearl/Tracii Guns. Malgré quelques titres assez moyens et en deçà du reste de l’opus mais qui n’affectent pas vraiment la cohérence d’une démarche globalement variée, « Shrinking Violet » de par ses qualités musicales intrinsèques, son inspiration et son contexte anecdotique d’élaboration se veut être sans aucun doute le disque le plus pertinent du groupe depuis l’irretrouvable « Hollywood Vampires ». Un album singulier certes mais qui remportera espérons-le les suffrages positifs des amateurs de hard rock propres aux gloires perdues de la décennie 80 et bien entendu, des fans de L.A. Guns pour lesquels l’acquisition de cette galette pittoresque est obligatoire.

13 Commentaires

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samolice - 21 Janvier 2015: Merci Adrien pour cette chro pleine d'informations pour les non spécialistes comme moi. Je viens d'acquérir la version 2007 et j'ai hâte d'entendre ça. Je m'en veux d'avoir fait aussi longtemps l'impasse sur ce groupe dont je vénère pourtant le premier lp. Tu as su trouver les mots :-)
samolice - 03 Fevrier 2015: "Girl You Turn Me on" est juste une putain de tuerie!!! Avais tu placé ce titre dans les duels LA Guns Adrien? Pour avoir un peu écouté Love and Hate à l'époque, je ne me souvenais pas que la voix de Pearl était aussi proche de celle du Vince Neil des débuts. Non?
adrien86fr - 03 Fevrier 2015: De rien Sam ! L'exercice de choisir un voir plusieurs titres de chaque album des pistoleros fut ô combien difficile.. J'avais choisi pour "Shrinking Violet" la sublime ballade "Dreamtime". Jizzy Pearl proche vocalement parlant de Vince Neil ? Pas faux, je n'avais jamais fait attention ; ils ont en effet chacun un timbre relativement nasillard.
samolice - 04 Fevrier 2015:

Je suis allé me refaire toutes les pages des duels et j'ai en effet constaté ton choix pour "Dreamtime". Ce dernier titre me fait toujours penser à celui de The Cult que j'aime beaucoup. Pour la voix, je me suis encore repassé le disque ce matin et franchement, je trouve vraiment qu'il y a quelque chose de Neil. Putain de "Girl you turn me on", je m'en remets pas. Rien que pour la découverte de ce morceau, je ne regretterai jamais l'achat et te suis reconnaissant grand Maître :-)

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