Quelques 10 ans après son dernier véritable album,
L.A. Guns rallume la mèche en
2012 avec un "
Hollywood Forever" aussi inattendu que percutant. Après une première trilogie emblématique,
L.A. Guns traversa les deux dernières décennies entre tentatives de retour sur le devant de la scène (
Shrinking Violet et
Man in the Moon), valse du personnel et désillusions permanentes (albums
Live, de reprises et compilations) pour résumer à grands traits.
Parmi les événements marquants, le départ du soliste
Tracii Guns en 2002 aurait pu sonner le glas du groupe. Mais
L.A. Guns s’est toujours relevé de tout, alors pourquoi pas du départ de son créateur ?! Les combines à la petite semaine d’une des plus belles putes du Strip ont fini par l’éliminer d’elle-même. Ce départ n’a pas tardé à profiter à ses fidèles lieutenants,
Phil Lewis et Steve Riley, qui ont repris les rênes du business sans trembler, non sans un certain sentiment de libération, assaisonné d’une pointe de satisfaction dit-on en off.
C’est sous la forme d’un quatuor à l’équilibre parfait, composé à 50% des tôliers
Phil Lewis, derrière le micro, et Steve Riley, à la frappe, et 50% de mercenaires aguerris en la personne de Stacey Blades (ex-
Roxx Gang…) à la lead et de Scotty
Griffin (2e passage au sein du groupe…) à la basse, que le groupe va retrouver lustre d’antan. Dès l’opener, "
Hollywood Forever", le ton est donné, intro rappelant les flash infos des 60’s, les grattes sont accordées bas, la basse est mixée très en avant, et tonne comme une guitare rythmique, Steve frappe avec toujours autant de précision et la voix de Phil brille comme un joyau retrouvé au milieu de cette noirceur palpable. Les titres s’enchaînent sans fausse note, regorgeant de refrains entêtants et de soli soignés, comme sur "Sweet
Mystery" et "
Burn". Et on se surprend à atteindre le dernier morceau, le 14e tout de même, la cover "Araña Negra", différente du fait de l’emploi de la langue espagnole, et de la maîtrise de
Phil Lewis qui n’est pas sans rappeler celle de
Blaze Bayley sur le finisher de Virtual XI.
La perspective est des plus claires : le sleaze des 80’s, qui avait connu bien des transformations dans les 90’s, a été remplacé par un hard rock à dominante bluesy. Signe de maturité ou simple virage stylistique, il n’en reste pas moins une efficacité retrouvée qui fait plaisir à entendre. L’ensemble sonne de manière cohérente et l’unité du groupe se ressent également dans le fait que chaque membre ait pu participer à l’écriture de l’album, même si
Phil Lewis semble en être le principal artisan. Le groupe joue une musique simple mais terriblement accrocheuse. La direction blues donne une profondeur et un éclat sombre à des titres au potentiel mélodique indéniable. Si je devais m’évertuer à rapprocher "
Hollywood Forever" d’un autre album du groupe je pencherai pour "
Shrinking Violet" qui proposait des titres puissants déjà connotés blues.
Tout cela n’aurait qu’un effet relatif sans l’homme derrière la machine, les doigts de fée qui ont permis à cet album de prendre tout son relief, le gentleman d’Epsom, monsieur le producteur, Andy Johns (1950-2013). Ce géant aux manettes représente à coup sûr une assurance succès tant il connaît son métier. Artificier ayant illuminé le ciel de
Led Zeppelin, Free, Eric Clapton, Rolling Stones et j’en passe, l’homme était incontournable dans les 70’s pour qui désirait marquer de son empreinte l’histoire du Rock au sens large. Son savoir-faire perdura sur les décennies qui suivirent jusqu’à croiser le chemin des
L.A. Guns en 2002, puis en 2005 et enfin en
2012. Autant dire que les deux parties se connaissent très bien et s’estiment mutuellement assez pour croiser le fer depuis une décennie. Cette confiance acquise auprès de l’un des architectes du son Rock permet d’envisager "
Hollywood Forever" comme l’aboutissement d’une collaboration exceptionnelle.
En conclusion, après
Ratt en 2010,
Vain en 2011,
L.A. Guns s’offre une résurrection inattendue en
2012 pour le plus grand bonheur des fans de la première heure.
Plus qu’un miracle, "
Hollywood Forever" est le fruit d’un travail engagé sur plusieurs années au sein d’un groupe uni par un intérêt commun : jouer du Rock dans sa forme la plus élémentaire, la plus simple, et sans arrière-pensée.
Un bel article Art', une analyse aiguisée et plus que pertinente dans son verbe, pour un disque qui fut une réelle et fortuite belle surprise à sa sortie. Je l'écoute ponctuellement avec les 3 premiers, et j'avoue avec le temps commencer à faire abstraction du fait que Tracii soit humainement une grosse merde pour savoir (ré)apprécier son gang à sa stricte et intrinsèque valeur musicale et mythologique.
Je pense que nous sommes nombreux à penser la même chose du bonhomme à commencer par Jizzy Pearl qui se souviendra longtemps de son expérience au sein du groupe. Mais tu vois la roue tourne car Tracii était à deux doigts du jackpot en 2023. Il tenait enfin son bâton de maréchal et patatra la place de lead guitar de Mötley Crüe lui est passée sous le nez. Pourtant la connexion avec Sixx dans Brides of Destruction semblait optimale, la lèche aussi, voyant l'ami Tracii dresser des lauriers et se prosterner devant le temple Mötley Crüe à la moindre occasion qu'il lui était donné. Le bonhomme avait d'un point de vue humain toute sa place dans cette entité.
https://blabbermouth.net/news/l-a-guns-phil-lewis-says-motley-crue-has-always-been-a-fing-atrocious-band-i-never-liked-them
Merci pour cette mise en lumière Kingoule car "Hollywood Forever" est un album très important, le meilleur depuis "Hollywood Vampires" tout simplement, et je n'exagère absolument pas en affirmant que c'est même l'un des meilleurs albums de Hard Rock de ces vingt dernières années. Ironiquement, "Hollywood Forever" a été écrit et enregistré sans Tracii, et bien que je n'aie que respect pour la légende qu'il est (n'ayant pas eu la triste expérience du backstage de l'Empreinte), aucun des quatre disques du gang depuis le retour du fils prodigue n'est aussi bon que celui-ci. Prenons par exemple le fantastique opener qui sonne tellement WASP '84 - et ses lyrics magnifiques "We play our games like moths to flames ; Till death, we shine together ! We feed our fame with our lives so vain, and scream Hollywood forever !" - , ou encore mon titre préféré, "Crazy Tango", quel bonheur... En fait, ces quatorze morceaux, à la fois agressifs, décontractés, nostalgiques, mélodiques, punky, dangereux, tristes et putain de old school sont tous magiques. En 2012, L.A. Guns retrouvait la recette perdue depuis longtemps et, avec l'aide du légendaire Andy Johns, faisait de ce "Hollywood Forever" un point de repère pour tout Sleaze banger qui se respecte. Dommage que la version LP ait été écourtée de quatre titres dont le fabuleux "Underneath The Sun" qui est aussi l'un de mes (quatorze) préférés ! Bel hommage amigo, c'était nécessaire !
L'absence de Tracii est perceptible sans pour autant être préjudiciable. L'album ne souffre d'aucun déficit de guitares, au contraire ce qui ressort c'est un équilibre instrumental qui permet à l'album de bénéficier d'un souffle et une cohérence inattendue. L'intelligence, et surtout l'expérience, de vieux briscards comme Phil et Steve tiennent au fait de ne pas avoir voulu remplacer Tracii par un guitariste de la même envergure que ce soit en matière de talent ou d'ego (Stevens, Schenker, Lynch...), pour s'éviter de se retrouver dépendants et ou tyrannisés une fois encore. Cet album c'est du pur L.A. Guns sans Tracii, un comble.
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