Les chroniques de cet album majeur sont légion sur internet. Je vais donc essayer d'être le plus explicite possible et de synthétiser les informations que j'ai pu glâner ça et là sur le sujet.
Pour ceux qui ne connaissent pas
Ayreon, il est utile de préciser que ce groupe n'en est pas un. En effet, le créateur de ce concept est
Arjen Lucassen qui propose régulièrement des opéras rock composés chez lui et dont il joue la plupart des parties. Ensuite, il réunit autour de lui la crème des musiciens et chanteurs pour les faire enregistrer dans son studio personnel et il enfante des albums pour l'instant toujours réussis.
Dans
01011001 nous retrouvons pléthore de musiciens (cités plus bas) qu'
Arjen Lucassen utilise à merveille et parfois à contre-emploi. Le grand créateur sait doser les efforts de ses sujets et certains passages sont carrément jouissifs. Enfin, signalons qu'
Arjen se sort doucement de graves problèmes de santé et a réalisé cet album en à peine un an. Si on n'approuve pas le résultat on est tout de même obligé de saluer le travail de titan que cet opus a dû demander.
Depuis ma découverte d'
Ayreon je vais de surprise en surprise. Je passe rapidement sur "
Into the Electric Castle" qui est un disque incontournable pour tout amateur de rock progressif, tout comme "The
Dream Sequencer" d'ailleurs et j'en arrive à "
The Human Equation", l'album précédent, qui m'avait fait une forte impression. Mais le thème de cet opéra rock ne me touchait pas énormément.
Pour
01011001 c'est une toute autre histoire. Pour résumer le synopsis :
- Une race d'extraterrestre (les Forevers), esclaves de leur technologie, décident de retrouver leurs sentiments perdus en étudiant la race humaine.
Aujourd'hui, beaucoup de gens se posent des questions sur nos origines et on voit certaines thèses révisionnistes sur l'évolution de notre espèce ou des théories assez barrées circuler sur internet.
Arjen a su utiliser ces informations pour créer une histoire de science-fiction qui réunit presque tous les anciens disques d'
Ayreon. On retrouve en effet des situations, des personnages, les Forevers dans les autres opus du "groupe".
Pour finir avec l'introduction, dans cet univers très riche, il faut savoir que chaque chanteur joue en général un rôle défini dans les scénarios imaginés par Lucassen. Chacun intervient donc à plusieurs reprises durant les albums et ici, ils sont séparés en deux catégories : Les Humains et les extraterrestres (Forever). On imagine donc assez facilement le casse-tête que l'enregistrement à dû être. Réunir tout ces intervenants en même temps est évidement quasiment impossible. Chacun leur tour, ils ont donc défilé chez
Arjen pour enregistrer leurs parties respectives. La batterie est, au final, le seul instrument qui fut enregistré à l'extérieur du studio personnel de Lucassen. Tout ça pour en venir au son incroyable de cet album. Non content d'être un musicien talentueux, un compositeur inspiré (il est à l'origine de plusieurs autres projets dont
Stream Of Passion ou Star One), un arrangeur ingénieux,
Arjen est un producteur remarquable.
Bon, on pourrait disserter pendant des pages sur le pourquoi du comment, sur le choix de tel chanteur plutôt que tel autre ou sur les sons de synthés très industriels. Mais au final ça risquerait de rebuter le néophyte à qui s'adresse en priorité cette chronique. Le but premier étant de ne pas passer bêtement à côté d'un chef-d'oeuvre ou du moins, d'un disque de grande classe, un disque de première catégorie, un disque exceptionnel.
Venons-en au fait ! trois solutions s'offrent à toi petit scarabée : Une version normale, une édition limitée et une édition spéciale avec un DVD en bonus. Personnellement j'ai opté pour la troisième solution. Le DVD contient certains titres joués par
Arjen Lucassen seul, un clip de
Beneath The Wave en image de synthèse mais surtout une sorte de making of de 3/4 d'heure très intéressant. On y retrouve
Arjen présentant chaque intervenant puis on voit des scènes d'enregistrement, de déconnade, d'accueil à l'aéroport pour terminer sur les musiciens et chanteurs eux-même qui commentent leur expérience sur ce projet. S'ajoute à ça un petit film de 15 minutes sur le travail de Ed Warby (batteur) que l'on suit en studio. Passionnant également. Sa directive principale étant de jouer entre John Bonham (
Led Zeppelin) et Neil Peart (
Rush)... Bon courage à lui.
Dernières petites précisions : Le code
01011001 (le titre de l'album) veut dire : Y. Le premier disque de cet opéra rock s'intitule Y (le nom de la planète des extraterrestres (les Forever)) et le deuxième
Earth (la terre).
Une fois que tu as fait ton choix, tu rentres chez toi et tu te prépares à prendre une grosse claque dans ta face mais tu ne le sais pas encore (sauf si tu as lu ma chronique avant... Ce qui laisse entendre que tu es particulièrement malin). Enfin, tu insères le CD dans ton lecteur et tu pars pour un grand voyage.
L'album s'ouvre sur "Age Of Shadows" (première claque en perspective). On entend des bruits de machines qui se mettent en marche et un gros riff de guitare vient appuyer le rythme sur une batterie carrée. La puissance se déchaîne sur une suite de breaks avant que les chanteurs n'interviennent. Les extraterrestres racontent qu'ils ont perdu leurs racines, qu'ils ne ressentent plus d'émotions, qu'ils n'ont plus d'espoir. Des choeurs genre opéra s'envolent pour le premier passage du disque, époustouflant! Arrive alors
Jonas P. Renkse, royal, qui nous entraîne dans une lente mélopée gothique magnifique. Je ne citerai pas tout les noms des intervenants. Pour cela, reportez-vous soit au feuillet du CD soit à ma traduction en français que vous pouvez télécharger en bas de page. Le point d'orgue, à mon avis, se situe quand les voix s'entremêlent sur le texte yes no yes no no / 0 1 0 11 0 / off on off on on... Une super idée pour faire référence au numérique et aux codes binaires.
"
Comatose" où
Jorn Lande est utilisé à contre-emploi (puisqu'il a une partie très douce) et fait des merveilles. Ce titre très calme accompagné juste par un synthétiseur minimaliste est sublime. C'est une sorte d'ode à la somnolence. La mélodie envoûtante trotte en tête pendant plusieurs jours. Il est très courageux de la part d'
Arjen de mettre en deuxième position un titre si décalé alors qu'on l'attend dans un univers plus metal. Ça surprend et c'est ce qu'on attend d'un grand disque.
"Liquid
Eternity" est un de mes titres préférés (tout en sachant que pour moi, il n'y a pas vraiment de faiblesse sur cet album), gros riff, mélodie superbe et chanteurs à couper le souffle (spécialement Magalie Luyten qui illumine l'album de sa voix incroyable et Tom Englund qui torpille le refrain de son puissant organe). Mais lorsqu'on croit avoir tout entendu, la tension retombe et un thème mélancolique, repris au violon, soutenu par un son d'orgue (style Hammond), commence une lente montée progressive splendide. Je préfère ne pas tout dévoiler et me taire sur la fin. Les extraterrestres racontent ici leur désespoir.
"Connect the Dot." se passe sur Terre. On verra ainsi durant l'album que l'on voyage d'une planète à l'autre suivant le morceau. Ici
Ty Tabor nous raconte son quotidien d'accroc à internet dans une chanson simple au refrain accrocheur. Ce récit terre à terre, annonce "
Beneath The Waves", la claque suivante. Nous retournons sur Y (la planète des E.T. pour ceux qui ne suivent pas) où nous avons droit à une description de l'environnement aquatique des Forevers. Un texte limpide et contemplatif qui traite de la mémoire et des souvenirs des extraterrestres, quand leur planète était agréable et belle. La musique est planante, aérienne... Un montée progressive nous entraîne vers une prise de conscience des E.T. qui décident d'agir pour survivre.
"Newborn Race" un titre très folk, inspiré sans doute par
Led Zeppelin, nous explique comment les Forever choisissent de partir explorer l'espace en quête d'une solution à leurs problèmes. Ils imaginent envoyer leur
ADN sur une comète puis la détourner de sa trajectoire pour qu'elle s'écrase sur Terre et donne naissance à une nouvelle espèce (nous, les humains !).
C'est sur "Ride The Comete" que les extraterrestres mettent leur projet à exécution. Enorme titre ou Magalie Luyten déchire tout. Le refrain est simplement divin. Les choeurs insidieux et spatiaux donnent vie aux extrémophiles dont on parle dans la chanson. Un titre court mais ultra efficace et bien rock'n roll (même metal).
"
Web Of
Lies", l'intermède acoustique à consonance irlandaise (avec flûte et violon s'il vous plaît), est un duo amoureux sur internet (donc à nouveau sur Terre), entre Simone Simons et Phideaux Xavier. Très joli (le titre pas Phideaux Xavier... Je lui préfère nettement Simone Simons... Mais bon, passons...).
"The Fifth
Extinction" décrit l'arrivée de la comète sur Terre et la disparition des dinosaures, vue par les Forevers qui retrouve enfin un espoir. Titre très représentatif d'
Ayreon, de l'excellent
Metal Progressif, à la fois puissant, mélodieux et aérien. Le thème folk/metal/irlandais est particulièrement bien trouvé. Dans le même esprit que "
Loser" sur "
The Human Equation" mais en beaucoup plus court. On retiendra surtout le travail incroyable sur les voix qui s'entrecroisent durant une bonne partie du morceau.
"Walking
Dream" semble tout droit sorti d'un disque d'Alan Parson Project. Très calme, on retrouve pourtant rapidement la touche d'
Arjen quand Anneke van Giersbergen intervient. L'
ADN se propage et la conscience humaine s'éveille peu à peu. Cette chanson a quelque chose de magique. Le solo de clavier de Thomas Bodin est superbe. Et on enchaîne rapidement avec "
The Truth Is In Here" ou
Arjen est interné dans un hôpital psychiatrique et délire, alors que Liselotte Hegt, son infirmière, le pousse a prendre ses médicaments. Il faut signaler que ce titre est particulièrement drôle quand on sait qu'
Arjen sort d'une dépression. Cette pratique d'auto-dérision apporte encore une touche de second degré vraiment géniale. Surtout que la musique est un peu joyeuse, folk et le texte est carrément barré.
"
Unnatural Selection" est peut-être le maillon faible de l'album. Pourtant le texte est primordial. En effet, les Forevers se rendent compte que les humains prennent la même direction évolutive qu'eux. Il comprennent que leur création est inutile, que nous ne sommes efficaces que dans la guerre, la pollution et la destruction. La musique est très théâtrale et heureusement qu'il y a un gros riff salvateur qui vient un peu rythmer le tout.
"River Of Time" est une bonne occasion pour reprendre une petite claque. Un petit morceau prog. rock super bien foutu, avec une mélodie sympa, un thème irlandais entraînant et deux chorus (violon et flûte) incisifs. On ne s'ennuie pas une seconde (qui a dit qu'il s'ennuyait à l'écoute de se disque ?). Les Forevers décident d'intervenir sur notre évolution.
"E=MC2" Les E.T. nous envoient des images par télépathie... On comprend pourquoi
Arjen avait l'impression d'être surveillé et de voir des choses dans "
The Truth Is In Here". J'adore particulièrement le passage chanté par Marjan Welman qui donne une certaine respiration dans ce morceau tragique. Le chorus de
Michael Romeo est superbe !
Pour ne rien vous cacher, la dernière claque est magistrale. "The Sixth
Extinction" qui clôt l'album est peut-être le meilleur de cet opéra rock. Les Forevers décident de nous sauver de notre malheur, de notre propre auto-destruction en nous supprimant. Rien à dire de plus sauf que la fin est sublime. Un des meilleurs titres de
Metal progressif que je connaisse.
Pour conclure je dirai que
01011001 d'
Ayreon mérite une place dans toutes les discothèques d'amateur de Rock Progressif et de
Metal. Ce sera sans doute mon coup de coeur de l'année car je ne vois pas quel disque pourrait venir le détrôner. Mais si c'est le cas tant mieux, j'adore prendre des bonne claques comme ça. Allez, je vous laisse vous ruer sur les derniers exemplaires avant que cet album devienne culte. A 41 ans j'ai écouté pas mal de disques et très peu m'ont fait un tel effet. Quand on entend ça on est content de vivre ! Merci
Arjen.
TRADUCTION DES TEXTES :
J'ai réalisé une traduction intégrale en .pdf de l'album en français téléchargeable à cette adresse :
http://www.lafrenchradio.com/
Ayreon-
01011001-French.pdf
LES FOREVER :
• Hansi Kürsch (
Blind Guardian, Demons &
Wizards) (Celtic cross)
• Daniel Gildenlöw (
Pain of
Salvation)
• Tom S. Englund (
Evergrey) (
Lightning bolt)
•
Jonas Renkse (
Katatonia) (
Pentacle)
• Jørn Lande (ex-
Masterplan, ARK) (Crow)
• Anneke van Giersbergen (Agua de Annique, ex-
The Gathering)
• Steve Lee (
Gotthard)
•
Bob Catley (
Magnum) (Pinwheel)
•
The Gathering Jansen (
After Forever, Star One)
• Magali Luyten (
Beautiful Sin,
Virus IV) (
Crescent)
LES HUMAINS :
• Simone Simons (
Epica)
• Phideaux Xavier
• Wudstik.
• Marjan Welman (Elister)
•
Arjen Anthony Lucassen
• Liselotte Hegt (Dial)
•
Ty Tabor (
King's X)
LES MUSICIENS :
•
Arjen Anthony Lucassen - Guitare, Claviers, Synthétiseurs, Basse, Programmation
• Ed Warby (
Gorefest) - Batterie et Percussions
•
Lori Linstruth (ex-
Stream of Passion) - Guitare solo sur "Newborn Race"
•
Michael Romeo (
Symphony X) - Guitare solo sur "E=MC²"
•
Derek Sherinian (
Planet X,
Yngwie Malmsteen, ex-
Dream Theater) - Solo de Clavier sur "The Fifth
Extinction"
• Tomas Bodin (The Flower
Kings) - Solo de Clavier sur "
Waking Dreams"
• Joost van den Broek (
After Forever) - Piano et solo de Clavier sur "The Sixth
Extinction"
• Jeroen Goossens (Flairck) - Flûtes
• Ben Mathot (
Dis) - Violons
• David Faber - Violoncelle
Merci Defnael, finalement certains servent peut être mieux SOM que d'autres...
Ah j'attend la chronique de Dark Omens avec impatience... Si cet album est si banal,j'aimerai bien connaître les arguments dans une chronique concise car j'ai pas eu la force de lire tous les posts... Merci d 'avance
Dans Connect the Dots, à propos de la société de consommation, et l'inconscience générale. J'aurais bien repris toutes les phrases en mettant en avant la décadence de l'humanité, mais comme je le dis, c'est toutes les phrases. Mais ne serai-ce que le refrain, "on sait tous, mais on va pas faire le lien" au sens "maintenant que vous nous avez fait chier, laissez-nous continuer à vivre sans rien changer" est déjà bien assez révélateur...
Et dans Web of Lies, de quel amour est-il question, moi je vous le demande ! Entre la nymphomane soit-disant romantique qui se dit amoureuse d'un type dont elle ne connait rien et ce même type qui la juge à ses photos en lui disant qu'à force de célibat il est en manque, je ne sais pas lequel relève le niveau... Surtout quand Simone (même si ce n'est pas elle) envoie le même message à un autre, en changeant simplement les initiales !
Enfin dans The Truth is In Here, Arjen est le seul à "ressentir" la présence des Forevers, et plutôt que d'écouter l'avertissement, les autres le prennent pour fou, tentent de le ramener à ce qu'ils pensent être la réalité et l'internent.
Voilà, tout ce message est peut-être lourd et inintéressant, tout ceci est peut-être évident et a peut-être déjà été dit, mais dans ces cas je suis passé à côté...
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