Transitus

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14/20
Nom du groupe Ayreon
Nom de l'album Transitus
Type Album
Date de parution 25 Septembre 2020
Style MusicalMetal Progressif
Membres possèdant cet album37

Tracklist

DISC 1
1.
 Fatum Horrificum
 10:24
2.
 Daniel's Descent into Transitus
 02:41
3.
 Listen to My Story
 04:03
4.
 Two Worlds Now One
 04:06
5.
 Talk of the Town
 05:21
6.
 Old Friend
 01:41
7.
 Dumb Piece of Rock
 04:13
8.
 Get Out! Now!
Ecouter05:05
9.
 Seven Days, Seven Nights
 01:27

Durée totale : 39:01



DISC 2
1.
 Condemned Without a Trial
 03:50
2.
 Daniel's Funeral
 04:58
3.
 Hopelessly Slipping Away
Ecouter04:28
4.
 This Human Equation
 04:20
5.
 Henry's Plot
 02:19
6.
 Message from Beyond
 05:21
7.
 Daniel's Vision
 01:45
8.
 She Is Innocent
 02:10
9.
 Lavinia's Confession
 01:53
10.
 Inferno
 02:17
11.
 Your Story Is Over!
 02:42
12.
 Abby in Transitus
 03:02
13.
 The Great Beyond
 02:49

Durée totale : 41:54

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Ayreon



Chronique @ Eternalis

09 Novembre 2020

Arjen s’est un peu emmêlé les pinceaux cette fois-ci ...

Chroniquer du Ayreon, c’est l’assurance d’avoir beaucoup de choses à dire, que les lecteurs ne sauront pourtant pas réellement de quoi il en résultera musicalement et surtout tenter de mettre en ordre les multiples idées et direction qu’Arjen Lucassen aura encore voulu déployer cette fois-ci.

Créateur à part entière, compositeur solitaire, ermite social absolument pas touché par la crise actuelle, le hollandais revient cette année avec un projet toujours aussi ambitieux et cher à son cœur, s’attaquant cette fois-ci à un autre de ses amours : le cinéma.
Initialement prévu comme une bande son de film (le projet d’un film est d’ailleurs en cours, même si cela semble un peu trop ambitieux pour ne pas finir en vaste navet ..), "Transitus" est finalement devenu le nouveau double album d’Ayreon, malgré l’éloignement volontaire d’Arjen envers le concept qui le tient depuis tant d’années avec les Forever et la planète Y. Même si le label Mascot Records semble avoir eu son mot à dire sur le fait ou non qu’il apparaisse finalement sous le patronyme d’Ayreon (et vu le cumul incroyable de bourdes commise par le label – entre l’absence de crédits et de paroles dans le livret, l’envoi des éditions limitées aux mauvaises personnes et j’en passe – il est probable que ce soit le dernier), il faut avouer que rien ne ressemble autant à un album d’Arjen qu’un autre album d’Arjen. Que ce soit sous Ayreon, Star One, The Gentle Storm ou même sous son propre nom (avec le très moyen "Lost in the New Real"), le compositeur possède une patte et une palette de sonorités que lui est indéniablement propre.

Après les très ambitieux et réussis "The Theory of Everything" et "The Source", "Transitus" marque autant une rupture qu’une évidente continuité. Une continuité dans le casting avec un Tommy Karevik qui semble être devenu une véritable muse pour le compositeur, puisqu’il en fait une fois de plus le personnage principal de ce nouveau concept fantastico-horrifique placé au XIXe siècle. Simone Simmons est une nouvelle fois de la partie mais se fait ravir la place de second au dernier moment par Cammie Gilbert (Oceans of Slumber) qui, malgré une excellente performance ne déploie la sensibilité ébouriffante qu’elle développe dans les deux derniers opus de son groupe principal. En revanche, "Transitus" marque une vraie rupture musicale puisque là où les gros riffs et le côté metal prog étaient en avant sur les précédents travaux, ce nouvel opus s’en éloigne clairement.
"Transitus" évolue dans un registre assez distinctement rock progressif, plus inspiré par le prog des 70s que par la musique moderne. Les claviers sonnent rétro, les riffs sont beaucoup plus aérés avec beaucoup de mélodies clean, le son de batterie est très feutré et on ne dénote pas la présence d’overdubs comme par le passé. Un aspect théâtral avec de nombreux chœurs évoque plus les comédies musicales d’antan qu’un "Flight of the Migrator" pour ne citer que lui, même si Arjen s’amusera à brouiller les pistes avec quelques instants plus intenses à même de donner le change.

"Trantitus" possède également une structure beaucoup moins lisible que ses prédécesseurs. Si Arjen nous a habitué depuis longtemps à de grandes pièces épiques accompagnées de titres plus simples et dépouillés (on pense aux longs titres de "Universal Migrator" ou "01011001" ou encore le monstrueux titre d’ouverture de "The Source") ou avait surpris son monde avec "The Theory of Everything" qui s’articulait autour de quatre longues compositions elles-mêmes divisées en sous-parties, "Transitus" est encore différent. Beaucoup de pistes, beaucoup de titres mais finalement une longue variation d’un thème revenait très souvent, comme une ritournelle. On retrouve beaucoup de titres sans structures, beaucoup d’intermèdes, énormément de narration (Arjen ayant pour l’occasion embauché Tom Baker, son « Dr Who » préféré) et cela rend les premières écoutes difficiles puisqu’il est difficile de savoir quoi réécouter. Les deux disques s’écoutent d’une traite, sans coupures, Arjen nous pousse à découvrir les 80 minutes de musique d’un coup et il n’est pas peu dire qu’en 2020, c’est un sacré risque puisque les auditeurs sont aujourd’hui de plus en plus impatients.
Il faut donc du temps pour, à l’instar d’un film, trouver les moments forts, les passages où s’articulent l’intrigue pour, au fur et à mesure, appréhender l’image globale.

Il y aura forcément ce premier titre, "Fatum Horrificum", pur produit Ayreon avec ses claviers spatiaux et ses chœurs lointains et très inquiétants. Divisés en cinq parties pour plus de onze minutes, il démontre à lui-seul qu’il était inutile de sortir l’album sous un autre nom qu’Ayreon. Ambitieux, excellent produit, cinématographique en diable (entre Tom Baker et les arrangements de Joost van den Broek), la composition débute sur les chapeaux de roue mais aurait probablement gagné à être plus concise puisque cette longue montée en puissance (ces claviers à la "Strangers Things" ... disons 80s en fait), très progressive, avec les chœurs, la narration, les choristes, les riffs ... montent pour ne finalement déboucher sur rien de vraiment concret, le morceau n’ayant pas vraiment de structure et semblant une perpétuelle fuite en avant.
Voilà le gros point noir de "Transitus" parfaitement retranscrit dans son titre initiateur. A force de vouloir raconter une histoire, sortir des schémas traditionnels du couplet / refrain (chose qu’Arjen a déjà brillamment fait dans le passé) et de faire évoluer sa musique naturellement, le compositeur en a même perdu le fil et on ressent trop souvent cette sensation de perte, d’enchainement de plans tous excellents mais n’allant pas toujours bien ensemble, faute de transition réellement pertinente. Et juste après cette longue introduction, "Daniel’s Descent into Transitus" ne fait même pas office de premier titre « normal » puisqu’il continu dans la même lignée très narrative sans toujours apporter de refrain ou d’élément propre au souvenir. On se retrouve avec déjà quinze minutes de musique sans élément de repaire. Néanmoins, on remarque déjà que Tommy est totalement dans son rôle, à fond dans ce personnage tourmenté, découvrant dans ce « Transitus » une porte entre les mondes, à l’instar d’un purgatoire victorien. Sensible, montant parfois dans un registre un peu plus écorché, il fait preuve d’un sens de l’interprétation toujours plus impressionnant et moins lisse que ce qu’il propose dans Kamelot depuis son arrivée.

Il faut donc attendre "Listen to my Story" et l’arrivée de Simone Simmons (avec Marcela Bovio) pour avoir un premier refrain (superbe duo entre Tommy et Simmons) pour avoir un moment facile à retenir, très épuré au niveau des guitares malgré un abattage rythmique du côté de la batterie (c’est le batteur de session Juan Van Emmerloot qui a remplacé Ed Warby au pied levé, ce dernier étant indisponible au moment de l’enregistrement).
Évidemment, loin de moi l’idée de qualifier "Transitus" de raté, tant certaines parties regorgent d’inventivité et s’avèrent solides. Néanmoins, cette sensation de trop-plein reste présente, ce qui peut paraitre d’autant plus paradoxal puisque la production n’a jamais semblé aussi ample et aéré. Dans un premier temps, des titres comme "Talk of the Town" ou "Dumb Piece of Rock" (toujours aussi impressionnant Michael Mills) évoque beaucoup le passé d’Ayreon, notamment ce côté médiéval avec orgue et dulcimer. Mais le premier disque sort un "Get Out ! Now !" surpuissant mené par un Dee Snider survolté et un gros riff plombé très rock prog, simple d’où sort de multiples tiroirs. Et que dire de ce solo proprement fou du maitre Joe Satriani, débutant après une nouvelle prouesse d’interprétation de Tommy, faisant d’un autre rêve une réalité pour le hollandais. Au rayon des guitaristes, Marty Friedman se fendra également d’un long solo pour terminer "Message from Beyond", très mélodique et teinté d’une évidente mélancolie (le thème du titre expliquant cela).
On notera aussi l’évident « easter egg » "This Human Equation" (évocation du concept culte de 2004), moment fort du second disque avec ce riff plombé et cette caisse claire surpuissante qui confère un souffle presque cardiaque au titre, Simone étant à l’honneur sur ce passage (elle est l’Ange de la Mort qui s’intéresse aux humains et les trouve divertissants).

Malheureusement, la fin de l’album semble partir un peu en roue libre (à partir de "Daniel’s Vision"), enchainant les pistes de deux ou trois minutes mais avec trop peu de moments marquants (on est loin du final" The Sixth Extinction" pour ne citer que lui et c’était déjà un reproche à "The Source" qui se terminait un peu trop vite). Beaucoup de moments uniquement au piano ou à la guitare acoustique, semblant toujours annoncé un instant, un riff, une accélération qui pourtant n’arrive jamais. "Inferno" ramène dans ses bagages la chorale de "Fatum Horrificum" (quelle grandiloquence !) et, en soi, le passage est parfait mais vient comme un cheveu sur la soupe. "The Great Beyond" clôture l’ensemble en retrouvant le thème principal mais on aurait pu légitimement penser qu’il se terminerait sur un feu d’artifices mais non, malgré la présence de tous les chanteurs condensés en deux minutes (chacun chante une ligne tour à tour). Le plus étrange, c’est que ce final se termine si vite qu’on en vient à en redemander, à trouver qu’il manque quelque chose alors que l’on trouvait du creux dans le corps même de l’album. Que de paradoxes qui reste après moults écoutes de ce "Transitus" ...

Il serait évidemment injuste de condamner ce nouveau disque tant il regorge de qualités et d’interprètes de qualité. Néanmoins, Arjen s’est un peu emmêlé les pinceaux cette fois-ci, perdu entre son désir de faire un film et l’obligation de transposer son scénario en musique, créant inévitablement des creux et un trop-plein de passages narratifs. On pense clairement au fameux "Triumph or Agony" de Rhapsody of Fire qui avait accueilli Christopher Lee et Susannah York de la même manière et souffrait des mêmes maux (parfois génial, parfois beaucoup trop long).
"Transitus" est un pari en partie raté mais qui nécessite tout de même que vous lui laissiez une chance. L’histoire étant finie (ils sont tous morts) contrairement aux opus précédents d’Ayreon, il n’y aura donc pas de pt II et Arjen pourra repartir de zéro la prochaine fois. Tout le mal qu’on lui souhaite est qu’il se remette à l’endroit pour nous éblouir de nouveau comme il sait si bien le faire !

4 Commentaires

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IDAC - 09 Novembre 2020:

Suis en grande partie d'accord avec cette chronique.

Dark_Gargoyle - 06 Décembre 2020:

Difficile d'accés c'est vrai mais de là a le mettre à la poubelle je ne crois pas !! Pour ma part je mettrais plutôt Notre Dame de Paris dans la corbeille !! Enfin chacun ses goûts ...

 
Child_Of_Flames - 20 Avril 2021:

C'est pour ça que j'ai eu du mal à rentrer dedans !! Malgré bien 2 écoutes... Alors que "The Source" m'avais mis la mandale direct ! ^^

 
Madness77 - 24 Juin 2021:

Comme d'habitude il faudra plusieurs écoutes pour apprécier ce dernier opus à sa juste valeur mais il semble moins bon et sans doute moins heavy que les albums précédents mais musicalement c'est toujours intéressant ce que propose ce diable d'arjen lucassen. 

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