World Metal. Kosmopolis Sud

Liste des groupes Black Progressif Solefald World Metal. Kosmopolis Sud
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16/20
Nom du groupe Solefald
Nom de l'album World Metal. Kosmopolis Sud
Type Album
Date de parution 02 Fevrier 2015
Style MusicalBlack Progressif
Membres possèdant cet album31

Tracklist

1.
 World Music with Black Edges
 07:56
2.
 The Germanic Entity
 08:11
3.
 Bububu Bad Beuys
 04:21
4.
 Future Universal Histories
 06:50
5.
 Le Soleil
 05:47
6.
 2011, or a Knight of the Fail
 06:59
7.
 String the Bow of Sorrow
 06:37
8.
 Oslo Melancholy
 03:34

Durée totale : 50:15

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Solefald


Chronique @ Bakounine

06 Avril 2015

Leur abum le plus complexe et risqué à ce jour

Une production attendue que ce World Metal : Kosmopolis Sud de Solefald, premier vrai album des norvégiens depuis le très bon « Norro Livkunst », avec nombre de questions suscitées par l'EP «  Norrønasongen - Kosmopolis Nord » sorti il y a quelque mois et qui devait former une sorte de duologie avec ce dernier et qui nous avait surpris par son coté moins foufou, assez contrôlée et développant une atmosphère particulière mais cohérente (au passage, vous pouvez aller lire la chronique d'icelui sur le site, je connais plutôt bien le chroniqueur, il est super...) ; car s'il est vrai que Solefald n'a jamais réellement déçu, leur chemin n'a jamais été ni prévisible ni monolithique, entre un diptyque « Red for Fire/Black for Death » plutôt païen et un peu moins foufou, le « Norrøn Livkunst » assez givré et quasi intégralement en norvégien ancestral.


La parenté entre « World Metal : Kosmopolis Sud » et l'EP était mis en avant par les deux artworks comme deux facettes d'une même pièce. Mais si le blanc et froid nordique était plutôt marqué par des musiques traditionnelles scandinaves et présentait des longues plages épiques, quelle sera l'inspiration de ce Kosmopolis Sud ? Et bien comme son nom pouvait le faire penser et loin du coté pro-européaniste qu'on retrouve assez fréquemment dans l'esprit des groupes de black metal, il s'agit bien de la world musique des pays du Sud.


En effet, si « World Music with Black Edges » commencera avec des notes de piano plus traditionnelles, c'est bien avec des rythmiques d'autre continents et percussions plus exotiques que l'ensemble se déroulera, quitte à faire rentrer dans le contexte un vrai musicien connu de musique africaine, le tanzanien Anania Ngoliga pour jouer de la guitare traditionnelle. Dans les choses ironiques voir presque provocatrices si on connaît l'humour acerbe de Cornelius, l'un des co-leaders, on notera ce paradoxe en la présence d'un morceau nommé « The Germanic Entity » basé sur une rythmique jouée au kalimba (ou sanza), cette espèce de clavier en metal typique d'Afrique noire, mais toujours avec des passages complètement improbables, tels ces passages electro jouissifs autant qu'impromptus. Le groupe s’offrira d'ailleurs encore un gros trip comme ils en ont le secret en troisième position comme sur Norrøn Livkunst, là où Agnete Kjølsrud de Djerv offrait une leçon d'anglais très étrange sur « Tittentattenteksti », le groupe aligne un « Bububu Bad Beuyz » complètement déjanté avec un rythme pseudo-rappé avec des chorus épico-rigolo-what the fuck absolument jouissif.


Pour autant, on ne sera pas dans la parodie éhontée ni dans le trip complètement à part, ainsi même si le groupe développe une esthétique tribale en toile de fond sur tout l'album, le groupe Solefald conserve son entité propre, bien unique avec les parallélismes des voix des deux leaders, le chant harsh et parfois rappé de Cornelius d'un coté et la voix claire très mélodique de Lazare Nedland parfois renforcé ici par son petit frère Sindre, qui avec son propre groupe In Vain avait joué les musiciens d'accompagnement pour la dernière tournée du groupe avec Vreid, il y a deux ans. Le groupe se rapproche d'ailleurs de plus en plus d'un groupe classique en exploitant de moins en moins la structure duo avec de multiples guests, et ce plus seulement pour les instruments hors metal, en mettant à profit les musiciens qui avaient contribué en leur temps à cette tournée, comme Alexander Bøe à la basse ou encore Baard « Je-joue-dans-tous-les-groupes-norvégiens-à-l'heure-actuelle » Kolstad à la batterie, qui rajoutera de la rythmique afro . L'ensemble de l'oeuvre, les structures et les moyens exposés ainsi que l'esprit général, tout là dedans est du Solefald, seulement le groupe a eu le génie d'incorporer une âme tribale et ethnique au sein de leur musique sans perdre la leur, à l'image du titre « Le Soleil » qui combine les deux aspects, le classique : la chanson en français, langue chère à Cornelius Jakhelln qui, on le rappelle, étudia naguère la philosophie un an à la Sorbonne et un coté plus ambiant faisant penser aux prières primitives donnant quelque chose de sauvage, mais quasi-religieux.

Si l'influence Afrique noire est probablement la plus marquée sur l'album, il n'y a pas que cette culture qui sera abordée, ainsi le très arabisant « 2011, or a Knight of the Fail » frappant par son aspect oppressant assez saisissant, mais légitime lorsqu'on sait qu'il a pour thème les attentats d'Anders Breivik ou le plus extrême-oriental « String the Bow of the Sorrow », qui malgré tout est un poil plus dispensable, malgré un solo de guitare, élément pas si courant chez Solefald.
Aussi, on a à faire à un méli-mélo d'influences culturelles exacerbées (les langues y sont d'ailleurs mélangée de manière éhontée) mais non envahissantes, pour un rendu qui a par derrière quelque chose de Floydien, de Zappesque, mais éminemment moderne, avec ce qui caractérise toujours le combo norvégien, une emphase, une verve, pour ne pas dire presque un certain degré d'une attendrissante pédanterie, prenant ainsi le contre-pied parfait de son nemesis "Kosmopolis Nord"...



Au total, Solefald nous propose sans aucun doute leur album le plus complexe et risqué à ce jour, et invente un nouveau style : du black metal ethnique international... Derrière ce néologisme de mon cru, comment considérer cet album ? Probablement pas comme leur meilleur, mais sans nul doute comme l'un des plus riches et difficile à déchiffrer, car parsemé de multiples codes, de nouveautés inattendues et d'un esprit qui n'a pas d'équivalence à ma connaissance dans le metal jusqu'à ce jour. Il y a de multiples lectures et nul doute qu'il faudra s'y plonger maintes et maintes fois pour pouvoir en percer la substantifique moelle créatrice. On pourra simplement regretter une certaine baisse de régime sur la fin de l'album mais on ne pourra que louer l'ambition de cet album, qui passé vingt ans d'existence continuer d'oser des paris et de rechercher des voies inexplorées, sans trébucher. Un album rare, imparfait mais essentiel pour toute personne ayant un attrait pour ce qui touche à l'avant-gardisme musical.

6 Commentaires

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jeffff - 08 Novembre 2015: je ne connais pas du tout le groupe, ta chro donne envie d'y jeter plus d'une oreille. Je vais tenter l'expèrience je pense.
jeffff - 14 Décembre 2015: surpris et conquis, je vais d'abord intégrer cet album et voir pour les précédentes sorties
Waltari13 - 27 Juin 2016: Toujours Fan de ce groupe... Plus encore après ce Hellfest 2016 où ils nous ont fait une prestation d'une très grande classe. Un peintre a même réalisé une toile sur scène tout au long du set... Quand à cet album c'est du tout bon et je trouve qu'ils se rapprochent d'un groupe tout aussi chelou qu'eux à savoir les finlandais de Waltari.
jeffff - 28 Juin 2016: adoré le concert du hellfest aussi, bon suis le seul parmi mes potes mais peu importe
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