2000, fort du succès rencontré par
Oceanborn,
Nightwish continue sa conquête de l'Europe et entame même une énorme tournée Sud-américaine. Variant une fois de plus avec son prédécesseur, cet album est, selon moi, le dernier du
Nightwish "originel".
Se rapprochant doucement mais sûrement d'un énorme système commercial,
Wishmaster est une pièce charnière dans la discographie de
Nightwish, il y aura indéniablement un avant et un après.
Du "petit" groupe de province finlandaise se produisant à l'époque avec Synergie, il n'en reste aujourd'hui pas grand chose.
Moment donc un brin nostalgique, essayons de nous remémorer l'instant magique de la première écoute... Quel sacré coup de pied au postérieur!
Dès les premières notes de "She is My
Sin" on reste tout bonnement cloué. Quel changement, quel son, quelle prod! Après le prestigieux "
Oceanborn" on découvre encore de nouvelles ressources insoupçonnées chez
Nightwish. Et pourtant le défi était de taille, sortir un album après une telle réussite c'est prendre le risque d'être largement en-dessous de son niveau et donc perdre en crédibilité. Mais que nenni, le groupe nous concocte un album d'excellente qualité, aux magnifiques compos riches, variées, dont certaines atteignent, selon moi, la perfection tel que le somptueux "
Dead Boy's Poem". Véritable testament de son compositeur, c'est un morceau qui évolue au fil des émotions, entamé par un timide couplet murmuré a capella par
Tarja, puis la musique et la mélodie se mettent lentement en place. A noter que le petit garçon narrant les lignes de ce testament, Sam Hardwick, prêtera également sa voix un peu plus tard sur "
Bless the Child" et "Beauty of the
Beast" (Christabel) de "
Century Child". A l'époque de "
Dead Boy's Poem" Tuomas souhaitait avoir la voix d'un enfant natif anglophone et il demanda au réalisateur et écrivain Neil Hardwick d'enregistrer la voix de son fils. Au final, ce morceau est un enchantement, émouvant et intimiste. Bref, l'émotion et la beauté
Musicale et syntaxique à l'état pur.
D'une manière plus générale, le clavier est toujours très mis en avant, mais surtout en décuplant les effets et les différents sons de celui-ci, Tuomas créée d'autant plus d'atmosphères et de personnalité pour chaque chanson. La guitare a toujours droit à ses petits breaks et soli magnifiques.
La poésie, selon
Nightwish, est toujours présente tout au long et, petite nouveauté, pour la toute première fois, Tuomas s'inspire d'un fait divers tragique pour écrire "The Kinslayer". Il s'agit bien entendu de la tuerie de Colombine qui le choquera profondément.
Le ton s'y fait bien plus grave et sombre que sur le reste de l'album et une inquiétante voix grave intervient pour rendre la réplique à
Tarja. C'est un morceau atypique sur deux points spécifiques: le premier, malgré une mélodie conductrice, cette chanson n'a finalement pas de véritable refrain et le second, les couplets sont en fait basés sur ce dialogue de victime à exécuteur dans lequel
Tarja, remplie de désespoir, fait un plaidoyer supplicateur à son bourreau.
Ce chant saccadé, entrecoupé, alternant lignes graves et lignes aiguës, ferait presque penser à une sorte de marche "militaro-funèbre".
Les paroles y sont vraiment très fortes et représentent ce qu'ont été les derniers instants de ces lycéens selon la vision de Tuomas. Une grande chanson, pas tant sur la difficulté d'exécution, ni sur la complexité de sa mélodie, mais sur le message laissant à réfléchir et cette mise en scène funèbre s'achevant avec un coup de feu et sur "l'hypocrisie des rédempteurs de ce monde".
Autre nouveauté sur cet album, "Fantasmic" qui ouvre la marche aux futures longues compositions du groupe, telles que "Beauty of
The Beast" ou "
Ghost Love Score".
Premier morceau dépassant donc la barre des 8 minutes divisées en trois parties bien distinctes.
La première étant simplement le refrain répété plusieurs fois avec, à chaque occurrence, une variante soit de ton, soit de rythme.
La seconde, partie extrêmement lente, complètement épurée, ressemble plus à un langoureux duo voix/ batterie pour finalement laisser place à un enivrant solo de guitare. Puis le tempo s'accélère de plus en plus pour terminer en apothéose sur la dernière partie. Rythme et chant effrénés, sans doute le moment où les
Musiciens doivent prendre le plus de plaisir, pour finalement achever cette quête à travers un monde fantastique sur le refrain de départ version optimale.
De vocalises ensorcelantes sur "
Deep Silent Complete", à la ballade dramatique de "
Two For
Tragedy", en passant par cet énorme coup de gourdin qu'est "
Wishmaster", au recueillement de "
Dead Boy's Poem", sans oublier l'incontournable "She Is My
Sin", la pluie de tappings de "Wanderlust", pour enfin finir en chevauchée fantastique avec "Fantasmic", cet album c'est du très très bon niveau et on reconnaît les très bons albums au plaisir que l'on a à les réécouter même plusieurs années après. Son seul petit bémol serait sans doute "Bare Grace
Misery", morceau n'apportant rien de très spécial au tout et qui est, à mon goût, assez dispensable.
En conclusion, je ne dirai pas que "
Wishmaster" est meilleur ou aussi meilleur qu'"
Oceanborn", simplement parce qu'ils ne sont absolument pas comparables. Ce sont deux albums tout à fait excellents mais complètement différents, et ce, sur tous les points (prod, son, influences, ambiances, styles de compos etc.) C'est indéniablement avec cet album que
Nightwish obtient le billet de sa consécration après la reconnaissance suscitée par
Oceanborn.
La faute a des chansons moins mélodieuses que sur Oceanborn et Century Child. On y trouve beaucoup de morceaux rapides. Les paroles des chansons n'atteignent pas la richesse de Century Child mais cet album regorge quand même de pépites. Un très bon album donc mais tout de même derrière les chef d'oeuvres que sont Oceanborn et Century Child pour moi.
Difficile de succéder à un bijou tel que "Oceanborn" et pourtant Nightwish y est parvenu avec ce superbe "Wishmaster"
J'aime tous les morceaux de cet album, mais j'ai une préférence pour "She is my sin", "Two for tragedy", "Fantasmic", mais surtout le grandiose "Dead boy's poem".
Une petit perle que ce Wishmaster.
17/20
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