Est-il besoin que je vous présente
Nightwish ? Non, bien sûr, je ne vais pas vous faire l’affront de vous raconter la genèse de ce groupe de
Metal symphonique, précurseur du genre et mondialement connu, et ce, bien au-delà des sphères du
Metal qui plus est. Mais puisque je vois des mains de néophytes s’agiter dans le fond, je me sens obligé d’ennuyer les connaisseurs qui ont sûrement mieux à faire qu’écouter mes bafouillements.
Nightwish fut fondé dans l’Est de la Finlande, en Carélie du Nord, pour être plus précis, du côté de Kitee, par
Tuomas Holopainen en 1996. Le jeune claviériste n’est pas vraiment un débutant. Il a déjà fait ses armes en participant notamment aux premières réalisations de deux formations issues de sa ville natale : Nattivdens Grat et
Darkwoods My Betrothed. Marqué par les œuvres pionnières des Hollandais de
The Gathering (cf. l’album
Mandylion) et des Norvégiens de Theatre of Tragedy, Tuomas a l’intention de former son propre groupe de
Metal dont le style serait tourné vers l’atmosphérique et l’acoustique. Le rejoignent alors pour son projet quelques amis, dont
Tarja Turunen. Très vite, Tuomas va se rendre compte que son ancienne camarade de jazz dispose d’un atout imprévu : une puissante voix lyrique, développée par ses cours de chant d’opéra classique. Un atout de taille qui sera immédiatement exploité pendant l’enregistrement de la démo du groupe, fin ‘96.
En raison de son aspect acoustique, cette autoproduction n’obtiendra qu’un accueil assez frais de la part des labels, comme
Century Media, qui en recevront une copie. L’écurie anglaise Spinefarm Records va finalement demander aux Finlandais de proposer une musique plus heavy, ce qui sera chose faite. Nommée
Angel Fall First et tirée en 500 exemplaires, cette première contribution entre
Nightwish et Spinefarm se composera d’abord de 7 titres enregistrés entre avril et mai 1997. Retirez les deux morceaux du pressage d’origine “
Once Upon a Troubadour” et “
Return to the Sea” ; ajoutez les titres “
Elvenpath”, “Beauty and the
Beast”, “Tutankhamen” et “Know
Why the
Nightingale Sings” et vous obtenez la version full-length sortie le 1er novembre 1997.
Autant le dire tout de suite : si Tuomas a été inspiré d’une manière ou d’une autre par les premiers groupes de Gothic
Metal, ce n’est qu’à l’écoute de la chanson au titre quasi-clichesque “Beauty and the
Beast” que l’on peut s’en rendre compte ponctuellement, avec son duo vocal central lyrique/ grave... sauf qu’ici, il n’est pas question de chant death, de doom ou de darkwave. L’étiquette «
Metal symphonique à chanteuse » aujourd’hui si commune prend tout son sens sur cette galette : les deux éléments primordiaux de chacun des titres sont les (sur)abondants passages des claviers et, évidement, la voix suave et puissante de
Tarja, tous deux capables d’emporter l’auditeur dans un monde enchanteur... et ce, en dépit de plusieurs maladresses que l’on peut sentir ici et là au niveau des compositions des titres ou des divers arrangements.
En fait, ce premier album souffre autant d’une production limitée que des hésitations du jeune groupe, assez timoré par rapport à l’ajout d’éléments métalliques dans sa musique – c’est à peine si l’on remarque quelques passages à la double pédale effectués par le batteur Jukka NEvalainen. Le travail d’Emppu Vuorinen, chargé à la fois des grattes et de la basse, n’a guère été gâté par le son en studio sauf pour ses passages de guitare acoustique ; l’écoute de la semi-ballade “
Nymphomaniac Fantasia” illustre toute l’inégalité de traitement subie par les instruments à cordes. Il en va de même pour les percussions. Autre point discordant : l’inutilité des interventions en chant clair de Tuomas, en particulier sur l’imbuvable refrain de “The Carpenter” – ce titre sera pourtant le premier single du groupe et obtiendra un joli succès en Finlande, comme quoi... Le claviériste-compositeur sera d’ailleurs en tirer la leçon qui s’impose : ce sera la première et dernière fois qu’il tentera l’expérience.
Pourtant,
Angels Fall First ne se révèle ni mauvais, ni moyen. Sa manière de marier mélodies heavy, clavier et chant d’opéra le rend tout simplement avant-gardiste, peut-être moins en raison de sa
Musicalité que par son étonnante alchimie. Imparfait dans son approche, naïf dans ses textes ? Un peu, mon général ! Mais comment rester de marbre face au féérique “
Elvenpath”, à l’émouvante ballade éponyme ou de la pièce finale en quatre parties “Lappi” ? De belles petites perles.
Bref, nous sommes loin du Speed/
Power Metal qu’exécuteront les Finlandais sur leur deuxième réalisation, beaucoup plus technique et complexe, qu’est le mythique
Oceanborn. Il est assez révélateur que Tuomas relèguera par la suite ce premier coup d’essai au rang de simple démo. Entre l’arrivée au sein du line-up de Sami Vänskä de
Nattvindens Grat au poste de bassiste, l’accélération générale du tempo par les
Musiciens, l’amélioration (quasi-forcée) du chant de la belle et une production nettement plus étoffée, on peut dire que la différence de moyens et l’inexpérience expliquent le gouffre séparant les deux premiers albums de
Nightwish... alors que seulement une année sépare leurs sorties respectives !
Connaissant la suite, quelle conclusion en tirer ? Peut-être bien celle-ci :
Angels might fall first... but soon the operatic female symphonic metal rises.
13/20
Un bon 1er album, certes, un peu timide, mais on sent le potentiel.
16/20
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