Dire que l’attente fut interminable est un doux euphémisme, puisque sept longues années séparent «
Defiance » du dernier méfait de Deströyer
666 intitulé «
Wildfire » et fraichement publié chez Season Of
Mist. Pour tous les néophytes, il faut savoir que la formation australienne est active depuis
1994 et a publié seulement 5 longs formats dont le fabuleux «
Phoenix Rising » en 2000. La musique développée par le combo, et qui a fait sa renommée, est un « black/death » thrashisant, furieux, ravageur et volontairement rétro, tant au niveau de l’élaboration des compositions que de la mise en son. Bien que très ancré dans le milieu underground, Deströyer
666 a acquis, à la force du poignet, une solide réputation et une notoriété grandissante à travers le monde. L’artwork de «
Wildfire » est l’œuvre de Zbigniew M. Bielak, artiste polonais, plus connu pour s’être chargé de l’imagerie de groupes tels que
Ghost,
Watain,
Vader ou
Absu et
Paradise Lost.
D’emblée, Deströyer
666 choisit d’attraper l’auditeur à la gorge avec un cri dont Tom Araya, himself, n’aurait pu renier la paternité. «
Traitor » est un premier morceau rapide, au riffing puissant et efficace, émaillé de solos mélodiques, le tout, dans un esprit très « thrash-metal », hérité des 80’s. Cela sera d’ailleurs le maître-mot de «
Wildfire », car les compositions d’obédience « Thrash old-school » se succèdent, enrobées de l’aura noire habituelle des Australiens et de cette atmosphère morbide typique. Les accords destructeurs s’enchaînent comme autant d’uppercuts, envoyez-vous donc «
Live And Burn », «
Traitor », «
Wildfire » ou «
Die You Fucking
Pig » dans vos cages à miel pour sentir vos bouchons de cérumen, explosés les uns après les autres.
Mais Deströyer
666 ne fait pas que foncer dans le tas et sait varier les plaisirs, en ralentissant les tempos avec plus ou moins de succès comme sur « Tamam
Shud », long de plus de 7 minutes et qui clôt l’album de manière plutôt incongrue, sur « Hounds At Ya Black » et sa montée en puissance ou encore le début de «
Hymn To Dyonisus » et « White Line Fever », plus Rock N’Roll dans son approche.
Et c’est bien là que le bât blesse. Tuons le suspens, un seul mot vient à la bouche de votre serviteur à l’issue de la découverte intégrale de «
Wildfire » : déception. Tout comme «
Defiance », «
Wildfire » est loin de m’enthousiasmer. D’abord, le côté « black/death » a été quasiment totalement gommé au profit d’un « thrash » vieille école qui le rapproche désormais des premiers albums de
Slayer, « Show No
Mercy » et « Hells Awaits » en tête, ce qui, vous en conviendrez, reste encore très flatteur. Mais lorsqu’on enchaîne sur le fantastique «
Phoenix Rising » et ce dernier, il est évident que la sauvagerie destructrice qui habitait Deströyer
666 à l’époque a presque disparu, j’en veux pour preuve qu’un seul morceau, «
Hymn To Dyonisus », intègre des blasts-beats.
Comme le « thrash » du début des années 80 est à l’honneur sur «
Wildfire », il n’est pas étonnant de ressentir un fort sentiment de déjà entendu comme par exemple, cette incursion, certes très courte, sur le dernier solo de «
Live And Burn » (à 3.33 minutes exactement), chez «
Creeping Death » de qui vous savez. Aussi, même si « Hounds At Ya Black » est plus sinueux et offre une montée crescendo, il trouve parfaitement sa place sur cette galette, contrairement à « Tamam
Shud », qui est aussi dispensable que hors sujet. Il est certain que Deströyer
666 a voulu prendre un risque, mais il est loin d’être payant. Cette composition ne parvient jamais à décoller, traîne en longueur et se termine par des chœurs tout droit sortis de chez
Hammerfall.
Pour finir, trop de rétro tue le rétro. La production vintage manque parfois de clarté et confère, de temps en temps, à une bouillie sonore quasiment inaudible, avec un mix de la batterie assez inégal, cet état de fait est encore plus flagrant avec une écoute au casque à fort volume.
L’authenticité et l’honnêteté de la démarche de Deströyer
666 ne seront jamais à remettre en cause, le groupe se fout totalement des modes et pratique la musique qu’il affectionne. Malgré de bons titres («
Traitor », «
Live And Burn », «
Wildfire » ou «
Hymn To Dyonisus ») et, au regard de son passé, la déception est tout de même grande chez votre serviteur. Les morceaux que renferme cet album sont directs et sans fioritures (hormis « Tamam
Shud »), mais avec une furie amoindrie en comparaison de ses œuvres précédentes, en faisant abstraction de «
Defiance » qui présentait déjà ces quelques défauts. Puis, je dois avouer que je n’ai pas retenu grand-chose de ce disque, au final. Votre serviteur en espérait sans doute trop des Australiens...
Cependant, la chronique est vraiment bien écrite. Lorsque tu donnes de bonnes quotes, on a vraiment envie de s'intéresser aux œuvres en questions. Ici, ce n'est pas le cas, mais même si j'aime bien l'album, ta verve est bonne.
Une bonne chronique pour un album que j'aime bien, même si ce n'est pas l'effet que tu souhaites ;)
Si Phoenix Rising est supérieur, je vais prendre une sacrée claque...
Je trouve cet album pas si mal. Le côté old-school, j'aime bien, et des morceaux tel que Hymn to Dionysus ou Tamam Shud sont très prenant, de plus l'album est doté d'une production bien enflammée et sulfureuse à souhait.
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