Widow's Weeds

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18/20
Nom du groupe Tristania
Nom de l'album Widow's Weeds
Type Album
Date de parution 09 Mars 1998
Enregistré à Sound Suite Studio
Style MusicalDoom Gothique
Membres possèdant cet album247

Tracklist

1. Preludium... 01:09
2. Evenfall 06:53
3. Pale Enchantress 06:31
4. December Elegy 07:31
5. Midwintertears 08:32
6. Angellore 07:16
7. My Lost Lenore 06:23
8. Wasteland's Caress 07:40
9. ...Postludium 01:12
Bonustracks
10. Sirene
11. Cease to Exist
Total playing time 53:07

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Tristania


Chronique @ Lunuy

18 Mai 2011

Minimaliste et incroyablement beau

Fondé en 1996 par le guitariste Morten Veland et le claviériste Einar Moen, le groupe norvégien de Gothic Metal Tristania enregistre une première démo homonyme en 1997. Celle-ci leur permet d’entrer chez le label Napalm Records et d’enregistrer à la fin de l’année leur premier album : "Widow’s Weeds" (« Vêtements de deuil »).

La tracklist, d'une durée de plus de 50 minutes, contient sept pistes originales auxquelles viennent s'ajouter deux morceaux déjà présents sur la démo, "Pale Enchantress" et "Midwintertears", avec toutefois un son légèrement plus limpide étant donné la différence de production.
On pourrait se demander pourquoi le long (et magnifique) titre "Cease to Exist" n’a pas également été inséré sur cet album ; un souci d’harmonisation sans doute… Ah tiens, si ! D’après certaines de mes sources, "Cease to Exist" est bien présent sur certaines copies de "Widow’s Weeds", de même que l’instrumentale "Sirene", en tant que bonustracks. Hum-hum… au temps pour moi.

Gothic Metal... voilà qui caractérise parfaitement la musique de Tristania.

L’ouverture "Preludium…" et l’épilogue "…Postludium" se font parfaitement écho et résument, en un sens, les thématiques mises en avant par "Widow’s Weeds" : une pluie battante, le son d’un clocher, une sorte de communion religieuse à l’intérieur d’une église… On comprend très vite pourquoi le groupe a choisi comme nom « Tristania » : malgré l’atmosphère quasi-fantastique (au sens de fantasy) et même romantique que dégagent certaines chansons, la tristesse, la douleur, le sentiment de perte ou d’espoir déçu ressortent souvent, de manière plus ou moins métaphorique, dans les textes du principal parolier Morten Veland. À cela s’ajoutent des remises en cause implicites de certains dogmes judéo-chrétiens, en particulier à travers les thèmes de la chute et de la tentation des ténèbres.

Minimaliste est le mot qui convient le mieux pour résumer le style musical de cet album : malgré des changements de timbres et la relative longueur des morceaux (7 minutes en moyenne), les notes sont répétées à l’envi sur chacun d'eux tandis que les riffs de guitare et les principales sonorités ambiantes ne changent guère entre les pistes, si l’on met de côté le début de certaines d’entre elles et le titre "Angellore".
C’est à peine si l’on ressent, ça et là, des petites notes de guitare acoustique se détachant de l’ensemble. La batterie, quant à elle, a tendance à être de plus en plus discrète au fur et à mesure de la progression des morceaux, surtout au niveau des cymbales – sauf sur les passages les plus « brutaux ». Selon les chansons, le tempo navigue entre une lenteur typiquement Doom et une plus grande rapidité rythmique.
Au final, les arrangements néo-classiques, en particulier les lignes de piano et le violon, sont prédominants et assurent des breaks très marqués (quand il ne s’agit pas du chant), comme le montrent, entre autres, le milieu de "Pale Enchantress" ou la deuxième partie de "December Elegy".
Tout ceci donne à l’album une homogénéité certaine.

Cependant, les multiples arrangements vocaux viennent quelque peu démentir l’aspect minimaliste de l’ensemble ; en fait, à part Einar Moen et le bassiste Rune Østerhus, tout le line-up est crédité aux chœurs, sans compter les "session/guest members" : Østen Bergøy assure une performance en chant clair sur "Angellore" tandis que trois choristes soutiennent la chanteuse Vibeke Stene pour les (nombreux) chœurs féminins. L’importance donnée à ceux-ci donne un côté Symphonic Metal à cette première réalisation.

Il n'en reste pas moins que la principale force de "Widow's Weeds" est d'abord et avant tout le chant principal, assuré à la fois par les "Harsh vocaux" de Morten Veland, et par la voix éthérée de Vibeke Stene. Les premiers, mi Death mi Black, donnent une facette noire aux chansons, laissant suggérer les tourments intérieurs de l’esprit humain. Quant aux interventions de Vibeke, que dire, si ce n’est qu’elles laissent difficilement indifférent ? Murmures, chant clair aérien, auxquels répond la violence de Morten... la variété, la puissance et la profondeur émotionnelle sont bel et bien là.

En fait, il serait peu scrupuleux de gâcher le suspense à ceux qui n’ont pas encore écouté ce disque en se lançant dans une vaste comparaison des pistes. Pour tout vous dire, bien malin(e) serait celui ou celle qui y trouverait des imperfections, aucune chanson ou composition n’étant globalement inférieure à une autre. La seule chose que l’on pourrait légitimement reprocher, c’est un léger défaut dans la production, qui rend le son de la basse un peu trop râpeux par moments, mais rien de bien méchant.

Conclusion : coup d’essai, coup de maître pour Tristania qui livre là un pur joyau auditif, minimaliste et incroyablement beau. Par cet œuvre, le groupe rejoint leurs compatriotes de Theatre of Tragedy au rang des précurseurs du Gothic Metal norvégien. Mais le meilleur reste à venir avec leur pièce maîtresse "Beyond the Veil", sortie l'année suivante, œuvre plus risquée et en même temps plus aboutie.

8 Commentaires

14 J'aime

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Vrael - 18 Mai 2011: Chronique parfaitement juste pour un album qui mériterait même plus que 18 ; )
kaderlan - 18 Mai 2011: ouais,franchement,exellente chronique!!!!!
pour un album qui meritait une ode pareille!!!!
choahardoc - 19 Mai 2011: TRistania, un groupe qui comme tant d'autres a démarré trop fort pour quasiment tout dire en 2/3 albums, mais quels albums! Widow's weeds forme une sacrée palette d'émotion, bien cernée par Lunuy, MERCI.
Vrael - 20 Mai 2011: @Lunuy : vrai ! Et moi qui comptais m'atteler à donner une chronique à cet album de légende qu'est Beyond the Veil, qui n'en a aucune, je te laisse la main avec enthousiasme si tu t'en charges. Tu as dit ici tout ce que j'aurai voulu dire de Widow's Weeds avec brio, je ne doute pas que BtV n'aura que ce qu'il mérite ! :D
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Chronique @ RunCold

12 Octobre 2011

Une magnifique oeuvre, sensuelle, sincère et très sensible.

Widow's Weed ? Les vêtements de deuil de la veuve…
Dans cet album tout semble gris et morne, mais telles les fleurs du mal, l'icône gothique des romans du XVIIIe siècle portant le masque de la candeur et de l'innocence, Vibeke, la chanteuse, de sa voix angélique, se bat contre ce monde si sombre, apportant la lumière là où il n'y a que ténèbres… Le principe de base même du metal gothique donc.

L'album compte onze pistes (jusqu'à douze dans certaines versions, qui incluent le superbe morceau symphonique et instrumental Siren et sa magnifique introduction à la guitare acoustique, rappelant un peu le plus récent "Seven Siren and Silver Tear" de Sirenia, second groupe de Morten Veland… Le second bonus étant le magnifique "Cease to Exist" qui est quasiment une ballade -excepté quelques rares passages- de près de dix minutes, le plus long morceau du groupe !).

Tout commence sous une lourde pluie, on entend au loin le son des cloches, l'heure de l'office… Et là s'élèvent des choeurs, chantant des louanges en latin, une voix de femme se démarque quelque peu… L'intro s'achève, et là, l'album démarre vraiment, sur les vocalises harmonieuses de la chanteuse, dans le titre Evenfall. On remarque de suite la musique, un doom atmosphérique à la fois minimaliste mais dans des compositions techniques, accompagné d'arrangements classiques et symphoniques.

Les guitares, la basse et la batterie semblent en arrière-plan, surpassées par les nappes de claviers. On entend sur certains morceaux les pleurs d'un violon, les douces larmes desservies par les notes d'un piano, les cloches d'une église dans le prélude et les derniers morceaux de l'album… Il y a aussi quelques samples, comme les rires d'enfants sur le sublime Angellore ou des bruits d'ambiances, comme le bruit de l'eau coulant d'une fontaine ou le vent, donnant un côté réaliste et terre-à-terre…

L'ambiance est sombre, très sombre, mais la musique reste très planante, dûe au fait que les instruments "metal" sont mis en arrière-plan, de même que les choeurs et la voix féminine, qui semblent un peu lointains, perdus dans l'épais brouillard qui plane sur l'oeuvre. Beaucoup de mélancolie donc, mais tout en beauté, rien de vraiment violent dans la musique, les textes parlent d'amour déçu, de l'orgueil humaine, de la mort omniprésente, du temps qui passe et de la vanité de la vie...

La sublime voix fantomatique et glaçante de Vibeke, se veut beaucoup plus douce et chaude par moments, parfois même elle parle ou chuchote. Elle nous fait don aussi de ses sublimes vocalises sur plusieurs titres… Le sommet de puissance étant atteint sur Wasteland's Caress, ou elle atteint des notes hautes très aiguës. Elle officie aussi en tant que choeur par moments, mais dans les cas, comme la musique, sa voix est mise au second plan, ce qui donne un effet d'écho lugubre, languissant...

Elle est accompagnée par les puissants grunts caverneux de Morten Veland, qui chante aussi parfois en voix claire. Tandis que Vibeke chante généralement les refrains, lui s'occupe plutôt des couplets (je dis bien en général) et est donc plus présent que sa compagne, bien que le chant de celle-ci détonne beaucoup plus… C'est une dispute perpétuelle entre les deux vocalistes, le bien contre le mal... En outre, sur Angellore, le chant clair masculin est assuré par Osten Bergoy et sa superbe voix de ténor très sensuelle…

Les paroles elles sont écrites dans un anglais très raffiné, shakespearien (à l'image de Theatre of Tragedy), poétique, difficilement compréhensible. D'ailleurs, toutes les paroles ne sont pas écrites dans le livret, une démarche volontaire de Morten Veland pour laisser libre court à l'imagination de l'auditeur. Par ailleurs, les vocaux des prélude et postlude (entre autres) sont en latin, pour renforcer cette fois non pas le côté poétique, mais le côté sacré et religieux de l'oeuvre.

En fait, on pourrait définir Tristania par un habile mélange entre Theatre Of Tragedy pour le côté poétique, The Sins Of Thy Beloved pour les instrumentations et les thèmes (au passage le violoniste de cet album, Pete Johansen, a aussi officié chez ce groupe, entre autres) et le petit frère Sirenia (sans le côté rock gothique…) ; mais tout en gardant une identité propre, personnelle et reconnaissable entre mille… Un très bon premier essai pour le groupe, à peine moins bon que le suivant, Beyond the Veil, qui marquera l'apogée du groupe et du metal gothique en général. D'ailleurs, ces deux albums restent parmi les grandes références du genre, dont il est, au passage, l'un des pionniers, des fondateurs, aux côté de Theatre Of Tragedy et The Sins of Thy Beloved (que j'ai déjà cité un peu plus haut). 18/20

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Commentaire @ Lovecraft

10 Mars 2008
Ce disque est, tout simplement, un chef-d'oeuvre. Musical ou cinématographique, cela reste à voir, car il s'agit d'une production digne d'une BO de film, si ce n'est plus encore.

Pas tellement un film, en fait. Mais une vraie visite guidée à travers un monde fantastique d'une beauté froide mais merveilleuse, d'où on comprend leur origine qu'est la Norvège. L'intro "Preludium" nous facilite l'immersion petit à petit, pour mieux plonger dans la musique et explorer ses profondeurs. On entend une cloche qui appelle l'auditeur. Ce dernier y répondant, il entend des chœurs qui deviennent progressivement de plus en plus forts jusqu’à aboutir à "Evenfall". Chaque chanson dans laquelle on entre, on traverse et on en sort, où quelque chose s'y déroule et chaque instrument (ils sont variés : flûtes, violons, cymbales...) est un protagoniste de la situation.

Je trouve que, contrairement à ce que disent les fans de Tristania, "Widows Weed" n'est pas sombre mais justement féerique. Il pourrait même évoquer Nightwish pour les plus jeunes.

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