Tiens mais ça faisait bien trois ans qu’on n’avait pas vu la bande à Bischoff. Mais ne vous en faites pas les revoilà avec un nouvel enfant dans les bras au doux nom de
Veto. Le groupe nous sert donc en présentation une belle pochette un brin étrange. « Bizarre vous avez dit bizarre ». Oui, car la pochette est empreinte d’une référence culturelle. Cette dernière est en réalité la reproduction du célèbre tableau de John Collier nommé
Lady Godiva peint en 1898. Ce tableau nous raconte l’histoire de cette charmante jeune femme qui enfourcha son cheval et traversa nue la ville de Coventry dans le but de convaincre son tendre époux de baisser les taxes. Bref, passé la petite note historique passons au meilleur : la musique !
Heaven Shall Burn reste lui-même sur
Veto et nous assomme (dans le bon sens) avec son Metalcore/Death Mélo tapageur. Fini les délires dance/électro du précédent opus, le groupe redresse le tir et va à l’essentiel. Les Teutons ont toujours été connu pour avoir pondu des compositions cohérentes et énergiques qui vous filent une pêche d‘enfer et ce n’est certainement pas ça qui va changer sur ce septième opus.
Veto est dorénavant produit par le guitariste Alexander Dietz et mixé par Tue Madsen qui confère à ce disque un son pachydermique.
Heaven Shall Burn est de retour et c’est avec
Godiva qu’ils ouvrent les hostilités. L’intro calme de ce premier titre semble bien trompeuse car la musique va vite s’embraser. Et boum ! Voilà les grattes suivies d’un Bischoff pas content et d’une batterie survitaminée qui arrivent en trombe. Les riffs tranchent dans le vif et la chanson avoue le penchant du groupe pour le Death Mélo Suédois. Une facette de la musique des Allemands qui se répercutera plus tard sur Hunters
Will Be Hunted. Le batteur quant à lui est toujours au maximum de ses capacités et nous offre un jeu massif aux blasts succulents. Chez les Teutons point besoin de chant clair salement mielleux, Marcus est resté le même, son chant hurlé très gras (presque vomi lors des growls) est toujours reconnaissable entre mille et apporte de la lourdeur et de la profondeur à l’ardente musique.
Et ça va dézinguer sévère avec la piste suivante
Land of the Upright Ones. Le groupe poursuit donc dans sa terrible lancée, brisant les nuques par milliers à coup de riffs très accrocheurs tantôt saccadés tantôt mélodiques. La piste montre un Metalcore bien bourrin qui tue sa mère usant sans modération de la double pédale dans un tempo endiablé qui fera des malheurs en concerts. C’est ensuite pour rappeler son origine allemande que le groupe enchaîne alors avec un morceau entièrement écrit dans la langue de Goethe.
Die Stürme Rufen Dich entre alors en scène et fera son petit effet avec son refrain entêtant. On remarque également que la bande d’Uelzen a américanisé sa musique et c’est flagrant sur
Fallen, un titre racé Metalcore
Outre-Atlantique rappelant inévitablement les piliers du genre soit
Unearth,
Killswitch Engage et
As I Lay Dying. Malgré sa bonne qualité
Fallen laisse finalement en bouche un gout de déjà vu. On y retrouve un Metalcore bigrement efficace mais trop formaté et aux sonorités mille fois entendus.
Le groupe reprend tout de même du poil de la bête à partir de Hunters
Will Be Hunted et défonce tout sur l’atomique You
Will Be
Godless. Le groupe à l’habitude d’exprimer sa colère contre la religion, en tout cas ici c’est fait et les curés n’ont qu’a bien se tenir. Comme à l’accoutumée
Heaven Shall Burn nous sert une reprise et rend ainsi hommage à leur compatriote de
Blind Guardian en rejouant à leur sauce la chanson
Valhalla. Je n’ai jamais été fan des reprises en tous genres mais force est de constater que le résultat est assez épique. La chanson, assistée par Hans Jürgen Kürsch, reste dans la dynamique de départ et ne signe aucun hors sujet, ce qui tend à renforcer la cohérence et la puissance de l‘opus. Le groupe continu dans sa lancée avec les très équilibrés mais plus lents Like Gods Among Mortal et 53 Nations. Puis, comme pour joindre la première et la dernière piste,
Beyond Redemption se veut à l’image de l’intro de
Godiva c’est-à-dire posée et calme. C’est donc sur une ballade aux plans mélodiques de toute beauté que l’album se finit avec majesté et émotion.
Heaven Shall Burn signe donc avec
Veto un retour fracassant. Ce septième opus se révèle chaleureux et massif qui à l’image des précédents albums va tout détruire sur son passage. Toutefois la prise de risque se trouve être inexistante et la musique du groupe a parfois tendance à tourner en rond. Cependant à l’instar de leur artwork,
Heaven Shall Burn a gagné en subtilité tout en gardant sa rage de vaincre et sa capacité à créer des titres destinés à faire des malheurs en
Live. Entre textes engagés contre la dictature, la religion et la guerre et une qualité musicale sans failles,
Veto ne révolutionnera certainement pas le genre mais permet au groupe d’asseoir son statut de pilier de la scène Allemande en matière de Metalcore.
Bref, pour répondre à Eniotna on trouve aussi un passage électro sur l'intro de The Lie You Bleed for. Ensuite ce que j'essayais d'expliquer dans ma chronique c'est le fait qu'Heaven Shall Burn reste lui-même et n'expérimente pas sur cet album. Toutefois quand ils ont testé de nouveaux éléments sur Invictus ils se sont un peu ramassés. J'ai absolument aucune animosité envers l'électro mais cette facette ne collait pas du tout avec leur personnalité. Ensuite Given In Death était pour ma part une expérimentation plutôt foireuse.
Personnellement mieux vaut pour HSB qu'il n'expérimente pas plutôt qu'il nous offre des compos bancales.
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