Le metalcore vit depuis maintenant quelques années une situation délicate. Si certains tentent de le faire renaître de ses cendres avec les récentes sorties de
Loathe,
Trivium ou encore
Veil Of Maya, d’autres groupes l’ont totalement délaissés pour laisser place à une pop-rock familière (
Asking Alexandria), à une vague plus alternative (
Bullet For My Valentine) ou à un heavy metal tout à fait honnête (
Parkway Drive). Le genre serait-il donc voué à mourir ou n’est-ce qu’une prémisse de son évolution ? Difficile d’y trouver une réponse pour le moment.
Les allemands d’
Heaven Shall Burn ne semblent pas se soucier de cette perte de popularité du metalcore. Fort d’une discographie riche avec les excellents
Iconoclast,
Invictus et
Veto, notre quintuor fait désormais référence dans son style. Cependant, cette ascension n’a pas forcément été sans conséquences car le dernier album en date
Wanderer, même s’il était loin d’être mauvais, nous a laissés sur notre faim. C’est donc quatre ans plus tard que nous retrouvons nos musiciens avec leur neuvième sortie :
Of Truth and Sacrifice.
Une nouvelle fois, les allemands ont fait confiance au label
Century Media Records. C’est côté production que les changements ont lieu. Habitué à collaborer avec Tue Madsen, le quintuor a cette fois-ci fait appel à ses deux guitaristes : Maik Weichert et Alexander Dietz. Au-delà de ce remplacement, le groupe a visé long avec un double disque de 97 minutes ce qui le rend le plus long de sa discographie. Mieux encore, l’album a réussi à être numéro 1 dans les charts allemands et devient ainsi le premier à y faire son entrée.
Une distinction qui n’est pas forcément due au hasard.
Of Truth and Sacrifice est une belle synthèse des précédents galettes. Nageant entre robustesse, mélodicité et aspects électroniques, les allemands proposent un éventail d’influences exemplaire. Le premier disque se veut véritablement bourrin et très dynamique. On y retrouve les ambiances mélodeath résolument modernes de
Veto, cette batterie très pesante et tranchante qui est presque devenue une marque de fabrique de nos allemands ainsi que le chant hurlé, presque growlé de Marcus Bischoff qui accentue cette lourdeur et cette agressivité.
Certains viendront à dire que l’évolution est quasi inexistante sur ce premier disque, ce sur quoi nous ne pouvons absolument pas nier. Mélodicité, percussions omniprésentes et chant tonitruant restent les maîtres mots de nos allemands. Mais l’ensemble propose toujours un niveau d’exécution irréprochable (ah, ils sont forts les allemands en ce qui concerne la qualité) et là où nous pourrions tomber dans l’ennui le plus profond, le quintuor a toujours la recette pour nous captiver au milieu de toute cette violence.
Comme a son accoutumé, nos musiciens commencent avec March of
Retribution, une intro plutôt insignifiante au départ avant une prise de puissance notamment avec cette batterie tapageuse. Thoughts
And Prayers fait ensuite son entrée et dégage toute la hargne accumulée. Le riffing apporte toute l’enchantement et viendra même la consolider avec ces quelques accords à la guitare acoustique. Le reste des titres de ce premier disque garderont à quelques exceptions près ce même schéma catchy et mordant.
Si tout n’était qu’un concentré d’intensité lors de ce premier acte, deux morceaux viennent tout de même apporter une touche de mélancolie, d’harmonie et de déchirement. Le premier titre est Expatriate, une composition avoisinant les neuf minutes où la beauté côtoie la désolation aux côtés d’arrangements orchestraux bouleversants, une douleur que l’on ressent pleinement lorsque le chant fait son apparition. Le second roman est The
Ashes Of My Enemies, une sorte d’outro instrumentale vu qu’elle vient conclure le premier disque qui préserve un aspect tragique avec cette magnifique orchestration.
Le second disque se veut un peu plus facile d’accès que le premier, le tout principalement dû à une harmonie un peu plus présente. Bien entendu, HSB n’a pas abandonné son metalcore/mélodeath chéri et continue d’envoyer la sauce mais les passages plus doux adviennent de manière plus régulière. On y trouve également des transitions plus prononcées même si certains titres ne ménagent aucunement en termes d’impétuosité, comme c’est le cas par exemple de Truther ou de Critical
Mass.
Là encore, certains titres attireront notre attention : La Résistance avec ses sonorités électro/dance très prononcées, qui ne seraient sans rappeler les expérimentations de
Invictus, The Sorrows Of
Victory qui n’hésite pas à marteler la double pédale, rendant l’atmosphère encore plus suffocante et véhémente ou encore
Weakness Leaving My Heart qui vient conclure avec brio cet album avec une lacération une nouvelle fois au cœur de ces arrangements instrumentaux et d’un Marcus Bishoff au chant dramatique et vigoureux.
Même si la plupart des titres présents sur les deux disques sont chantés en anglais, certains titres proposent du chant en allemand (Übermacht, Expatriate) et même du chant en français avec La Résistance. Néanmoins, pour ce dernier, difficile d’y voir de l’intérêt tant il est totalement en dehors du morceau et que, hors contexte, il semble peu évident d’y trouver une suite logique. Les dix-neuf compositions de ce double album qui n’offrent pas loin de 90 minutes d’écoute pourront aussi en rebuter plus d’un et nous décrocher au milieu de notre écoute.
Malgré ces quelques défauts,
Of Truth and Sacrifice est sans aucun doute l’album le plus abouti dans la discographie des allemands et prouve que le metalcore a encore de belles années devant lui. Tout n’est pas du plus parfait avec quelques passages un peu longs et des choix musicaux parfois incompréhensifs. Mais en même temps, avec un album avoisinant les 1h30, pouvait-on réellement s’attendre à un album totalement parfait ? Tout ce que nous pouvons dire, c’est qu’
Heaven Shall Burn est toujours un maître dans son art, un savoir-faire souvent décrié … souvent à tort.
(Ceci est ma 100e chronique au sein de
Spirit Of
Metal. Merci à tous ceux qui me suivent depuis maintenant 5 ans. Je pense que sans vous, je ne serai pas arrivé là où j’en suis et j’espère encore pouvoir vous partager mes ressentis durant ces prochaines années.)
La pochette ressemble beaucoup à l’album Upon Desolate Sands de Hate Eternal.
Fer de lance du Metalcore je ne pense pas...
Merci pour la chronique. Très agréable à lire.
Superbe groupe!!!
Petite faute de frappe à corriger: "Comme a son accoutumé, nos musiciens comment avec ..."
Merci pour vos retours et petite coquille corrigée, merci de l'avoir remarqué peto.
Très bonne chronique en effet le style du groupe n'est pas trop ma tasse de thé j'avoue mais j'irai découvrir quelques morceaux de ce nouvel opus malgré tout.
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