Venereal Dawn

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16/20
Nom du groupe Dark Fortress (GER-1)
Nom de l'album Venereal Dawn
Type Album
Date de parution 01 Septembre 2014
Labels Century Media
Style MusicalBlack Mélodique
Membres possèdant cet album71

Tracklist

1.
 Venereal Dawn
 11:03
2.
 Lloigor
 07:07
3.
 Betrayal and Vengeance
 07:10
4.
 Chrysalis
 06:29
5.
 I Am the Jigsaw of a Mad God
 08:33
6.
 The Deep
 03:09
7.
 Odem
 06:29
8.
 Luciform
 07:25
9.
 On Fever's Wings
 11:12

Durée totale : 01:08:37

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Dark Fortress (GER-1)


Chronique @ Eternalis

21 Septembre 2014

Décevant et inabouti, "Veneral" Dawn est également l’album d’un compositeur ayant perdu sa vision novatrice

Parvenir à concevoir l’un des labyrinthes les plus obscurs, brumeux et cauchemardesque jamais créés n’est pas chose aisée. Parvenir à en sortir, en extraire la substantielle moelle pour proposer une nouvelle expérience similaire, ou tout du moins égale, est presque vain.
Souvenons-nous de l’expérimentation d’"Ylem". Les germaniques avaient fondé les bases d’un monstre, une créature hideuse à plusieurs têtes, œuvrant sur les traces d’un black metal implacable qui s’étirait dans une sphère progressive intense, dans une aura macabre et destructrice suicidaire et dans un degré qui tendait presque au religieux (les râles intenses et inoubliables de l’incroyable "The Valley"). Tout était parfait dans sa noirceur, tout était dosé, la mélancolie, la violence, la profondeur d’interprétation et les ténèbres incantatoires qui entouraient Dark Fortress à ce moment-là étaient parmi les plus vives. Morean, n’ayant pas complètement fait oublier le travail extrêmement malfaisant d’Azathoth sur "Eidolon", subjuguait littéralement le travail de V Santura et plaçait Dark Fortress bien plus haut et loin que les autres acteurs du black metal progressif.

Puis le temps passa, "Ylem" resta comme un ultime sacrifice, seul, tandis que les autres membres œuvrant à des travaux parallèles et que le principal créateur, V Santura, se concentrait sur Tryptikon et les tournées qui s’enchainaient. De l’aveu même du guitariste, revenir au black metal après avoir passé tant de temps avec Tom G Warrior fut une expérience difficile, tant et si bien qu’il fallut presque deux ans pour que l’allemand soit satisfait et pense crédible la nouvelle orientation de son œuvre démoniaque. Presque cinq ans plus tard, "Veneral Dawn" voit donc le jour…
L’artwork en dit déjà long sur la probable noirceur de l’opus. Le soleil est devenu un poison, la lumière une maladie, le réconfort une utopie. La descente aux enfers de l’opus précédent parait pouvoir plonger encore plus loin, d’autant plus que Santura évoque un caractère plus ambiant que "Seance" avait développé voici dix ans.

Une seconde vision sur le contenu, avant même l’écoute, permet de distinguer une dimension progressive poussée à son paroxysme, avec des morceaux dépassant les dix minutes et un opus de près de soixante-dix minutes. Le titre éponyme, long de onze minutes, ouvre les portes du mal par une mélodie acoustique et la narration de Morean, reconnaissable dès les premiers instants. Une aura malfaisante surgit de ses premiers mots, avant qu’un riff terrifiant ne vienne écraser l’auditeur pour une première accélération salvatrice. La production, dès ces premières minutes, part dans une direction diamétralement opposée à Ylem. L’aspect clinique, glacial, tranchant et terriblement puissant laisse sa place à un son organique, moins précis, plus vivant et animal mais perdant en impact et en agressivité. C’est notamment la batterie qui en pâtit, souvent noyée derrière les riffs et le chant, très en avant dans le mixage. Morean, sur ce premier morceau, transcende une composition au demeurant sans grande surprise, certes longue mais très traditionnelle dans sa construction et sa narration. On trouvera également un étrange solo, très heavy dans son expression, contre nature presque. Difficile de savoir réellement à quoi s’attendre, surtout qu’il amène un second solo, bien plus dans l’esprit du combo, sur une double pédale étouffante dans une ambiance mystique si propre aux allemands.

Allons désormais droit au but. Non, "Veneral Dawn" n’est pas le digne successeur d’"Ylem", ni même d’"Eidolon" ou "Seance". Ce septième album, plus qu’un album de transition, place une véritable cassure dans la discographie du groupe. Certes, nous avons toujours face à du black metal mais la métamorphose ici est telle que l’ensemble souffre cruellement d’un manque d’agressivité, d’ambiance et de riffing proprement black. Les mélodies acoustiques, les plans ambiants et atmosphériques se multiplient mais sans créer l’atmosphère si envoutante et malsaine des années passées. "Betrayal and Vengeance", bien plus violent, se pare malheureusement de riffs d’une extrême pauvreté, sauvés par la performance toujours aussi effroyable de Morean, parolier d’atrocités parfaitement retranscrites par la cruauté et le dégout que procure ses vocaux.
Comment prendre "The Deep", qui marque le croisement entre Dark Fortress et Opeth, mais sans l’efficacité du premier ni la classe du second ? (ni le malaise que procurait, dans le même genre, un titre comme "Incide"). Idem pour "Lloigor" qui s’ouvre sur une mélodie ressemblant à s’y méprendre à du Opeth époque "Watershed". Certes, la qualité intrinsèque est là mais l’identité de Dark Fortress complètement bafouée.

Cruellement, il est difficile de ne pas avouer que l’on ressent un ennui profond à l’écoute de certains titres de ce "Veneral Dawn", sans surprises ni personnalité. Le blasphème des allemands s’enchaine sans âme, les morceaux ne marquent pas, et l’aspect mystique de titres comme "Evenfall", "Wraith" ou "Ylem" est bien loin de parcourir les écrits ici présents. "Chrysalis", une fois de plus sublimée par Morean, développe une ambiance noire et instable, les claviers de Paymon (ayant récemment quitté le groupe) peignent une angoisse permanente mais l’on regrette une fois de plus des arpèges et des mélodies de guitares cleans perméables de toute ambiance, d’âme et confondant de facilité. Comme si tous ces mois passés avec Tryptikon avaient littéralement vidé V Santura de sa rage et de son talent créatif. "I Am the Jigsaw of a Mad God" (la violence des paroles étant aussi littérales que le titre du morceau) renoue avec une brutalité black metal et une ambiance macabre et fantomatique presque absente jusque-là. Impossible également de ne pas évoquer la monumentale "On Fever’s Wings" qui, comme "Wraith", se défait de presque tout ce qu’il y a de black metal mais parvient à créer et installer une ambiance, une atmosphère digne d’une cérémonie dédiée au malin. Si l’influence de Shining (le vieux…) peut apparaitre comme rédhibitoire dans ce genre d’exercice, Dark Fortress retrouve la justesse de ses riffs, d’un piano bouleversant de mélancolie et de noirceur tout en multipliant les lignes vocales, qu’elles soient hurlées, claires ou féminines. Il est ainsi paradoxal de regretter le manque de brutalité de l’album pour trouver toute la justesse attendue sur l’offrande la moins virulente. La sentence solennelle qui résonne de l’orgue offre un visage contemplatif et définitif, tout comme ce chant clair sonnant comme une prière, une litanie d’un monde déjà perdu, acceptant son châtiment, comprenant son glas et priant les âmes pour partir en paix.

"Veneral Dawn" sera l’œuvre décriée, celle ne parvenant pas à combler une attente si longue. Le voyage y est plus long, parfois soporifique, linéaire et clairsemé d’idées. La bataille, physique ou psychologique, n’est qu’un feu de paille en comparaison des épreuves que nous avions dû passer pour parvenir au bout des offrandes précédentes. Décevant et inabouti, "Veneral" Dawn est également l’album d’un compositeur ayant perdu sa vision novatrice et sans concession du black metal. Nul doute qu’il n’en sera pas de même sur la prochaine prière des germaniques, mais la sensation de trop peu est telle que les doutes à lever seront nombreux dans les années à venir.

8 Commentaires

3 J'aime

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Eternalis - 21 Septembre 2014: Même après un mois d'écoute, j'ai toujours la même sensation... Pas assez de riff marquant, des ambiances qui sont globalement les mêmes que dans le passé, une prod qui manque de mordant et d'impact...et surtout un manque d'inspiration général. Morean surnage dans cet album je trouve... Et pourtant, je l'attendais depuis un bout de temps celui là...
Krypt - 21 Septembre 2014: Ylem était déjà très/trop kitsch, je m'en suis dès lors détourné. Ta chronique m'intrigue, je vais tout de même y jeter un coup d'oeil...
widomar - 21 Septembre 2014: Personnellement je l'ai trouvé bien plus abouti que le Ylem. Je me suis bien laissé emporté par ce son, ses ambiances.
Darkkness - 23 Septembre 2014: Je suis d 'accord avec le rédacteur de la chronique.
J'aime beaucoup ce groupe et j attendais un autre album dément mais je suis déçu par ce nouvel opus.En fait, je me fais chier quand je l'écoute.Cet album m'ennuie, même s'il est malgré tout bien construit, je ne ressens aucune des émotions que ce groupe pouvait me procurer jusqu'à lors.
Et commencer un album avec un morceau de 11min, faut oser...ils peuvent faire du doom bientot....
Et ce qui m'achève c'est la voix féminine, claire et "orientale" d'un autre morceau de 11 minutes(au secours!) : "On fever's wings".Là c'est le coup de grace.
M'en vais écouter du black brutal pour évacuer ma frustation!
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