Dans les ténèbres opaques du malin, surgit la lueur du démon…le rite sacrificiel est sur le point de commencer, la cérémonie ouvre ses portes, apportant avec elle chaos, désolation et cauchemar. La bouche d’un autre monde est face à nous et s’imprègne de notre atmosphère…de sa supériorité il nous fixe, outrageusement nous osons faire de même…irréversiblement il s’empare de nous…la cérémonie ouvre ses portes…
Quatrième méfait des germaniques de
Dark Fortress, "
Seance" va beaucoup plus loin dans la contemplation diabolique et l’étude du divin ténébreux, de l’ange de la connaissance ultime qui, de par son savoir, ne connu que chaos et dépravation.
Azathoth, incarnation du mal, conte la noirceur de ses songes, emprunt de maléfices et de mal. S’il ne possède en aucun cas la puissance maléfique et démoniaque de son successeur Morean, son emprunte auditive, sa focalisation sur le ressenti, cette façon de vomir ses mots en y incorporant une inhumanité pleine de souffrance et de peine, écorchée, restera pour beaucoup irremplaçable.
"
Poltergeist", à lui-seul, résonne comme la prière incantatoire d’un suppôt de
Satan sur lequel un riff brutal, tordu s’accouple à un blast effréné et tendu. Car c’est aussi dans sa production que "
Seance" développe toutes ses atmosphères, ses émotions et cette capacité à s’emparer de notre âme pour la confier aux ténèbres. Mieux produit que les précédents opus, tout en gardant l’aspect sale, compact et monolithique absent d’"
Eidolon", il incarne une alchimie quasi parfaite entre la puissance et la clarté d’un son propre avec la noirceur et l’atmosphère des productions les plus froides.
"
Seance" offre à
Dark Fortress un visage plus mature et atmosphérique, prenant le temps de construire son monde, ses méditations et ses ambiances, à l’instar d’un "While They
Sleep" étouffant et suffocant, aux riffs toujours plus hypnotiques et géniaux de V Santura (est-ce un hasard qu’il est rejoint les rangs de
Triptykon ?), tourbillonnants dans l’esprit de sa victime pour le conduire à une folie inéluctable. Ces quelques instants de violons, profondément malsains, tels des âmes pleurant un destin funeste et infini, évoque toute la misère d’un monde vivant bien au-delà de la mort. Ce break bruitiste, minimaliste, met en exergue la complète mélancolie d’un groupe cherchant la pureté émotionnelle dans la tristesse de l’humanité. Une tristesse devenant démence et complète souffrance sur "Incide", tout d’abord presque uniquement vocale, laissant
Azathoth seul, hurlant comme un damné, émettant des râles bestiaux, à bout de nerfs, laissant entendre, tel un métronome, les battements réguliers d’un cœur n’ayant plus envie de vivre. Puis la symphonie s’emballe, de manière précipitée, ultime, baroque et sublime, à la manière presque d’un
Limbonic Art qui profiterait enfin d’une production adéquate. Le souffle de la décadence parvient à nos oreilles…celui d’une humanité en bout de course, en proie à son propre mal-être, à sa propre intelligence, sa propre pensée…
Parfois pourtant plus traditionnel, notamment sur "Catawomb" ou le destructeur "Ghastly Indoctrination", abreuvé de blasts constants et de riffs perçant les sens, tranchant les chairs pour mieux se répandre de notre souffrance futile. Dans une ambiance sentant la pourriture, la mort, la putréfaction et la malice,
Dark Fortress dresse un art aussi humain qu’il n’est religieusement condamnable. Intensément ésotérique, il dégage une âme spirituelle de ses imperfections techniques, notamment vocales, colorant et offrant une dimension plus hypnotisante, au bord du gouffre, sur le constant fil du rasoir. L’écoute se fait stressante, angoissante, s’écartant des mécanismes stéréotypés et préétablis du genre pour bâtir un chemin et une voie qu’il lui est complètement propre.
Si "
Stab Wounds" avait déjà raisonnablement établit le nom de
Dark Fortress en dehors de ses terres, "
Seance" fut le pas qui permis au groupe d’aller plus loin et d’aujourd’hui s’afficher comme l’un des éléments black metal atmosphérique les plus influents et hypnotiques de la scène. Et si "
Eidolon", voyant le départ de son vocaliste, fut une semi-déception, la création d’un chef d’œuvre tel que "
Ylem" à sa suite fut la réponse à ceux qui avait déjà enterré la formation allemande…laissant sombrer encore plus profondément l’auditeur dans ses propres méditations incantatoires.
J'ai découvert la semaine dernière grâce à "Requiem Grotesque" et sa mélodie qui m'a stupéfait. J'ai également beaucoup apprécié la deuxième partie de "Ghastly Indoctrination", qui commence aux alentours de 4 minutes, un passage qui m'a fait penser à ce fait Triptykon aujourd'hui (V Santura chez eux ? Encore un truc que je ne savais pas).
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