Lorsque
Watain a débuté en 1998, il vomissait un black metal noir, habité et sans concession et semblait se foutre de sa popularité, paraissant se fixer comme seul objectif de tout annihiler sur son passage sans se poser de question, d’ailleurs la trilogie
Rabid’s
Death Curse/
Casus Luciferi/
Sworn to the the
Dark a marqué au fer rouge bon nombre de metalleux au début des années 2000.
Aujourd’hui, les choses ont bien changé :
Watain est un groupe incontournable de la scène black metal, une institution presque aussi populaire que Cradle of
Filth ou
Dimmu Borgir dont le but avoué est de répandre la parole du Malin au plus grand nombre via leur musique. Promo médiatique monstrueuse, tournées incessantes, satanisme virulent clamé haut et fort et agissant évidemment comme une vitrine sulfureuse auprès du grand public, le groupe ne recule devant rien pour rester sur le devant de la scène, et a amorcé depuis
Lawless Darkness un virage vers ce que l’on pourrait qualifier de black « mainstream », surtout avec
The Wild Hunt, qui poussait les expérimentations jusqu’à la ballade gentillette, laissant sur la touche pas mal de fans de la première heure. Alors, quid de ce sixième album de la horde suédoise dont la lourde tâche consiste à succéder au controversé
The Wild Hunt qui avait un peu le cul entre deux chaises ?
La réponse est directe et sans fioriture, à l’instar de la musique du trio, qui expédie pied au plancher huit titres en 34 petites minutes. La plage d’ouverture,
Nuclear Alchemy, nous explose directement aux tympans avec une sauvagerie jouissive, sur ce riff thrashy infernal très vite appuyé par un blast fulgurant de rapidité et des hurlements bestiaux pour un début à s’en décrocher les cervicales. L’accélération après la reprise est assassine, et même si cette intensité rythmique ne dure pas, l’ensemble du morcif reste rapide, violent et délicieusement agressif. Ce petit brûlot de black thrash, torché en 3,08 minutes à peine, se permet même un break central mid tempo plus posé, avant de repartir sur le riff de départ rehaussé par un bref solo hurlant et chaotique et les aboiements d’Erik Danielsson.
Sacred
Damnation démarre aussi sur les chapeaux de roue, avec un gros blast qui tâche et un riff guerrier à la
Marduk, mais dans l’ensemble, le titre est moins direct, variant plus les tempi, alternant passages rampants aux relents de souffre et attaques frontales, se chargeant de ces petites dissonances à la noirceur vénéneuse dont
Watain s’est fait l’un des plus redoutables ambassadeurs, et allant jusqu’à offrir une fin de morceau particulièrement mélodique dans ce déluge de décibels.
Oui, finies les digressions épiques ou les pseudo ballades pour grimés,
Watain envoie huit titres puissants, noirs et haineux de pur black metal qui entremêlent habilement brutalité, groove (
Furor Diabolicus) et mélodies (Teufelsreich qui fleure bon le vieux
Dissection des familles) avec un savoir-faire éprouvé. Le son est juste comme il faut, un peu crade et abrasif mais pas trop, donnant un côté sale et primitif à la musique des Suédois sans en sacrifier la puissance. A ce propos, les riffs sont généralement simples et efficaces, parfaitement irrésistibles ou envoûtants, et H. cogne comme un sourd sur ses fûts, se fendant de rythmiques majoritairement basiques, rapides et destructrices qui appellent inévitablement au headbang (le début de Towards the Sanctuary), tandis que le frontman scande les refrains de manière véritablement possédée.
Car oui, le véritable point fort de ce disque, c’est qu’en plus d’être compact, direct, très efficace, puissant et accrocheur, il a une véritable âme, une aura satanique qui suinte tout le long de ces 34 minutes (A
Throne Below aux mélodies ensorcelantes et noires qui se consument comme un brasier infernal, l’insidieux
The Fire of
Power aux guitares hypnotiques et lancinantes). Les morceaux ont beau être impeccablement travaillés - comme toujours avec le groupe - on parvient parfois à ressentir ce délicieux sentiment d’urgence cher au style qui s’était perdu sur les albums précédents, renforcé par quelques influences thrash bien senties (
Nuclear Alchemy, Ultra (Pandemoniac)). Certes,
Watain ne réinvente pas le style, mais il nous en offre un condensé pur, racé, puissant et efficace magistralement exécuté.
Vous n’avez pas aimé ce
Wild Hunt ? Aucun problème, ce
Trident Wolf Eclipse, qui revient aux fondamentaux de
Watain et nous offre une bonne branlée de black suédois comme on les aime, à la fois subtil et destructeur, pourrait bien vous réconcilier avec le groupe. Il semblerait finalement que la chasse sauvage ait commencé avec cinq ans de retard, et vous feriez bien de vous mettre à courir sans tarder, car visiblement, c’est vous qui en êtes la proie…
Bête et méchant: très recommandable donc.
Très bonne chronique Icare, cette fois je te rejoins complètement sur la qualité de l'album ! :) Certains l'ont qualifié de Reign in Blood du black metal... je serais étonné qu'il devienne aussi culte mais il est en tous cas irréprochable.
Du lourd cet album, on ressent tout l'altruisme du groupe dès les premieres secondes. Ensuite l'amour et la compassion siègent aimablement pendant 40min. A offrir à tout humaniste avec une boite de chocolat et du lait
Une trentaine de minutes de pure agressivité, c’est clair, ils vont à l’essentiel et ça fait mouche!
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