Watain est un groupe sujet à débat dans le milieu du Black
Metal.
Après leurs deux premiers albums qui leur faisaient une place de choix dans le genre; les suédois ont opéré un virage radical avec la sortie de "
Sworn to the Dark", aux compositions plus mélodiques dotées d'une production plus claire. L'album suivant, "
Lawless Darkness", en est la pleine continuité. Un disque long et aussi bien produit, vendu comme la sortie Black
Metal de l'année par l'écurie Season of
Mist et bon nombre de revues et sites spécialisés.
Avec un telle campagne médiatique, cet album a fortement divisé la communauté métallique, certains arguant que l'authenticité c’était envolé au profit des gains commerciaux, d'autres défendant les idéaux "fuck the world" du groupe, qui chercheraient à continuer de jouer sa musique et non à satisfaire ses adeptes, ne faisant fi d'aucune remarques ni conventions.
Singulièrement, "
The Wild Hunt" semble porter ces deux facettes en lui, avec plus ou moins de succès...
Watain est, avec
Shining, le groupe qui disons popularise une certaine vision du
Metal Noir: il se désolidarise quelque peu des principes du genre tout en continuant à les défendre.
Bien sur, les acquis du groupe sont toujours là, et la musique reste sombre, violente et ritualiste. Beaucoup de morceaux comme « Black
Flames March » ou «
All That May Bleed » sont d'ailleurs une parfaite continuité de "
Lawless Darkness". Mais, en écoutant, l'auditeur va de surprise en surprise.
Déjà, un aspect Heavy/Thrash
Metal est très présent, surtout dans les solos mais aussi dans les rythmiques, comme celle de « The Child Must
Die ». Il y a ensuite la pierre angulaire de l'album: Une ballade! "They Rode On" est un morceau qui nous permet d'entendre chanter Erik Danielsson en voix claire sur des sonorités rappelant les chansons douces de groupes américains tel que
Metallica ("Welcome
Home, Sanitarium" en est d'ailleurs très proche). De quoi sérieusement dérouter l'auditeur habitué aux compositions habituelles du groupe.
La seconde partie de l'album s'avance dans cette continuité, cherchant à expérimenter en déroutant l'auditeur. Le résultat en est plus mitigé sur la longueur. Entre retour à la brutalité sur "
Sleepless Evil" et "Outlaw" (aux accents tribaux rappelant fortement
Rotting Christ) et recherche d'une sensibilité moins violente;
Watain semble sur la fin ne plus savoir ou se mettre. Il en résulte deux morceaux de fin d'album bien fade, ou l’expérimentation tourne en rond et se mord la queue.
Seul le break ambiant barré au sein d'"
Holocaust Dawn" tient encore haute la dragée mais il aurait pu faire office de conclusion plutôt que d'être aussi mal placée dans une composition nettement moins à la hauteur.
On peut tout de même parler du morceau éponyme, qui est clairement la réussite de cet album.
Watain y montre un véritable génie, lorsqu'il reste dans une tradition du genre tout en innovant dans son style. Ici, le groupe livre une véritable complainte Luciférienne sur un rythme presque
Doom. On sent aussi une forte influence du
Bathory période "
Hammerheart" et "
Twilight of the Gods" (1990-91), notamment lors du passage en voix claire, au chant sensible et perfectible, digne du grand
Quorthon; qui avait au passage une très belle façon de défendre sa voix limité mais transcendé par l'authenticité.
C'est donc une semi réussite pour le groupe, étant toujours aussi bon dans son registre mais n’ayant pas encore les épaules assez larges pour expérimenter avec un succès total. Cette galette reste tout de même fortement recommandable, notamment pour sa première partie et son morceau titre. La ballade sera en revanche adoré ou détesté; selon l'approche, les attentes et l'ouverture de l'auditeur. On ne peut tous de même pas nier la démarche authentique et vraie de cet album, qui se met a dos les fans de la première heure; même si, et cela est surement calculé, de nombreux autres vont prendre leurs places.
Le partis pris du groupe sur ce disque est osé, mais il aurait gagner à être encore plus affirmé pour que le combo nous livre une pièce complète et cohérente. Il en résulte alors un album de transition, ou de passage; se sera l'avenir qui nous le dira.
Je sais c'est pas malin, mais j'avais des fourmis dans les doigts. Il fallait que ça sorte !!
A+ mesdemoiselles !!
- L'enchaînement des morceaux est risible, pas vraiment de cohérence dans la disposition de ceux-ci sur la galette.
- Des morceaux pas vraiment accrocheurs (ça c'est pas mal subjectif).
- Des morceaux vraiment dispensables (Outlaw, Sleepless Evil et Holocaust Dawn... du putain de remplissage).
- Une production beaucoup trop claire. Celle de Casus Luciferi (je ne compare pas la musique attention) était beaucoup plus percutante et puissante dans les graves.
Bon ceci-dit, il y a quand même quelques morceaux sortant du lot :
- All That May Bleed (et ses soli entraînants)
- The Child Must Die (bien groovy)
- The Wild Hunt (le chant clair et l'ambiance sont top)
- They Rode On (pas trop mal même si elle est un peu poussive)
Sinon chronique juste.
14/20 en ce qui me concerne.
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