Depuis son retour à la fin des années 2000 après un sommeil de près de 15 années,
Autopsy n’a pas perdu de temps et a retrouvé aussitôt un rythme de stakhanoviste, enchaînant albums et EP, comme à la grande époque début 90’s où les grands groupes de Death
Metal sortaient quasiment un album par an. Toutefois à régime forcé on risque parfois de serrer le moteur. Heureusement le mal n’est pas trop profond : le moyen
The Headless Ritual (2013) n’était qu’une légère surchauffe et la machine de Chris Reifert n’a pas serrée.
Peut-être vexé par l’accueil tiède de leur précédent album et loin de s’asseoir pour faire le point, le quatuor révise son engin, regonfle à bloc le moteur et remet les gazes de plus bel. C’est donc dix mois seulement après le disque précédent que Tourniquets, Hacksaws and
Graves (2014) débarque dans les bacs.
Point d’intro encombrante ici, mais une attaque directe avec un Savagery dévastateur sur lequel le moteur rugit comme un vieux Range Rover embourbé, rouillé et taché de sang, qui pourtant avance encore inexorablement. Ca bastonne sans concessions dans le pur style
Autopsy, et le son est aussi puissant que visqueux, comme d’habitude. En même temps bouleverser les habitudes n’est pas dans le genre de la maison : même ingénieur du son qu’auparavant avec Adam Munoz et son Fantasy Studio, même illustrateur avec le génial Wes Benscoter (passablement moins inspiré que sur
Macabre Eternal toutefois), et bien sûr même écurie avec Peaceville, label auquel les californiens sont fidèles depuis le début.
Toutefois une demi surprise attend l’auditeur sur le remarquable et étonnant The Howling
Dead, on y entend en effet des sonorités
Sludge /
Doom prononcées, avec lourdeur et crasse intégrées qui sentent bon les bayous de La Nouvelle Orléans et un riffing que ne renieraient pas
Eyehategod ou
Crowbar. C’est d’ailleurs le seul titre composé conjointement par Reifert et Cutler. Cette incursion vers le
Doom n’est pas la seule, l’hypnotique
Burial jonglant entre
Doom tombal et Death poisseux.
Parasitic Eye se rapproche davantage d’un Death / Thrash à l’ancienne, c’est aussi là qu’on voit les spécificités des musiciens puisque c’est le seul morceau composé par Dani Coralles.
C’est sur l’homogénéité que Tourniquets… se montre supérieur à
The Headless Ritual, ce dernier comportait son lot de titres lambda, alors qu’ici chaque pièce vaut son pesant de cacahuètes.
King of the
Flesh Ripped et son solo de fin très rock’n’roll, le trépident
After the Cutting, Teeth of the
Shadow Horde et son riffing impitoyable, l’horrifique Deep Crimson
Dreaming, etc, chaque chanson est au niveau. De plus Chris Reifert est plus que jamais au top vocalement, avec un guttural tel un zombie faisant des gargouillis avec du pétrole dans la bouche et des screams à glacer le sang.
Comme un symbole, c’est la piste
Autopsy qui clôt cette galette putride, un titre éponyme après plus de 25 ans de carrière c’est plutôt rare, celui ci figurant généralement sur l’un des premiers albums voire le premier. Dans tous les cas, si ils voulaient composer un morceau représentatif de l’esprit
Autopsy c’est réussit, le tout avec évidemment des paroles gores de série Z absolument délicieuses.
Autopsy n’aura pas laissé planer le doute longtemps et apporte un cinglant démenti à ceux qui voyaient le début de la fin, le vieux briscard Eric Cutler et ses amis sont bien loin de la retraite et semblent prêts à découper du mort vivant jusqu’à leur dernier souffle. Tourniquets, Hacksaws and
Graves remet tout simplement les choses au clair avec brio et avec du sang, beaucoup de sang.
BG
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