Cela fait bien quelques années déjà, que le grunge vient de poser ses bagages, et qu'il a par la même occasion, réussi à instaurer ses codes, sa dynamique hargneuse et mélancolique ainsi que ses thèmes prédominants. Trois années se sont écoulées depuis son apogée, lui ayant permis de passer à un stade supérieur avec la sortie d'albums devenus cultes comme "
Ten" de
Pearl Jam ou encore le très controversé "Nevermind" du défunt
Nirvana. C'est évidemment, les larmes encore chaudes des fans, le succès encore reluisant, qu'une des idoles charismatiques du genre vient de s'éteindre, à l'âge de vingt sept ans seulement, à peine deux semaines de la publication de "Throwing Copper".
Mais il faut revenir en arrière, pour s'apercevoir que d'autres facteurs ont également contribué à l'élévation de "Nevermind" comme album dit classique lors de l'année 1991. Cette requalification s'est aussi faîte, en plus de la musique à proprement parler, du charisme et de l'engagement de ses membres, à partir de cette pochette. Une image qui a su donner une signification particulière et concrète, rattachée à l'actualité et qui a su populariser ce très célèbre artwork.
La pochette qu'il nous propose est donc une réalisation (peinture) de l'artiste écossais Peter Howson intitulée "Sisters of
Mercy" mettant en scène un groupe de prostituées pousser un homme tenant une bible, à se jeter de la falaise et explorant par ailleurs, les thèmes de la trahison, de la vengeance et de la peur. Cependant,
Live est un groupe nettement moins connu dans le monde entier (surtout en
Europe) et n'a donc jamais eu le succès et la réputation de ses compères de Seattle comme
Soundgarden ou
Alice In Chains. Le hasard fait d'ailleurs très bien les choses puisque pour enregistrer son deuxième album du nom de "Throwing Copper" - le quatuor américain choisit le Pachyderm Studio, rendu célèbre par
Nirvana lors de son passage pour "In Utero" en 1993 (c'est-à-dire la même année).
L'ouverture de cet opus se fait avec "The Dam at Otter Creek" et son intro lancinante, rythmée par le chant douloureux et parfois déformé de
Ed Kowalczyk, se clôturant finalement par un rythme de plus en plus rapide et où la hargne ira en augmentant son intensité. Mais c'est véritablement sur "T.B.D." que les larmes de son vocaliste couleront sur le micro avec ces notes tremblantes et justes murmurées, puis avec ces envolées hard-rock de dernière minute que l'on peut aussi retrouver sur "Stage".
D'autres titres se rapprochent néanmoins du premier essai "
Mental Jewelry" par leur côté intime et un peu spiritualiste dont "
Pillar of Davidson" où on aura droit à une sorte de marche funèbre jusqu'à l'ouverture optimiste de son leader à 02:33 par exemple, contrastant avec les couplets dans un ton très mélancolique. Ainsi, c'est bel et bien le charisme et le timbre vocal si particulier de
Ed Kowalczyk qui d'un côté, fait vivre l'album. La section rythmique, très engagée dans cet opus, n'est pas non plus à oublier puisqu'elle double presque sa puissance voire même sa présence sur "White, Discussion" constituant l'un des plus beaux bijoux de ce "Throwing Copper".
« I talk of freedom
you talk of the flag
I talk of revolution
you'd much rather brag »
Le quatuor nous crédite ainsi, d'un long discours plaintif, où les textes vont de pair avec l'assimilation des mélodies et où le groove semble avoir atteint son apogée, et ce, depuis la jeunesse maladroite connue sous Public Affection (actif entre la fin des années 80' et au début des années 90' jusqu'à la signature avec
Radioactive Records en 1991). La fougue du vocaliste sera aussi bien mise en avant par des envolées apocalyptiques, des screams ainsi qu'une instrumentation plus lourde, des passages distordus ou encore de petits breaks musicaux.
Néanmoins, des titres plus classiques, mettant davantage en avant les influences rock alternatif de
Live comme "All Over You" ou encore "
Shit Towne" (bien que l'on retienne assez vite les « gotta live » prononcés) - révèlent des écarts d'intensité avec de plus gros hits tels que "Selling the
Drama" ou "I Alone" par exemple, évoluant de quelque chose de calme vers des notes déchaînées où le reste du groupe se joint aux chœurs avec ferveur pour ce dernier.
La production atteste donc que
Live est bien plus qu'une simple lueur d'espoir dans le genre grunge post-
Nirvana et offre des sons bien différents pour au final, un "Throwing Copper" qui trouverait sa place parmi les classiques des années 90'. Le succès de
Live est certes, arrivé en décaler par rapport au reste de la scène de Seattle issu de la première vague, mais des titres comme l'intense ballade du nom de "
Lightning Crashes" hisse
Live au sommet de son art.
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