Piliers du metalcore mélodique, les Américains de
Killswitch Engage ont emmené le style au sommet de son art dans les années 2000. La formation peut compter sur une période de succès accru grâce à des disques tels que
The End of Heartache (2004) et
As Daylight Dies (2006) qui contiennent certains de leurs plus grands hits.
Néanmoins, comme les autres groupes, le quintet a énormément souffert au début de la décennie 2010 avec un style qui s’est grandement effondré. Cette chute s’est manifestée par la sortie de l’album éponyme, une œuvre en autopilotage, peu inspirée et monotone dans ses refrains sans fin (petite rime glissée sans la moindre pression). Fort heureusement pour notre petite troupe, cette bévue a été rattrapé au moyen d’un
Disarm the Descent qui a signé le retour de Jesse Leach derrière le micro et de revenir sur des riffs fignolés.
Sur ses deux derniers ouvrages, le collectif ne s’est pas particulièrement illustré et s’est plutôt contenté de suivre un rythme de croisière et de mettre de l’huile dans les rouages. Les deux sorties ont d’ailleurs été plutôt discrètes et n’auront pas été récompensées comme l’ont été les précédentes productions. Après cette période mitigée, il s’ensuivit une longue pause de près de six ans avant un retour presque inattendu et l’annonce d’un neuvième opus nommé
This Consequence. Cette renaissance est portée par un changement de maison de disques historique puisque le quintet qui était toujours rattaché jusqu’à présent au label Roadrunner Records a cette fois-ci fait confiance à
Metal Blade Records (
As I Lay Dying,
Cataract,
I Killed The Prom Queen).
Après une telle attente, nos espérances envers nos artistes ne pouvaient qu’être grandes. Malheureusement, dans les faits, nos Américains peinent véritablement à convaincre. Englués dans ce qui était son principal atout et sa force majeure, la formation ne semble plus être en mesure de franchir un cap et se contente désormais de ce qu’elle sait faire de mieux à savoir produire un metalcore harmonieux parfaitement millimétré. Bien sûr, nos musiciens savent produire d’excellents riffs à la fois tranchants et véloces à l’instar d’un
Forever Aligned. Bien entendu,
Killswitch Engage sait aussi pondre des mélodies techniques dans un registre qui tend vers le death metal comme sur le surprenant The
Fall For Us et nous octroie même d’une section inquiétante où les termes « hate » et « fear » nous hantent pour nous provoquer une véritable angoisse.
Cependant, ces compositions bien qu’admirables ne nous font pas vraiment oublier les nombreux titres dispensables et conventionnels. Parmi eux se trouve un Broken
Glass qui se réduit au même riff un peu désuet qui n’évolue guère ou un
I Believe où le chant clair ne marque pas spécialement les esprits, la faute à une certaine prévisibilité et à une étincelle aux abonnées absente. Le classicisme des morceaux est également dû à des structures couplet-refrain inspirées de la pop qui brise tout étonnement. On a ici et là quelques solos qui tentent d’enrayer cette monotonie, le plus notable étant sans conteste celui de Where It Dies, mais qui ne suffisent néanmoins pas à combler une redondance omniprésente.
Au même titre que de nombreux collectifs de metalcore mélodique, le chant clair a une place de choix dans l’ensemble des chansons. Pour autant, on regrette amèrement que cette palette débarque systématiquement lors des refrains, ce qui là encore empêche tout coup de théâtre. Mais là où le quintet américain pêche tout particulièrement, c’est sur cette production aseptisée, très cristalline et moderne dont la profondeur ainsi que l’impact ne sont pas aussi intenses qu’attendues. En guise de comparaison, un groupe tel qu’
August Burns Red qui n’est pas foncièrement plus excentrique que notre quintet américain peut toutefois se vanter d’un mixage gras et équilibré.
This Consequence ne marque ni une révolution ni une prise de risque pour
Killswitch Engage. Si le groupe démontre toujours un savoir-faire incontestable en matière de riffs acérés et de mélodies accrocheuses, il s’enferme néanmoins dans une zone de confort qui finit par desservir son propos. L’absence de surprise, la production trop lisse et le schéma répétitif des compositions laissent un goût d’inachevé, surtout après six longues années d’attente. Bien sûr, les amateurs du groupe y trouveront leur compte : l’efficacité est toujours là et certains titres rappellent pourquoi le quintet reste un pilier du metalcore mélodique. Mais en se refusant à bousculer ses propres codes, les Américains se condamnent à un certain statu quo et risquent de perdre l’intensité émotionnelle et la spontanéité qui faisaient jadis sa force. Ce comming-back, sans être indigne, laisse un sentiment mitigé entre nostalgie d’un âge d’or et crainte d’une mécanique trop bien huilée pour séduire à nouveau.
Ah tien, c'est la première chronique sur cet album que je lis qui le descend un peu. Mes premières écoutes sont très bonne pour ma part, Atonnement était très bon, celui ci me surprend de par sa qualité. Après je n'ai pas tout écouté d'eux, mais leur discographie est ma liste.... Je comprend ta déception, les mécaniques ne sont pas nouvelles, peut être que quand j'aurais bien écouté tous les précédents , l'effet sera moindre. J'aime bien le fait qu'il ne tombe pas dans de la soupe, certain couplets me font penser à du Caliban, la voix de Jess Leach est folle, je ressens beaucoup de travail sur ce skeud. Ca envoit bien entre Abandon Us , Requiem, les blast de Discordent nation , l'excellent refrain de Aftermath...
Merci la Chro, et ton travail Groaw
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