Pourquoi je me suis acheté ce disque moi….
Pour le logo du groupe. Je sais c’est tarte, mais le voyant plusieurs fois sur différents topics, il m’a plu d'emblée. Son aspect gothique, ses trois faisceaux comme des vitraux en ogive, courant dans les cathédrales et l’architecture…gothique.
Qui avec le recul ressemble aussi à des ogives de missiles tactiques.
Et aussi, les commentaires l’accompagnant, souvent élogieux, et la référence Death Melo. Genre que j’affectionne.
Donc croisant cet album chez Gibert en occase, avec cette pochette abstraite et diablesque frappée de ce beau logo «lisible» et blanc.
J’achète sans savoir le 1er album de ce groupe concitoyen d’ABBA et Neneh Cherry.
At The Gates, 1er album «
The Red in the Sky Is Ours», sorti en 1992, époque où j’étais complètement déconnecté du
Hard et du
Metal en particulier.
Bien qu’au hasard de différentes acquisitions, je découvre avec plus ou moins de bonheur des albums et groupes de ces époques et genres qui m’étaient pratiquement inconnus et assez repoussant à l’époque pour me faire snober ces genres nouveaux qui ne me parlaient pas.
C’est avec l’oreille du candide que je découvrais cet album il y a quelque mois, et que je rédige cette chro aujourd’hui.
Death Melo qu’y disent sur SoM, Wiki et partout…Death Melo….. ?
J’y trouve plutôt un goût d’black moi, un Black thrashy comme avant…mais propre.
Sauf la voix. Qui est pour moi le gros problème de l’album, surtout la premières fois.
Un chant black qui se veut écorché, mais qui n’est qu’un cri désagréable et lassant.
Qui d’entrée me fait décrocher, laissant tourner et passant à autre chose. Mais la seconde partie du 1er titre m’intrigue déjà, une petite mélopée médiévalo-folk à la viole hésitante et mélancolique, avant que le cri reprenne.
Mais, tout au long de cette première écoute, régulièrement mon attention sera reprise, souvent avec étonnement, par des instants disséminés ici ou là.
A la seconde écoute la voix se fait plus acceptée et la musique prend une autre dimension.
Avec mon peu d’expérience je rapprocherais ça d’
Unleashed, du Death au balbutiement du Death
Un gros thrash encore marqué heavy et des déstructurations musicale autant black que death.
Une musique, et c’est son point fort, complexe sans être rébarbative, bien au contraire elle vous absorbe, le chant monocorde devenant secondaire.
Surtout après les deux premiers titres franchement BM, avec à la base, à peu près le même riff de guitare, sans réel intérêt, sauf sur le second, où la batterie devient bien plus imaginative.
Caractéristique qui se révèlera comme étant l’atout majeur de ce jeune combo suédois, j’insiste sur jeune, à l’époque les membres d’
At The Gates ont entre 17/18 et 20 ans, ce qui va d’ailleurs à la décharge du chant, surement un peu vert. Et qui fait ressortir la dextérité, le bagage et l’ouverture des musiciens. Des qualités sans lesquelles, il faut bien le dire, leurs créations seraient relativement banales surtout en les découvrant aujourd’hui si elles n’étaient constellées de perles de technique ou d’inventivité.
Un album qu’on ne peut pas écouter par-dessus la jambe, il faut faire attention
car sa richesse se trouve dans le détail, dans les ruptures et ponts, des riffs acérés, techniques, sans être inhumains, des boucles qui deviendront des références comme sur le sublime «Neverwhere », que nous retrouverons quasiment à la note plus tard, chez
Amon Amarth
Ce titre détient à lui seul, toutes les caractéristiques, qui font l’intérêt de cet album, comme déjà dit, un sens pointu du riff et de la boucle, une batterie rapide et porteuse sans être envahissante, sans abus de cymbales et une basse groovante, le titre à beau être pesant, il n’en est pas écrasant, allégé par les guitares et des ruptures à la limite du Free Jazz d’une basse étonnante tout au long de cet opus, les moments de cavalerie étant aussi parfois soutenus par un violon plus mélancolique que pour le coté folk.
Un titre à la construction tordue sans être déconcertante, d’une technicité abordable qui permet à la musique d’être assez facile d’accès tout en étant très loin d’être simpliste.
Le titre suivant «The Scar» bien que le plus court est mon préféré, simplement à base d’un thème de guitares poignant en boucle qui me rappelle
Baroness et d’un chant…chuchoté, Tomas Lindberg devrait toujours chanter comme ça…en plus, c’est gothique et la voix claire est bonne.
Deux titres pas loin d’être à l’opposés l’un de l’autre et qui pourrait également conférer une impression d’incohérence à l’album et au groupe mais qui n’est pas fait pour me déplaire, j'appellerais ça plutôt de la variété, et pour ce genre assez spécifique, du courage aussi.
Un album qui suscite ma curiosité pour en entendre plus. Malheureusement freiné par la voix, qui bien que finissant par être supportable, n’en reste pas moins un gros handicap pour moi.
Sans compter que c’est la réédition que je procède, et qu’elle est pourvue de 3 titres bonus dont 2 live et hormis le son catastrophique, le chant y atteint le niveau du grotesque (d’où peut-être le nom précédent du groupe) ressemblant aux éructations du garde français dans le sacré
Graal des Monty Pythons, et une batterie à cent lieues de ce qu'elle offre en studio, ça aide le multi piste.
Le dernier bonus étant une démo qui aurait eu facilement sa place sur l’album, mais avec la même voix qu'en live.
Un album, qui est devenu une référence, qui prend sa dimension death surtout dans sa seconde moitié l'excellent «HOoo» bien death de «Neverwhere» faisant comme le poinçon du bijoutier, certificat sur la qualité de l’or, et qui même si la production peu paraitre un peu datée, n’en reste pas moins très écoutable
Production par ailleurs, impeccable, dans le sens old school accentuant le coté blacky/ thrashy et faisant ressortir la batterie et la basse sans noyer les guitares dans leurs vrombissements.
Tout en finesse, comme la musique de
At The Gates.
fabkiss
Comme tu le dis, ce côté simultanément mélodique et alambiqué fait la grande force de cet album.
Je l'étais toutefois un peu emballé sur la note, mais je ne descendrais pas plus bas que 16...
En accord total avec le chroniqueur qui place très justement At The Gates et cet album comme le détonateur, sinon le catalyseur, du death mélo suédois. On sent clairement l'influence qu'a pu avoir ce skeud sur des groupes comme Dark Tranquility, In Flames, Eucharist ou Dissection.
Merci pour cette chronique. Je reviens sporadiquement à mes classiques de temps en temps, et j'aime à relire tes chroniques. Je conseille le remaster de 2003 qui corrige quelques défauts de la production d'origine, bien qu'en restant un peu famélique.
J'ai découvert cet album il y a peu au détour d'une interview. Je connais At the Gates depuis longtemps mais j'avais pas exploré la disco avant Slaughter. J'ai carrément honte d'être passé à côté de cet album... Une super découverte d'un disque qui est original, technique, agressif tout en étant capable d'amener de la mélodie, du tordu et du mélancolique, le tout en gardant sa cohérence, et enfin puissant (enfin, autant que le permet la prod comme souligné dans la chro).
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