Onze ans… C’est le temps qu’il aura fallu à
Monstrosity, vénérable combo de la vieille garde floridienne, pour proposer un successeur à
Spiritual Apocalypse. Honnêtement, je ne savais même pas que le groupe était encore en activité, et c’est donc avec autant de surprise que d’excitation que j’ai vu annoncer la sortie de ce sixième full length,
The Passage of Existence, à la superbe illustration. Si le quatuor ne fait pas vraiment partie des pères fondateurs et des groupes cultissimes de Tampa (comprenez les Death,
Obituary,
Morbid Angel,
Autopsy et autres
Deicide), il est tout de même présent depuis 1990 et fait figure de groupe respecté, notamment grâce à la sortie de missiles comme
Imperial Doom et
In Dark Purity, respectivement en 1992 et 1999.
Une bonne décennie après la sortie de leur dernier full length, donc, il semblerait que pas grand-chose n’ait changé chez
Monstrosity, que l’on retrouve avec plaisir avec un line-up identique (chose inédite chez le groupe !), avec en plus l’arrivée de Matt Barnes à la deuxième guitare. Le style des Américains n’a pas énormément évolué, proposant toujours cet alliage de death old school et plus moderne particulièrement dévastateur rehaussé d’une technique admirable. Si la prestation des musiciens est extrêmement précise et virtuose (le riffing alambiqué de
Solar Vacuum et ses changements de rythme omniprésents qui me rappellent un peu Theory in Practice, le début de
Century avec cette avalanche de notes cristallines), la musique ne perd cependant rien en lourdeur ni en puissance, et on retrouve des brûlots directs et efficaces comme le Cosmic Pandemonia d’ouverture ou Radiated, véritable leçon de death old school boosté aux amphets, avec une rythmique particulièrement marquée.
Les Floridiens sont toujours aussi précis dans leur riffing, extrêmement carrés, balançant des saccades grasses secondées par une double pédale au millimètre (est-il encore besoin de préciser que Lee Harrison est un monstre de batteur et que sa prestation sur cet album est tout simplement impériale?), délivrant un mélange parfaitement contrôlé de fureur et de lourdeur. La majorité reste mid tempo, misant plus sur la puissance que sur la vitesse (The Proselygeist,
Eyes Upon the
Abyss), mais la nouveauté de ce
Monstrosity cru 2018, c’est la mélodie qui se fait plus présente, notamment via quelques parties atmosphériques et ambiancées (
Kingdom of
Fire, Maelstrom, qui montre une facette plus spatiale et presque progressive du combo) ainsi que la présence de nombreux soli techniques et mélodiques qui viennent apporter une bouffée d’air frais bienvenue à ces 57 longues minutes (The Proselygeist,
Dark Matter Invocations, la deuxième partie de
Slaves to the Evermore).
Car oui, malheureusement, s’il y a bien un défaut à trouver à cet album, c’est justement sa durée : avec presque une heure au compteur,
The Passage of Existence est un album trop long et homogène, et malgré les tentatives de la paire English/Barnes pour varier leur jeu, il n’est pas facile de s’enfiler ces douze titres d’une traite. Même si la musique du quintette est loin d’être monolithique, la prépondérance de ces rythmiques lourdes et écrasantes peut lasser à la longue, tout comme le chant de Mike Hrubovcak, par ailleurs très bon, puissant et agressif, mais manquant un peu de variations. En tout état de cause, et malgré ces petits bémols (est-il vraiment si grave de pêcher par excès après une absence de onze ans ?), on retrouve un
Monstrosity très en forme, qui parvient à transcender son propre style en trouvant l’alliance idéale entre pesanteur, brutalité, et musicalité plus subtile. C’est un fait, le monstre est plus que jamais présent, et on dirait bien que le passage du temps n’a aucune emprise sur son existence…
Du coup comme y'a un gros tappage autour du disque j'ai voulu tester. Alors ouais ok c'est bien foutu tout ça, mais je me suis fait bien chier. ça sent trop le savon.
Monstrosity, un groupe où je me suis jamais plonger dedans, mais les extraits sorties, mon vraiment plus.
Je te rejoinds ICARE, je trouve l'album vraiment sympa mais trop long, les 3 derniéres compos sont de trop et n'apportent pas grand chose de plus. Cela reste quand même un très bon album
J'espère que tu vas lui redonner une chance Pierre, à cet album, car il le mérite vraiment. C'est vrai que ça sent un peu le savon, et c'était déjà le cas sur le précédent, la période diabolique d'un Imperial Doom étant bien loin, mais ce type de death formidablement bien exécuté, et j'ose le mot, vertueux par moments - ces putains de soli sérieux - est salvateur et donne un autre regard sur la carrière de ce groupe qui a proposé une évolution cohérente. Quand à la longueur qui peut déranger, elle ne me pose pas de problème, tout simplement parce que plus l'album avance, meilleurs sont les morceaux. Une galette bien généreuse qui fourmille d'idées, de riffs et de leads bluffants. Pareil concernant le chant, pas de lassitude de mon côté étant donné que Mike a la bonne idée de ne pas trop en faire et de laisser respirer certains passages, au contraire du dernier Deicide, pour ne fournir qu'un exemple d'un album récent aux superbes soli, où le chant de Benton devient soulant tant il hante chaque riff. Avis tout à fait personnel bien sur. Bref, album génial ce Passage of Existence.
Du même avis que Manu, avec un album que je trouve aéré judicieusement, avec des parties fort joliment exécutées. "Radiated" est fabuleux, et même si Harrison participe à toute l'écriture des morceaux, le travail d'équipe se ressent avec notamment un jeu de batterie varié. Le bémol du dernier Deicide soulevé par Manu transparaît par exemple aussi sur "Solar Vacuum" où les superbes riffs pourrraient se dispenser de chant par dessus sur certains passages. Fine bouche oblige, car c'est vraiment un cas isolé dans l'album. A la fois mélodique et pleinement deathmetal au sens le plus pur, The Passage of Existence est un très bon disque qui peut faire une porte d'entrée engageante pour aborder ce groupe. Ne connaissant pas les autres disques, c'est donc avec plaisir que j'essaierai de creuser plus avant la discographie des Américains. Après, quasiment une heure c'est vrai que c'est un poil long, mais en l'occurence pas de lassitude non plus me concernant grâce à la qualité d'écriture.
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