"Les plus désespérés sont les chants les plus beaux,
Et j'en sais d'immortels qui sont de purs sanglots"
- Alfred de Musset
C'est sans doute là la meilleure façon de décrire cet album de
Sear Bliss, groupe Hongrois, faisant dans le Black Symphonique, et d'une assez belle façon d'ailleurs. Si cela ne vous suffit pas pour comprendre exactement à quoi nous avons à faire, regardez la pochette, elle décrit au mieux l'ambiance de l'album.
Alors oui, l'ambiance ici n'est pas des plus gaies, elle est faite de mélancolie, voir d'un certain désespoir. Il ne s'agit cependant pas non plus de Black dépressif tel que
Nortt, non, ici, on reste dans des schémas plus classiques, moins torturés, mais l'émotion est toujours exprimée avec justesse et si l'on se laisse prendre au jeu, on ressent soi-même cette impression de solitude, de mélancolie qui suinte de chaque titre. Ces sentiments sont, je le répète, magnifiquement représentés par la pochette : écoutez "
Hell Within" en l'admirant ( de préférence en grand ) et vous capterez l'essence de l'album.
Et comment toutes ces émotions sont-elles exprimées musicalement parlant ? Eh bien, les chansons sont plutôt lentes ( même si des accélérations placées à point nommé surgissent assez souvent ), les guitares lourdes... Le meilleur exemple est le début de "Tunnel of Vision" : au départ, juste des accords répétés de guitare, puis des riffs lourds, lents... On est parfois proche du
Doom, mais si on n'y touche jamais vraiment. Pourtant, avec ces accords, le groupe parvient à faire comprendre à quiconque qu'ils ne sont pas là pour nous faire sourire, on sait tout de suite que la musique que l'on écoute est faite pour être plombée.
Mais n'oublions pas le côté symphonique qui contribue largement à l'ambiance générale. Ici, pas d'orchestre grandiloquent comme
Dimmu Borgir nous propose, les claviers sont surtout ici pour l'atmosphère, ils se contentent de jouer tout en sobriété, bien que parfois, ils soient très en retrait ( comme sur "
Land of
Silence". ) Le résultat donne un mélange bien dosé de guitare et de clavier, mais ce n'est pas tout.
L'originalité du groupe réside dans la présence de véritables instruments à cuivre. Ici, c'est une trompette qui est chargée de prodiguer cette marque de personnalité de la part des Hongrois ( si l'on ajoute à ça l'absence de corpse paint, on peut dire sans se tromper qu'ils cherchent bien à se démarquer. ) Là où l'erreur aurait été une sur-exploitation de la trompette, qui en serait devenue horripilante, elle se fait discrète, mais également indispensable. Je n'imagine pas "
Unholy Dance" sans ses courts mais efficaces passages de cuivre, idem pour "Left in the
Dark". Et ses interventions se font parfois menaçantes, parfois funèbres, mais toujours utiles, toujours inventives, collant parfaitement à l'ambiance.
En dernier lieu, on peut également que l'album, bien que cohérent, sait parfaitement varier les chansons et aucune ne se ressemblent, que ce soit le lugubre "
Hell Within" ( qui me fait toujours penser au jeu vidéo
Silent Hill ) ou le mystique et calme "
Soulless"...Et on pourrait trouver un adjectif pour chaque chansons, mais elles seraient toutes liées par un qualificatif commun : sombre.
Pour conclure, on peut dire que cet album est peu connu par comparaison à, par exemple... Le dernier
Dimmu Borgir... Et pourtant, avec moins de chansons, il a une carrure, un charisme et une âme qui lui aurait valu, dans un monde plus juste, une reconnaissance plus large et internationale. Mais si l'histoire en a décidé ainsi, n'hésitez pas à vous pencher sur cet album. Il est difficile à trouver, mais si vous avez un ami qui le possède, surtout, n'hésitez pas à lui demander, il en vaut vraiment la peine et cela réparerait une injustice.
La trompette est parfaitement intégrée à leurs compos et accentue l'atmosphère ténèbreuse de Sear Bliss
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