Déconcertant! Où nous amène désormais «
Sear Bliss »? Après la voie lactée, voici la formation dérivante dans l’univers sans fin, dans l’obscurité et l’inconnu. Quelle est soudain cette image épurée qui semble nous dire qu’une blessure vient de s’ouvrir? Qu’un astre vient de perdre son éclat si magique, caché par une masse infiniment noire. Quelque chose semble en effet s’être déchiré au plus profond du cœur de «
Sear Bliss », une formation hongroise qui aura encore su nous éblouir cinq ans plus tôt par un «
The Arcane Odyssey ». Un gros clash est survenu, ne laissant plus que seul
Andras Nagy aux commandes. Les autres membres ont décidé de former leur propre groupe « I Divine », mais ça est une toute autre histoire.
Andras , bien décidé à faire perdurer la vie de sa formation, fera appel à ses compères de la première heure, à Csaba Csejtei, à János Barbarics et au batteur
Oliver Zisko. Un nouveau trompettiste doit être aussi nommé, ce sera un dénommé Balázs Bruszel qui sera choisi à ce poste peu commun. Nous assistons là à un événement tragique dans la carrière de «
Sear Bliss ». On aurait arraché les grandes ailes d’un être hors du commun, en passe de toucher de près les plus brillantes étoiles. Désormais, il erre dans un espace infini et infiniment sombre.
L’opus débute à peine, que l’on parvient déjà à sentir qu’un changement s’est produit dans l’univers étoilé du combo hongrois. Un passage dans un trou noir comme l’indiquerait l’inspiration spatiale des prémices d’«
Eternal Quest ». S’ensuit un air des plus monotones, et de menus tintements, lueurs infimes au milieu de l’obscurité la plus absolue. À l’intervention du chant rageur, la musique se stresse, se crispe, s’agrippe. Ce chant semble totalement étranger à cet univers, magnifié par l’investissement de la trompette. Étrange. Les instruments recréent une sensation d’immensité. Mais aussi immense soit cet univers, il est …. vide. Où sont les étoiles? Jamais les claviers auront été aussi discrets. On reconnaîtra ainsi le vrai «
Sear Bliss » sur des titres où les claviers feront vraiment office de présence, comme sur « There’s No
Shadow Without Light », mais le ton serait plutôt laconique, timoré. Un vrai récital de chiens battus. Quelle tristesse dans ce morceau, quelle mollesse aussi! On a pourtant là un titre comptant parmi les plus lumineux, sur ce produit décidément peu enthousiaste et relativement peu enthousiasmant. Autre retrouvaille ou reste du glorieux vaisseau qu‘il était alors, « Great Cosmic
Disorder » nous ouvre une grande ascension enivrante. Cette limpidité, cette clairvoyance devront cohabiter avec une force infernale, celle du duo chant/guitares. La moitié de piste se perd dans les tréfonds de l’oubli, de l’ennui. Heureusement une puissante charge cuivrée va nous réveiller, laissant le dernier tiers à un fourmillement sonore, nouvelle sensation du vide sous nos pas.
Oui, le vertige nous guette, nous donnerait la nausée. Il est d’ailleurs très bien reproduit par « The New Era of
Darkness ». Lent, déstabilisant, pris par moments de fortes convulsions brutales. Difficile de décrire ses sensations. On hésiterait entre l’incompréhension et le désole. «
Sear Bliss » fait maintenant du black metal avant-gardiste. « A
Lost Cause » est bien là pour le confirmer en tout cas, offrant une bonne panel de décalages entre le chant black et les chœurs clairs coulants comme du camembert, entre le riffing crispant et la trompette jouant au remonte pente. On serait encore loin du néant absolu. Nous frissonnerons sur les airs malsains d‘« Entering the
Seventh Gate ». Des voix, des échos se répondent. De nouvelles situations de contrastes, des périodes de flottements et de charges. Surpris d’y trouver un chant féminin soul dans le pur style des années 50-60, dialoguant avec un
Andras totalement recroquevillé sur lui-même.
Après avoir parcouru les galaxies et avoir exploré les astres comptant parmi les plus lumineux, nous voila face au vide. Des fastes, de la grandeur, du rayonnement, nous nous retrouvons aujourd’hui devant une profonde et insurmontable amertume. «
Eternal Recurrence » est un disque élaboré, travaillé, aux méandres complexes. L’ennui, la frustration seront cependant nos ennemis à l ‘écoute de cette courte production. Après la sensation de froid et de stress procuré, ne viendra plus qu’un infini bâillement. «
Sear Bliss » explorerait désormais un autre univers que le sien, mais à la différence de son compatriote «
Thy Catafalque », sur le point lui de devenir une envergure en matière de metal avant-gardiste, il est perdu, en proie au doute et au remord.
13/20
Cet album est plus atmosphérique et avantgardiste je trouve, avec des touches différentes, moins dans le cosmique malgré tout, et surtout moins dans le sympho. Des passages jazzy, d'autres plus étranges et barrés qui font froid dans le dos, des choeurs bizarres et pas adaptés. Mon préféré reste "Great Cosmic Disorder", mais on retrouve plus la patte des anciens opus. Dommage.
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