Le sulfureux
Rape of the Bastard Nazarene n’était donc pas resté tout à fait anonyme. Même si tout cela se règle entre serviteurs de sa Majesté britannique, le label Peaceville signe avec justesse ce groupe prometteur décidément pas comme les autres.
De toute façon, pas grand-chose à craindre du côté de la sacro-sainte indépendance artistique d’Akerocke. Ces marginaux en costume cravate, qui ne prêtent pourtant pas vraiment à sourire dès que l’on considère leur univers musical, ont déjà pris les devants en entamant leur second disque dans leur propre studio, le label leur permettant principalement d’obtenir une distribution à la hauteur de leur talent.
The Goat of Mendes s’avère être la suite logique de Rape…l’univers effrayant, d’une noirceur étouffante, le satanisme cru et obsessionnel des textes, la violence stridente et déroutante de son death technique aux relents de black metal.
Une différence toutefois, et un paradoxe : la production est plutôt de qualité, le son est à la fois puissant et incisif, le mixage bien plus précis (même si la basse reste en retrait). Et cette clarté sonore n’entame en rien l’ambiance brumeuse et malsaine, là où le chaos de Rape pouvait donner l’illusion d’y participer. Excellente surprise au demeurant, qui confirme sans discussion l’éclosion du génie d’
Akercocke.
Le pas en avant est magistral, même si les Anglais conservent tout ce qui faisait déjà leur force. D’abord une technique remarquable qui leur ouvre tous les horizons rendus possibles par leur créativité débordante. Fulgurants de puissance dévastatrice quand ils le souhaitent, par le biais de riffs écrasants et de blasts mécaniques, ils savent ménager en continu cet univers suffocant en utilisant toutes les ficelles : breaks impromptus, soli vicieux et ensorcelants, intermèdes musicaux angoissants au possible (par exemple Betwixt Iniquatis and Prostigiators et ses cuivres mortuaires à glacer le sang), claviers parcimonieux mais toujours pertinents, les compositions d’
Akercocke ont cela d’imparable qu’elles parviennent à faire cohabiter une certaine souffrance à l’écoute et une addiction à son univers dont on ne peut se dépêtrer.
Toujours aussi prépondérante, la palette vocale de
Jason Mendonca ajoute la touche finale qui donne tout son sens à la musique. Growls d’une profondeur rare, hurlements black vociférés avec une ardeur de possédé, chant clair plaintif toujours inquiétant, quelques voix féminines viennent parachever un tableau varié et complet.
Et comme les Anglais sont particulièrement inspirés,
The Goat of Mendes offre quasiment une heure de violence, à la fois très éprouvante mais diablement passionnante.
Eprouvante, par son caractère satanique prégnant qui relaie parfaitement les textes blasphématoires de David
Grey. Loin des univers glacés du black metal scandinave, et d’une forme d’ésotérisme détaché,
Akercocke impressionne par le côté organique d’un mal et d’une souffrance que l’on sent très proches. Chaque note, chaque cri, chaque accélération ou break aiguisé fait mouche et s’inscrit toujours avec pertinence dans cette lente descente aux enfers. Ces diables anglais inquiètent d’ailleurs, tant cette apparente sincérité et cette maîtrise semblent marqués du sceau de la possession.
Passionnant, le qualificatif n’est pas usurpé. L’ennui ne pointe jamais, du matraquage dévastateur du titre initial au très aérien A
Skin For Dancing In avec son passage black symphonique somptueux, du lancinant et déroutant
Horns Of
Baphomet enchaînant avec un incroyable déchaînement de death brutal sur
Mask Of Gods (et du tout meilleur…).
Certains titres à tiroir explorent de nombreux méandres sans jamais perdre en cohérence (He Is Risen,
Ceremony Of
Nine Angels), et les trois morceaux instrumentaux viennent à propos pour équilibrer le déchaînement de ce death black acéré, sans rompre avec l’atmosphère occulte.
Avec ce disque,
Akercocke se fait un nom, et surtout une place d’électron libre impossible à cataloguer avec précision. Son manque d’académisme explique d’ailleurs que le combo anglais ne laisse jamais indifférent dans tous les sens du terme…la seule certitude, c’est la qualité et la richesse qui caractérisent ce drôle d’univers, l’un des plus vicieux que le death et le black réunis ont pu enfanter. Rien que cela.
Du Death blackisant aux atmosphères sataniques sur lesquelles la souffrance est effectivement palpable.
Je suppose donc que ces deux albums sont proches, j'ai bon?
Il ne me manque que leur premier essai à ma discographie - Goat Of Mendes m'avait à peine heurté à la 1ère écoute (il possède quelques compositions bien "vils" tout de même)… mais alors… avec "Words that go unspoken…", je suis tombé des nues :
"Quand le terme violence et apaisement se rencontrent et s'accouplent"
voici ce que j'ai résumé, le CD se concluant - j'ai totalement adhéré par la suite à ce groupe (et Antichrist recèle des variantes qui charment et intriguent). Si t'as l'occasion, profites bien de leurs 2 derniers travaux. Bye
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