Le polémiste patenté, à l'anti intellectualisme primaire épidermique, voudrait nous faire croire que la musique ne peut être efficace et inspiré que dans une simplicité salutaire. Ainsi il exècre toute forme de conceptualisation musicale qui le contraindrait à tordre son esprit aux courbures d'un quelconque progressisme, métissage ou autres fantaisies l'éloignant des poncifs qui pour lui sont obligatoires. Si l'argument de cette simplicité nécessaire s'avère être, parfois, une évidence, elle est surtout affaire des gouts s'exprimant dans la partialité de chacun.
Pourquoi donc un tel avant-propos?
Parce qu'on ne peut évoquer la musique des britanniques d'
Akercocke sans user de mots honnis par le critique décrits plus haut. Comment, en effet, parler de l'art de ces anglais sans dire ce raffinement, cette subtilité et cette intelligence qui en transpire de chaque note? Et comment ainsi expliquer cette délicieuse efficacité aux yeux, mais surtout aux oreilles, de ces incurables traditionalistes?
Peut-être en tentant d'user de cette simplicité dont ils louent tant les mérites.
Disons alors, en premier lieu, qu'à la lourde tâche incombant aux chroniqueurs, celle qui consiste à décrire avec une certaine exactitude la teneur précise des travaux d'
Akercocke sur ce
Antichrist cinquième album de ces anglo-saxon, cette simplicité ne peut suffire à résoudre l'énigmatique art définissant ce groupe. Il y a dans la musique de ces anglais tant d'influences diverses qui du Death
Metal au Black
Metal, du Grind au Prog, du Thrash au Rock en passant par ces interludes plus mélodiques presque Pop, s'imbriquent en des constructions si délicieusement ambitieuses qu'elles ne peuvent laisser quiconque indifférent. Ambitieuses certes, mais toujours d'une remarquable fluidité et d'une lisibilité délicieusement limpide. En réalité, au delà de ses inspirations variées, il y a surtout de la grandeur, de la décadence, du génie et de la folie dans cette musique.
Il n'est pas certains que les adeptes de la simplicité puissent être séduit par cet exposé.
Tentons donc de les convaincre en évoquant ces atmosphères superbes et prenantes dans lesquels l'auditeur baigne tour à tour. Parlons de ces ambiances composites aux instant tantôt orientales (Par exemple, l'excellent
The Promise et ses chants incantatoires psalmodiques, mais aussi le superbe préambule de My Apterous
Angel), tantôt plus épaisse et dense. Ces moments sont délicieusement variés et, à vrai dire, intègrent tant et si bien chacun de ces titres en un métissage culturel, mais aussi de genre, assez large et assez riche qu'il en devient très complexe d'en extraire un plutôt qu'un autre. Toutefois il règne en ces cohabitations particulières un climat sombre et malsain commun à tous. Prenons l'exemple de
Dark Inside qui, dans un premier temps, développe un Thrash aux voix Death superbe avant de s'égarer dans les plaines quiète d'un break Rock Pop Indus, presque New Wave, non moins superbe. Cette subtile diversité, géniale signature caractéristique d'
Akercocke, offre à cet album tout son intérêt.
Encore une fois, il n'est pas sûr que les partisans de la simplicité puissent comprendre cette diversité qu'il jugeront, assurément, hétéroclite.
Essayons alors, en une ultime tentative désespéré, d'évoquer l'aspect Progressif de cette œuvre. Loin d'alourdir l'ensemble de ce manifeste, il demeure, paradoxalement, d'une lisibilité suffisamment transparente pour ne pas égarer, comme bien trop souvent dans cette mouvance, l'auditeur en une complexité pénible. Ce constat découle peut-être du fait que les relents Progressifs de ce disque sont, à mon sens, bien plus inspirés par les mouvances Prog Rock des années 1970 que par celles plus propice à la démonstration stérile proche de nous. Et dans cette démarche d'une inspiration Progressive plus passéiste, on peut percevoir quelques infimes similitude avec celle d'
Opeth. Le titre acoustique, Epode, ne viendra sans aucun doute pas démentir cet argument.
Les défenseurs de la simplicité ne sont toujours pas convaincu? Tant pis pour eux.
Nous, en attendant, continuons à nous délecter de cette musique subtile et raffinée au son de ce superbe
Antichrist avec lequel, une fois encore,
Akercocke nous démontre admirablement que l'on peut être atypique, talentueux, efficace, émouvant et exemplaire tout à la fois.
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