La séparation, à l'amiable, entre
Victor Smolski et Peavy Wagner nous laissait dubitatif sur la question de savoir qui allait garder les enfants du couple. En découvrant que le guitariste Belarus avait hérité du plus docile et du plus discipliné (
Almanac et son propos symphonique en témoigne), il devenait évident que le plus farouche et le plus sauvage allait être à la charge du chanteur allemand. La manifestation la plus tangible du caractère insoumis et indompté de ce garnement allait donner naissance à ce nouvel effort baptisé
The Devil Strikes Again faisant suite à l'excellent 21, LMO n'étant, de l'aveu même de ces musiciens germains, qu'un interlude. Mais pour encadrer le vaurien, Peavy Wagner ne pouvait seul s'en sortir. Il lui fallait de nouveaux complices. Il choisit le vénézuélien Marcos Rodríguez (rencontré lors du
Rage’s 30th anniversary tour) de
Soundchaser pour assurer toutes les parties de six cordes et le batteur Vassilios "Lucky" Maniatopoulos, l'ancien assistant technique et meilleur ami de Chris Efthimiadis, pour l'épauler. Le trio se rendit au Megafon Studios de Burscheid et au
Soundchaser Studios de Zandhofen, en Belgique, afin de le laisser hurler toute sa haine. Il se murmura même que Dan
Swanö, qu'on ne présente plus, s'occupa de mixer le résultat. Et le résultat, quel est-il?
Un premier titre à l'entame terriblement rugueuse, qui ferait sursauter et se réjouir n'importe quel adepte de Thrash, corrobore magnifiquement cette idée qu'avec Victor s'en est aussi allée la part la plus mélodico-symphonique de l'institution
Rage.
My Way aux préliminaires qui nous rappellent furieusement le Promised
Land de
Primal Fear, ne fait pas semblant non plus s'agissant de cette férocité indomptée (écoutez donc ce break final précédant ce solo de guitare), et ce, même si le titre semble d'un point de vue du rythme un peu moins fougueux que ce délicieux premier missile et qu'il démarre sur un premier couplet aux guitares acoustiques.
War nous offre, quant à lui, un savant mélange entre un Heavy
Metal classique et quelque chose de plus brutal qui s'exprime superbement dans ces pré-refrains splendides. Mis à part Back on
Track, dont nous reparlerons plus tard, si l'on inclut à ce descriptif un The Final Curtain plus académique, dont les chorus mélodiques ne plairont, sans doute, pas à tous, on obtient donc une première moitié de disque très convaincante. Et la seconde me direz-vous? J'y viens.
Le quatuor composé d'
Ocean Full of Tears, de Deaf, Dumb and
Blind, de Spirits of the
Night et d'un
The Dark Side Of The Sun aux passages aux riffs "orientaux" enfoncent le clou à coups de Heavy Speed
Metal mélodique aux éléments et à la frénésie empruntés à d'autres mouvances plus radicales. Times of
Darkness est, quant à lui, plus sombre. Si cette seconde partie est sans doute un peu (et j'insiste sur le "un peu") moins intense que la première, elle n'en est pas, pour autant, moins séduisante.
Mais tout ici n'est pas idyllique. Et on se demande bien ce qui passa par la tête de l'emblématique vocaliste lorsqu'il décida d'inclure ici certains de ces morceaux à la musicalité un peu embarrassante parce que candide. En réalité, pour être tout à fait franc, il ne s'agit que d'un seul, Back on
Track. Ce dernier, qui débute pourtant de très belle manière, s'enlise ensuite dans une expression d'une naïveté excessive, avec même des refrains
Hard Rock/Rock déroutants. Bref, à oublier.
Rage continue donc sur le chemin d'un art virulent mêlant le meilleur des mondes Heavy
Metal/Heavy Speed
Metal et Thrash. En s'appliquant et en veillant à ne pas trop s'enfoncer dans les profondeurs lumineuses d'une musicalité exacerbée, il pourrait même atteindre une perfection qui, soyons honnêtes, lui est quasiment acquise. En d'autres termes, si vous avez apprécié le 21ième album de cette formation, il y a peu de chances que vous soyez déçu par le 22ième.
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