Ceux qui, tant bien que mal, seront parvenus à suivre l'ensemble des péripéties ayant agrémentées la carrière des Américains de
Lynch Mob, ne seront pas véritablement surpris par ce énième revirement de situation qui, à l'aube de ce nouvel effort, vient, une fois encore, bouleverser l'ossature de la formation. Il serait alors très facile de critiquer ces nouveaux changements au gré d'une humeur maussade fustigeant notamment l'inconstance musicale d'un groupe, son indécision maladroite mais aussi son incapacité à nous proposer du nouveau matériel. Il serait facile de le faire, si la perspective de voir, enfin, se réunir les formidables duettistes coupables de la délicieuse magie conférant au premier méfait de ce groupe toute sa grandeur, n'était pas si excitante. En effet, la promesse de voir, ou plutôt d'entendre à nouveau
Oni Logan et Georges
Lynch s'exprimer artistiquement d'un commun accord était l'engagement séduisant que ces retrouvailles nous promettaient.
Bien évidemment inutile de dire que nul n'attendait plus rien d'un groupe qui, outre un intéressant
Revolution aux allures de compilation sortis en 2003, avait offert son dernier acte de bravoure notoire au détour d'une décennie que le moins de vingt ans ignorent. En considérant qu'un déconcertant
Smoke This (1999) d'obédience Rapcore, Neo
Metal n'était qu'une terrible erreur de parcours défigurant bien trop l'image de
Lynch Mob, cette créativité restée muette depuis l'excellent
Wicked Sensations (1990) témoignait donc d'un gâchis orchestré par des musiciens aux talents pourtant énormes. Il en fallut du temps pour que Georges
Lynch admette que l'excellence de
Lynch Mob se cachait au cœur de sa collaboration avec
Oni. Et il en fallut des années pour qu'
Oni apprenne à s'assagir.
Il ne fait nul doute que ces retrouvailles durent être le théâtre de discussions où les rancœurs passées et les dissensions d'autrefois ressurgirent. Néanmoins les deux artistes parvinrent à faire table rase du passé et à nous proposer, en cette année 2009, le fruit des travaux nés de leur réconciliation sous la forme de ce nouvel album baptisé
Smoke and Mirrors.
L'aspect le plus singulier de cette œuvre réside dans le fait qu'elle nous renvoie instantanément aux bons souvenirs d'un temps désormais révolus. Certains iraient même jusqu'à prétendre qu'au détour de son
Hard Rock groovy, et parfois bluesy, elle s'inscrit dans l'exacte descendance d'un
Wicked Sensation. Si l'on ne pourra totalement démentir une telle affirmation, il ne faudra pas omettre de préciser que ce disque est résolument moderne, ne serait ce qu'au niveau d'une production claire et précise. L'approche de cette musique dans laquelle les influences succinctes d'autres se ressentent (
Whitesnake, Mr Big,
The Black Crows,
Bon Jovi,
Velvet Revolver...) est assurément contemporaine et ne souffre pas de ce passéisme périlleux qui, usé trop souvent excessivement, mutile bon nombre d'opus.
Smoke and Mirrors est donc un disque très actuel, et ce même si son propos n'est plus véritablement dans l'ère d'un temps quasi indifférent à une mouvance dévoyé par certains attirés par les sirènes Pop Rock mélodique d'une accessibilité plus large. Et ce même si son propos n'aura rien de réellement novateur, non plus.
Toutefois ce disque possède quelques atouts que ces contemporains moins heureux pourraient indubitablement lui envier. Notamment deux répondant aux prénoms de Georges et d'
Oni. On en revient toujours à ces deux là. Si le premier excelle en se mettant humblement au service de titres superbes, et sans être trop démonstratif, le second, quant à lui, transcende littéralement ce
Smoke and Mirrrors de cette voix si chaude et si habitée, si soul et si parfaite, si bluesy et si émouvante. Sa verve étant resté intacte, l'auditeur se régale. Ainsi des morceaux tels que les remarquables 21st
Century Men,
Smoke and Mirrors aux couplets posés où les chants se mêlent superbement aux guitares, My Kind of Healer, Time Keeper ou encore, par exemple, le nerveux We
Will Remain qui précède une très jolie ballade, Before I
Close my
Eyes, ne laisseront assurément pas les amateurs du genre indifférents.
Loin des lumières aveuglantes d'une renommée bâtie sur la consanguinité imbécile et sans inspiration, consistant à reproduire, indéfiniment, les schémas de leurs ainées, ces Américains affirment une personnalité propre au son d'un remarquable
Smoke and Mirrors. Aux côtés des
Buckcherry,
The Answer et autres
Koritni,
Lynch Mob redonne quelques lettres de noblesses à une mouvance malheureusement tombée en désuétude.
fan de la première heure de Lynch Mob, ça me chagrinait vraiment d'être resté sur un avis négatif suite aux précédentes écoutes. J'ai donc offert une nouvelle chance à ce disque qui prenait la poussière sur l'étagère depuis 2013, et bien m'en a pris car mon point de vue a complètement évolué. Comme l'indiquaient les multiples commentaires, chaque titre est une réussite et mon malaise passé est plutôt à trouver du côté de l'ordre de lecture retenu, qui casse sans cesse l'élan de l'oeuvre. Le suis en quête d'un nouveau tracklisting qui rendra enfin justice au bébé de Lynch et Logan.
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