Première mise en garde, si vous désirez le tour de poitrine de
Killjoy et le passport de Necrophagia : allez voir là-haut si j'y suis !
Deuxième mise en garde, à tous ceux qui sont férus de technique instrumentale, de soli enfiévrés, de growl maitrisé, de production léchée : barrez-vous !
Objectif avoué : discuter sans aucune objectivité du feeling du premier album d’un des pionniers du metal extrême.
Je me fous du tiers comme du quart des axes de progression. Si un mec est bon au bras de fer, je ne vais pas l’inviter à faire du pole dance, pour mieux le descendre, soyons honnête. Alors quand une bande de gonzes perdue dans le trou du cul des Etats-Unis, décide de coupler sa passion pour les films gores à un metal rapide et violent qui tire sa force des atmosphères qu’il est capable de distiller, je ne vais pas leur demander de faire dans la finesse. Que ce même groupe bas du front enregistre des démos et parvient à sortir son premier album pour devenir l’un des fers de lance d’une nouvelle branche, non pas le death, mais l’horror thrash metal pour ceux qui sont adeptes de classification spécieuse ; pour les autres, Necrophagia, c'est de l'extrême, pur et dur, et basta. Et que cet album, à l’histoire si particulière, est ressorti des décombres, réédité et distribué par
Red Stream, je me dis qu'il y a quelque chose à creuser pour le coup. Cet album, vous l’aurez compris, je le chéris, alors vous pensez quand j’ai lu la chronique du dessus, mon sang n’a fait qu’un tour.
Ce groupe est un tribute band, un poil différent de ce que l’on a l’habitude d’entendre. En effet, Necrophagia, c’est un tribute band de Lucio Fulci, George A. Romero, Dario Argento, ou encore William Friedkin : des artistes-réalisateurs proposant une vision qui a ébloui
Killjoy et ses potes au point de les pousser à se lancer dans la musique. Le personnage central de cette intrigue de pacotille, c’est évidemment le zombie qui est devenu, au fil des ans et des productions plus terrifiantes et dégueulasses les unes que les autres, une véritable superstar.
Le zombie est connu pour ses qualités athlétiques, son appétit vorace de chair fraîche, une insensibilité pathologique, une démarche souvent stylée, l’œil vif, et son esprit grégaire, et glaçage de sperme sur frisottis à maman, sa finesse cliniquement prouvée. Il est une variante du ressuscité qui fait peine à jouïr. A la façon d’un John Connor qui possède son
Terminator, on aimerait tous avoir notre Zombie,
Killjoy a exaucé nos prières.
Season of the Dead c’est une compilation des meilleurs moments que peut offrir un film de zombies, attaque en meute, viol en réunion, apparition inattendue, séance de torture, de dépucelage (pléonasme), buffet froid, bref l’anthologie y passe dans les moindres détails.
Musicalement chez Necrophagia, cela va se décliner en deux phases, intro acoustique lancinante, accompagnée de samples angoissants tirés des bandes sons des films préférés du groupe, en deux mots l’installation du décor. S'ensuit une série d'accélérations subites pour déclencher les hostilités, surplombées de la voix de
Killjoy, subtile mélange de raclements de gorge, grognements, borborygmes ineptes et autres flatulences vocales pour finir en beauté le travail. La volonté de Necrophagia ne fait aucun doute : proposer une immersion totale en territoire ennemi. L'objectif est atteint à 200%. Dans la forme, le côté production amateur colle parfaitement avec le sujet étudié, les séries Z et le gore : des tonnes d’hémoglobine rouge criard, des tripes en plastiques et des déguisements dont les coutures ressortent ostensiblement. Le souci du réalisme cède sa place à celui d'un dépaysement total pour laisser éclater un pur délire d’adolescents ; en cela
Season of the Dead est juste parfait.
Il est évident que si tu l’alignes en face de
Possessed, Death, ou
Morbid Angel, techniquement tu vas le faire passer à la trappe. En ce qui concerne l’atmosphère, les intros à la guitare acoustique sont soignées, les samples sont judicieusement placés pour 1987, les riffs restent accrocheurs et les soli bien tordus. Grossier et vicieux,
Season of the Dead se déguste à froid, avec les doigts, à la cave, entre personnes non-consentantes. Franchement que demander de plus à un groupe qui a décidé de se vautrer dans le gore absolu, la tête dans une bassine de tripes à l’ancienne ?
In Goring Memory of
Kill "fuckin"Joy
Question qui tue : dans quel fanzine des années 80 devenu culte avec seulement 2 numéros Necrophagia est-il glorifié ?
Tu as mis les bons mots sur mon sentiment général concernant la teneur musicale de cet album.On pense que ça va partir...mais non.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire