« …Air Force One vient d’atterrir. Il arrivera bientôt au niveau du tapis rouge et de la foule venue recevoir le premier citoyen des Etats-Unis. Le président de la République et le premier ministre se tiennent droits, résolus. On sent que l’échange va être dur. Chacun défendra les intérêts de sa nation respective, point par point. Ce sera sans doute une nouvelle étape résultant des graves tensions économiques entre les deux pays ces derniers temps… ». « L’avion est arrivé sur le tarmac depuis quelques minutes déjà.et la porte n’est toujours pas ouverte. On sent le comité d’accueil quelque peu crispé. Le président américain se fait attendre. S’agit-il d’une manœuvre délibérée. Dans quel cas, on devine qu’il sera diversement apprécié… ». « Enfin, la porte s’ouvre…. !?....Mais, ce sont des monstres…. ».
Les monstres en question ne sont pas ricains, mais originaires de Finlande. Ils continuent d’effrayer la planète et de propager leur hard rock des cimetières. Après un «
To Beast or Not to Beast » diversement accueilli faisant état d’un rythme de croisière pour «
Lordi », ceux-ci veulent rompre la routine des derniers albums et commettre un acte meurtrier, un de ceux qui frappent durablement les âmes et consciences. Le ton s’est durci. Mr
Lordi ne veut plus de compromis. On y vire une partie du superflu sans faire tomber les masques. Ils ont pensé que le sixième album ferait un véritable malheur. Cela dit, les véritables malédictions ont souvent à voir avec le chiffre « sept ». Après le coup que vous portera «
Scare Force One », vous serez « D.E.A.D ».
Avec «
Lordi » on a souvent droit à des introductions originales, bizarres. « SCG7 : Arm Your Doors and
Cross Check » nous révèle quelque chose d’un peu plus inhabituel chez eux. Cela semble être la piste apocalyptique de coutume, avec bruits d’explosions, sirènes et tout le toutime. Néanmoins des chants spirituels féminins et masculins vont rendre l’instant pleinement contemplatif. Ce serait presque comme écouter du « Era » si on s’en tient aux lignes vocales. Sur la fin, la tension augmente pour lancer un titre éponyme détonnant. L’entame de ce dernier impose des riffs musclés, dans une substance heavy metal. Le tout n’est adouci que par l’intervention des claviers et du chant tout juste fredonné sur les couplets. Il prendra de la vigueur sur le pré-refrain et le refrain. L’inconditionnel de «
Lordi » percevra à travers ce titre un durcissement des riffs de guitare, une musique plus épurée aussi. Le groupe était marquant justement pour en faire des couches, rendant la plupart de ses compositions kitchs. N’allez pas croire que «
Lordi » est en train de se renier. Il n’y a aucun bouleversement concret sur ce disque, mais force d’admettre que les chansons ont pris du percutant.
Ce gain en impact, en force de percussion, se retrouve principalement sur le décapant « How to Slice a
Whore » et sur «
Nailed by the Hammer of Frankenstein ». Le premier des deux offre beaucoup de répondant, de fougue et d’enthousiasme. Son refrain s’inscrit dans les plus puissants et les plus attachants qu’ai eu à élaborer les finlandais. «
Nailed by the Hammer of Frankenstein » caractérise sa force par son riffing heavy metal et son rythme plutôt soutenu, bien que cela s’accompagne d’airs réjouis en provenance des claviers et des chœurs kitchesques, durant le refrain. Ce morceau nous laisse toutefois dans l’expectative. Nous prenons notre pied pourtant, mais la musique parait un peu trop hâtive, demande à l’auditeur un certain effort pour la suivre. « Monster Is My Name » se singularise par un son particulièrement brut, groovy même sur ses parties couplets, se démarquant d’ailleurs assez radicalement du refrain totalement relâché et facétieux. Le break avant le dernier tiers de la piste intègre des airs enfantins visant à créer une forme d’élan pour relancer la machine.
«
Lordi » ne perd rien de ses visions terrifiques qui pourraient remonter à l’enfance. Les clowns antipathiques sont ainsi de la partie sur «
Hell Sent in the Clowns ». Comme il était prévisible, l’entame du morceau propose un moment délirant sous fond d’orgue de barbarie. Il est à noter que certaines entames des différents morceaux s’appuient sur des mélodies étranges et intimidantes ayant pour origine les claviers de Hella. Concernant «
Hell Sent in the Clowns » cela préfigure une lente et progressive montée en pression qui mène au très convivial refrain. Des enfants, désormais possédés, auraient semble-t-il été leurrés par cette apparente joie collective. On les entend effacés en break du dernier tiers piste, tout juste avant qu’
Amen ne nous fasse une petite sortie gratifiante de sa guitare. Un titre vous fera bien plus frissonner, il s’agit de l’obscure et froid « The
United Rocking
Dead ». La première minute de l’extrait est assez inconcevable pour du «
Lordi ». Grinçant, implacable, aux riffs cruels, tranchants, lourds, illustrant remarquablement le léger changement auquel on pourra s’accorder pour le cas de ce nouvel effort. « The
United Rocking
Dead » se conçoit comme un hymne, d’après son refrain entonné. L’approche avec l’auditeur est plus distante avec l’auditeur en dehors. Ils jouent donc sur un double tableau.
Nous décelons davantage le «
Lordi » que nous avions connu dès leurs débuts avec des titres tels « House of Ghosts » ou «
Cadaver Lover ». « House of Ghosts » propose un mid tempo jouant parfois sur nos frayeurs. Les claviers y jouent les perturbateurs hantés, mais sa musique adopte sans la moindre faille les codes de hard rock à tendance mélodique adoptés par la formation depuis près d’une dizaine d’années, avec la candeur habituelle au passage du refrain. «
Cadaver Lover » va, en comparaison, beaucoup plus loin, réalise un pur moment de liesse, que ce soit lors de son refrain tendance et hyper-entêtant, ou lors de ses couplets créant une poussée à la verticale où le refrain est véritablement le point de mire et la plus haute attitude. On y décèle des éléments prodigieux comme ce piano-bar fantomatique ou le riffing motorisé d’
Amen, titillant avec le heavy metal. Ce dernier réalise une prestation plus posée et reposante sur son «
Amen’s
Lament to Ra II ». L’épreuve, bien qu’élégante, ne laisse que peu de trace et s’avère trop brève pour être retenue. On peut y voir un aparté instrumental de la même teneur et tout aussi bref, que l’«
Amen’s
Lament to Ra » premier du nom, issu de «
Babez for Breakfast ».
«
Scare Force One » a bonne chance de traîner de par chez vous. Scrutez le ciel, les monstres sont parmi nous. Ce nouvel opus n’est pas pour ainsi dire un énième «
Lordi ». C’est vrai que l’on pourrait déplorer une forme de routine, bien que le volume «
Babez for Breakfast » ait tenté de créer une coupure par sa nostalgie affichée au heavy metal et au hard rock des années 80. «
Scare Force One » n’est pas un engin pour simples voyageurs. Il s’y passe des choses vraiment étranges à l’intérieur. Tout juste un an après «
To Beast or Not to Beast », “
Lordi” s’est decidé à prendre de la hauteur, en virant un peu de sa cargaison. Si vous trouvez quelque part le corps écrasé du président des Etats-Unis et ceux de ses gardes du corps, composez le numéro vert qui s’inscrit sur votre écran.
16/20
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