Un souffle retentit…un vent brulant…une clameur…l’esprit des grands anciens. L’appel est instantané, la réaction immédiate. Les premiers samples de "
Ancients Winds" à peine débutés, les quelques huit mille fans brésiliens acclament déjà un groupe pourtant historiquement si jeune. Un seul album, une unique création, le magistral "
Ritual", sortie l’année précédente, mais un passé fourni dans
Angra et un line up hérité au trois quart des virtuoses sud américains.
Présenté dans un fourreau cd et dvd (ou inversement), ce concert très spécial restera le seul témoignage de l’époque Matos d’un groupe qu’il aura également déserté, mais un témoignage complet, reprenant l’intégralité d’un premier opus quasi parfait et des surprises que des fans aux anges ne sont probablement pas prêt d’oublier.
"
Ancients Winds"…la salle est noire mais la tension est déjà perceptible, les poitrines hurlent avant même le riff monstrueusement introducteur de "Here I Am". Premier constat, le son est puissant, clair et massif. La scène, massive et très large, bien que minimaliste dans ses décors, laisse la place à une immense toile légèrement balancée derrière Ricardo Confessori à l’effigie de "
Ritual".
Andre Matos évidemment, attire tous les regards, multipliant les rôles et tenant la scène magnifiquement bien, haranguant la foule, la faisant participer et chantant de manière bien plus crue qu’en studio, plus brute, finalement assez proche de la direction prise sur "
Ritual". A l’inverse, on remarquera un Luis Mariutti des plus statiques derrière sa basse, ne devant probablement pas faire plus de dix pas dans sa soirée, contrairement à son frère, très à l’aise au poste de l’unique guitariste et relativement impressionnant techniquement pour ceux qui pouvaient encore en douter.
On sent que le groupe sait tenir une scène, à l’image d’un Matos écœurant de talent, tout à tour chanteur, claviériste, pianiste, joueur de flûte de pan ou de tam tam, le tout avec un naturel confondant et un plaisir communicatif faisant plaisir à voir. Il faut le voir, magistral derrière ses claviers sur le splendide "
Distant Thunder", attendant de voir la foule commencer les paroles avant de lui-même chanter, ou lui-même démarrer "
For Tomorrow" à la flûte.
Forcément moins ethnique et envoutant que sur disque, les compositions prennent ici une tournure beaucoup plus heavy, comme le démontre "Over Your
Head"", sur laquelle Marcus Viana, joueur de violon, vient poser une ambiance si particulière mais bien plus saturée et électrique que sur l’album. Passage particulièrement intense où Marcus se fait presque épileptique sur un solo renvoyant à celui d’
Hugo.
Hugo. Difficile tache dans le cœur des fans d’
Angra que de succéder à
Kiko Loureiro et
Raphael Bittencourt, n’ayant d’égale dans la virtuosité que leur technique quasi infinie. Et si le frère du bassiste caverneux (paraissant bien plus actif en backstage que sur scène sur les bonus) n’a aucun reproches à recevoir sur ses propres compositions, il peine tout de même à les faire oublier sur les reprises de
Angra (uniquement disponible sur le dvd, absentes du cd), à savoir "Lisbon" et la culte "
Carry On". L’absence d’un second guitariste aidant, on est forcé d’admettre qu’il prend des raccourcis, notamment sur l’intro de "
Carry On"…n’est pas Kiko qui veut…ces compositions étant néanmoins une communion rare avec un public de toute façon acquis à la cause de la bande à Andre, et n’hésitant pas à hurler à plein poumon les refrains de "Lisbon" et surtout une "
Carry On" à jamais inoubliable.
Si Ricardo démontrera ses talents de tourneur de baguette lors de son solo, le summum de l’émotion sera atteint lorsqu’un véritable piano sera accueilli sur scène, faisant de Matos un frontman de charme, jouant un "Fairytale" à l’émotion démultipliée par la présence supplémentaire du violoniste et d’un vocaliste / pianiste à la prestation intense et sans faille.
Un concert unique…spécial également lorsque l’on jette un œil sur la liste d’invités présents ce soir là, outre Marcus et un joueur de Derbak sur "Over Your
Head", c’est tout d’abord Tobias Sammet (
Edguy,
Avantasia) qui fait l’honneur de sa présence pour la reprise d’un "
Sign of the
Cross" amputé (du premier volet d’
Avantasia) mais laissant la place à deux des meilleurs frontman de la scène heavy actuel, littéralement s’envoler vers les cieux lors du "Pride" de "
Ritual". Ultra speed, ce titre typique dévoile toute la connivence qui règne entre les deux artistes, avant tout profondément amis, se partageant la scène et le chant le sourire aux lèvres, rejoint par leur producteur attitré Sascha Paeth le temps d’un solo.
Et alors que la lumière s’éteint sur les dernières notes de "
Carry On", c’est au tour de Michael Weikath et Andy Deris (
Helloween) de rejoindre
Shaman sur scène pour une tranche anthologique d’histoire : "Eagle Fly
Free", à sept sur scène. Si Andy Deris semble visiblement heureux de voir le public connaitre sur le bout des doigts le répertoire des citrouilles, Weikath et son inévitable cigarette semble bien apathique derrière sa guitare (a-t-il pris un jour du plaisir ?), malgré un solo presque insolent de virtuosité pour un homme semblant à côté de la plaque et ne daignant pas même regarder une seule seconde son manche. Weikath dans toute sa splendeur…
…la fin sonne, aux sonorités d’un "Lasting Child" en toile de fond déjà lointain, d’un public visiblement éreinté par un tel marathon mais aussi et surtout heureux d’avoir participé à un concert prenant des allures d’évènements.
Shaman était déjà grand, et rien ne semblait pouvoir le faire chuter…si ce n’est encore et toujours une inéluctable implosion interne…nostalgie…"
Ritualive", c’est avec nostalgie que nous te regardons.
Vous devez être membre pour pouvoir ajouter un commentaire