Reason

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16/20
Nom du groupe Shaman (BRA)
Nom de l'album Reason
Type Album
Date de parution 23 Mai 2005
Labels AFM Records
Produit par
Enregistré à Gate Studios
Style MusicalPower Progressif
Membres possèdant cet album97

Tracklist

1. Turn Away 04:23
2. Reason 04:40
3. More (Sisters of Mercy Cover) 04:04
4. Innocence 04:38
5. Scarred Forever 05:21
6. In the Night 05:54
7. Rough Stone 04:58
8. Iron Soul 05:26
9. Trail of Tears 03:51
10. Born to Be 06:00
Total playing time 49:15

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Shaman (BRA)


Chronique @ Eternalis

27 Fevrier 2009
« I lost my Innocence » "Innocence" - 2005

La perte de l’Innocence, la découverte de certaines réalités, de difficultés existentielles ainsi que les différentes épreuves vécues par Andre Matos lui auront permis de relativiser et de remettre complètement en question un parcours artistique pourtant couronné de succès.
Pourtant, face aux fantômes d’un Angra ayant redoré son blason d’une main de maître en produisant l’album le plus abouti de leur carrière en la présence du sublime "Temple Of Shadows", touchant de très près le génie autant artistique, créatif que lyrique, Shaaman (avec un second « a » sur cet album) décide de prendre un risque aussi important que calculé, celui de l’évolution.

Evolution ; un mot revenant sans cesse lors de l’écoute passionnée et attentionnée que demande ce "Reason" exigeant.
Une évolution aussi bien musicale que stylistique et conceptuelle, traitant en grande partie de la solitude, la difficulté de la vie ainsi qu’une mélancolie empreignant considérablement une musique n’ayant encore jamais été aussi sombre et, comment dire, humaine. Non pas que les exploits créatifs hérités d’Angra ne soient pas humains, mais Shaaman ne semble plus vouloir se cacher derrière des artifices symphoniques ou pompeux avec ce disque, mais se mettre au contraire à nu, se livrer émotionnellement à son public sur sa vision de l’existence.
Ainsi, la magnifique pochette, pleine de spleen et de mélancolie, incrustée dans une atmosphère noire mais délicate, dévoilant cette ombre nous représentant tous, marchant sur ce rail symbolique vital. Quand au livret en lui-même, j’en aurais rarement vu de si contextuel, s’ancrant dans une étrangeté et une tristesse splendides, notamment concernant ce sang bleu métallique glaçant, et les superbes photos d’une charmante Demoiselle pleine de chagrin finement égorgée, le prouvant par ce liquide bleu coulant le long de son corps.

Evolution ; direction diamétralement opposée au Angra, si désarmant de vitesse, de technique et d’orchestrations, "Reason" impose un style dépouillé, lent, très sombre que certaines mauvaises langues pourront s’empresser de rapprocher à une certaine facilité.
Facilité erronée, car l’accès à ce disque se veut si difficile qu’il en devient parfois tortueux, particulièrement lors de premières écoutes ébahies par une telle ébauche de dépression humaine que l’on ne connaissait pas du tout chez ce chef d’orchestre ambitieux, à la limite de la démagogie orchestrale sur ses précédents travaux. Idem concernant l’aspect progressif de "Ritual" complètement envolé, la musique se veut résolument heavy metal, mais sans jamais tomber dans des poncifs. Elle est comme une extension d’un genre se mordant irrésistiblement la queue.

La première surprise est logiquement le premier morceau, "Turn Away" aussi trompeur que destructeur, car ne représentant en aucun cas la teneur atmosphérique du contenu de "Reason".
S’ouvrant sur un sample de hurlement humain aussi surprenant qu’inattendu sur un tel disque, avant d’entendre s’écrouler sur nos tympans une rythmique thrash écrasante au possible, sur laquelle la production très travaillée de Sascha Paeth fait toute la différence, fine et puissante tout en gardant une profondeur dans les arrangements que seul Sascha est capable de créer, une empreinte se ressentant sur de nombreux travaux mais atteignant sa quintessence ici.
Andre est quasi méconnaissable, au chant rocailleux et très éraillé, envahi de souffrance et de rage, tandis que chaque transition voit l’arrivée de claviers électroniques et légers apportant un aspect encore plus froid à l’ensemble.
Hugo Mariutti, parfaitement intégré, dévoile des capacités de virtuose déchirant l’espace sonore, quelques violons viennent se poser dans cet univers bourré de tensions avant qu’Andre ne réalise sa première envolée, qui resteront très rares sur le disque, mais tellement jouissives à chaque intervention.

Après cet introducteur violent et rude, le piège prend forme, les morceaux se suivent et s’enfoncent de plus en plus dans la mélancolie dont j’évoquais le contenu précédemment. L’ambiance étouffante perd peu à peu de son emprise pour devenir une simple contemplation de la douleur de quatre interprètes touchés par l’art au sens noble du terme.
Si "Reason" détient un refrain magnifique, il laisse l’expression des sentiments plutôt qu’une technique excessive, ici toujours utilisée avec parcimonie à des instants cruciaux pour y instaurer un plus grand degré de sentimentalité ou de tension.

Le crépusculaire "In The Night" est en cela la plus grande réussite du disque. S’ouvrant sur quelques incursions cybernétiques et lointaines, un riff pesant et saturé emplit rapidement un air qui se glace en quelques secondes, instaurant une lourdeur que Shaaman ne nous avait encore jamais fait découvrir. Et cet Andre, touchant, déchirant sur un refrain presque désabusé, où celui d’un homme fatigué de vivre une vie ne lui apportant pas ce qu’il demande.
Déchirant il le sera également sur le final "Born To Be", à la ligne de piano superbe et au riff énorme et inspiré, tellement loin de tous les efforts mercantiles polluant le metal d’aujourd’hui. Un riff sortant des tripes, expressif, beau simplement, cette batterie toujours au plus juste (Confesori est d’une sobriété rare) et ces quelques arpèges…avant une ultime envolée, envolée dont on ne ressortira pas indemne, autant musicalement qu’elle représente le dernier exploit de Shaman. Puis ce piano, passant de la narration à la contemplation, vision d’une création mature et dépassant probablement ses géniteurs, poétique et incroyablement grande.

Et si "Innocence", ballade au piano unique de grâce et de sensibilité, également capitale dans le développement du concept, ou encore l’expérimental "Rough Stone", passant de mystérieuses saveurs orientales à des déchainements solistes, sont de vrais perles dans leur unicité, c’est bel et bien d’un ensemble que nous devons parler, d’une œuvre et non d’une suite illogique de pistes numériques.

"Reason", album probablement le plus impressionnant par ce qu’il véhicule et transmet dans la carrière d’Andre Matos, renverse de plein droit et détruit les détracteurs n’ayant que le sain "Holy Land" à la bouche, pour s’envoler dans les tréfonds des cieux, aux côtés d’un "Angel's Cry" trônant déjà parmi les dieux.

5 Commentaires

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Eternalis - 27 Fevrier 2009: Merci pour ton commentaire, certaines chroniques sont en effet plus courtes, d'autres longues.

Celle ci est longue, mais c'est un album très difficile à appréhender, simplement car sous une simplicité et un minimalisme déstabilisant au début (pas de grandes orchestrations, peu de choeurs), il se passe énormément de choses, les émotions sont très nombreuses et surtout très sincères ("Born to be").



J'accepte avec plaisir ton commentaire, les deux chros de machine men sont par exemple plus courtes et simples que celle-ci...je pense que la complexité d'une de mes chronique reflètent indépendamment de ma volonté la complexité musicale d'un album.



Quand à ce mystère du "a", c'est tout simple. Une entreprise pharmaceutique possède le même nom et Shaman a du devenir Shaaman, sans pour autant que ça change la prononciation.

Mais "Immortal", le 3e album, sans les frères Mariutti et Andre Matos est de nouveau labellisé Shaman!
AmonAbbath - 28 Fevrier 2009: Ces histoires de changement de nom, ca me rappelle Rhapsody qui a dû devenir Rhapsody Of Fire... Merci pour cet éclaircissement.

Oui tiens, dommage de perdre si tôt André Matos sur l'album suivant, je viens de lire ça sur la page de l'album Immortal. Enfin, mon enthousiasme pour ce groupe n'est pas entamé pour autant.
edenswordrummer - 15 Mai 2014: L'exercice de cette chronique fut sans aucuns doutes très difficile. Comment percer cette apparence simpliste masquant une inspiration hors-norme avec brillo? Bah comme tu viens de le faire. Cette album est exceptionnel. Il prend le risque de tout changer à la recette des brésiliens mais se montre sensible et touchant sur les mélodie. Jamais un album ne m'aura autant surpris, déçut, puis subjugué de joie. Toutes les chansons respirent la pureté et la sincérité, comme tu l'as si bien dit, il ne se cache plus et délivre un message d'émotion brute. Je l'ai écouté dans le train pour la énième fois jamais une heure ne m'a parut si courte. C'est un voyage inoubliable que l'on a perpétuellement envie de renouveler. Je garderai toujours cet album avec moi, il est perpétuellement posé sur mon bureau. 20/20 pour moi, la perfection est ici clairement atteinte, la technicité est faible, mais le message est complet, la musique sublime, et l'inspiration totale. Encore mes compliments Eternalis.
Eternalis - 15 Mai 2014: Merci à toi !
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Commentaire @ Julien

27 Fevrier 2009
Voilà le très attendu deuxième opus de Shaman. Le nouveau gang des ex-Angra est prêt à frapper un grand coup avec cet opus rempli d’émotion et de force.

Il ne faut pas chercher plus loin que le premier morceau pour découvrir l’étendue du talent des jeunes Brésiliens. « Turn away » est un titre accrocheur qui fait aimer le heavy metal. Les nouvelles « aptitudes » vocales de Monsieur André Matos sont franchement excellentes. On les avait entraperçues sur fireworks et maintenant c’est du sérieux. La voix plus éraillée, il nous donne une leçon de chant qui ne m’a pas laissé indifférent.
Le titre éponyme prend vraiment aux tripes et, de la bouche de son géniteur, c’est un titre (et même un album) organique. Les ambiances très personnelles réalisées au clavier sont sublimes. Bon moi qui suis (tente) gratteux je trouve dommage que sur certains morceaux les parties de guitare soient autant en retrait par rapport au clavier (notamment un riff tout en harmoniques sifflés qui est sublime).
Sinon on trouve toujours notre petite ballade syndicale qui me sert maintenant de baromètre. Quand elle est de bonne facture c’est un bon disque et « Innocence » est une merveilleuse ballade qui, à coup sûr, sera un grand titre live. A mon humble avis tous les titres de cet album seront de grands titres live. Ils sont tous accrocheurs et le refrain vient très rapidement à sortir de notre bouche. En un mot: une tuerie de HEAVY METAL.


On aurait envie de dire excellente reconversion mais c’est plutôt excellente évolution. Ce CD est un super disque de Heavy puissant et racé à la fois. On peut l’acheter les yeux fermés, c’est une bombe.

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