Voici un retour qui paraissait improbable, on croyait le
Panzer définitivement rouillé, sur cales, le moteur grippé et l’armement hors d’usage. Après les forfaits successifs de Bo Summer voulant se consacrer à
Illdisposed (quand on écoute le résultat, on se demande bien ce qu’il fait dans ce navire), de Reno Killerich préférant jouer le marteleur session de luxe chez
Dimmu Borgir ou
Hate Eternal, et aussi de Rasmus Henriksen parti enregistrer l’excellent premier album de
Die, Michael Enevoldsen se retrouvait quasiment à poil.
Pourtant le bonhomme est têtu, après avoir gardé Lasse Bak (basse) à ses côtés, recruté Mads Lauridsen (ex
Konkhra) à la batterie, essayé plusieurs chanteurs pour embaucher finalement
Magnus Jorgensen, et réussi à faire revenir au bercail Rasmus H., il a remis en route le vieux blindé qu’on croyait bon pour la casse, dégotant même une signature Listenable très recherchée. Ainsi fut forgé le sixième opus des danois,
Regiment Ragnarok (2011) : dans l’adversité et la difficulté mais sans jamais rendre les armes !
Avec tous ces bouleversements on ne savait pas trop quoi attendre du quintet, le traditionnel char toujours présent sur la pochette tend à rassurer l’aficionado du combo, cela dit l’artwork d’ensemble est carrément minimaliste et bâclé, genre je brode sur tout le livret avec un logo de tank à l’ail…
Malgré ce côté visuel assez pauvre qui n’aide pas à rentrer dans le disque, Prevail nous arrive dans la gueule comme un obus de 75 mm avec une attaque qui n’est pas sans rappeler le riff central de Zum Gegenstoss (
Soul Collector), la suite est plus surprenante, lorgnant vers le Black
Metal avec des guitares rappelant
Naglfar. Même si Lauridsen n’a pas le talent de Killerich, force est de constater qu’il s’en sort plutôt bien, proposant un jeu intense et bourrin qui sied parfaitement au groupe de Aarhus, preuve sur le furieux
Impact où il ne débande guère.
Magnus Jorgensen quant à lui, remplit son rôle de vocaliste avec conviction, même si lui aussi souffre de la comparaison avec le timbre caractéristique et puissant de Bo Summer.
Sur
Panzer Regiment Jylland c’est la guerre à l’état pur, leur Death / Black très rapide et intense ne laisse aucun moment de répit, avec des salves précises et ciblées comme sur le chant de bataille (00 : 34). Finalement le style
Panzerchrist est préservé, toutefois les influences Black initiées sur
Battalion Beast se font encore plus présentes et donnent à l’ensemble une furie non négligeable, en contrepartie leur musique se fait moins écrasante que sur Room Service, même si
Metal Tribes notamment, sait aussi jouer sur le côté lourd avec salves continuelles de double pédale.
Même si les vieux fans comme votre serviteur ont eu un peu de mal à digérer pleinement ces plans Black
Metal plus présents que jamais, le mélange s’avère tenir la route, notamment sur
Ode to a Cluster Bomb sonnant quasiment comme du
Evil Black / Death à la
Belphegor.
Un des moments forts de ce disque est sans conteste l’enchaînement
King Tiger / Feursturm, arrachant tout sur son passage comme aux plus grandes heures du groupe, Lauridsen y montre une maîtrise impressionnante des gravity-blast. Comme expliqué précédemment, certains schémas Black vraiment mélodiques sont déroutants à la première écoute, mais se fondent finalement bien dans l’ensemble, c’est le cas du début de For the Iron
Cross, avant que la mitraille ne se mette en route à 00 : 45, un titre qui n’est pas sans rappeler le Black brutal de
Marduk.
Certes
Regiment Ragnarok n’atteint pas le niveau du terrible duo
Soul Collector / Room Service, mais contre toute attente le général Enevoldsen et ses troupes sortent victorieux de cette bataille, ne laissant derrière eux que des ruines, preuve d’une efficacité retrouvée de l’artillerie lourde. La deuxième bonne nouvelle est que
Panzerchrist n’est plus un projet annexe de différents musiciens, la colonne blindée a désormais l’intention de se produire live et ouvrir le feu sur scène autant que faire se peut.
Après avoir été mis en ballottage par les bonnes (voire excellentes) sorties des disques de
The Cleansing ou
Die,
Panzerchrist répond avec
Regiment Ragnarok aux arguments offensifs au moins équivalents et reprend sa place au sommet de la hiérarchie du Death
Metal danois.
BG
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