Quiconque prétend être un deathter aguerri a forcément jeté un jour une oreille sur la musique de
Panzerchrist : véritable institution en matière de death brutal teinté de black, le combo danois emmené par l’inusable Michael "Panzergeneral" Enevoldsen nous envoie des obus sur la gueule depuis
Six Seconds Kill, leur premier album sorti en 1996.
Les artilleurs ont toujours été reconnus pour leur efficacité, notamment avec l’invincible triplette Soulcollector,
Roomservice et
Battalion Beast qui défonçait tout sur son passage, mais en 2013, la septième offensive du groupe fit pour beaucoup l’effet d’un pétard mouillé, présentant un death mou du genou inhabituellement mélodique et peu inspiré aux antipodes de ce qui avait fait leur réputation.
Dix ans plus tard, les Danois nous reviennent avec, une fois de plus un line-up presque entièrement remanié (il ne reste que Michael Enevoldsen du line-up d’originel et Frederik O’Carroll revient faire vibrer la six cordes après une désertion de 17 ans) et dès la pochette, on peut deviner que les Danois ont décidé de proposer quelque chose de plus sombre et radical. L’un des changements majeurs, c’est le choix de la nouvelle vocaliste, Sonja Roselund Ahl, dont le chant, bien plus blackisant et criard, va largement contribuer à imposer cette aura de noirceur et de souffre bienvenue. Vous l’aurez probablement compris,
Panzerchrist se fait plus black que jamais, et si les expérimentations mélodiques de The
7th Offensive auront toujours la part belle sur ce nouvel opus, rassurez-vous, le quintette a durci le ton et vous vous prendrez tout de même une bonne dose de brutalité dans les gencives durant 40 minutes.
Dès les premières secondes de Turn the Rack avec ce sample inquiétant, une noirceur suffocante nous prend à la gorge : l’intro fait plus penser à du
Funeral Mist qu’à du
Cannibal Corpse, d’ailleurs, c’est bien simple, on dirait presque du black brutal à la suédoise, avec ce martelage impitoyable, ces dissonances vicelardes, ces leads diaboliques à la
Dark Funeral sur le pont, et ce côté evil omniprésent. L’accordage est très grave, le riffing bourdonnant donne la nausée, les blasts extrêmement rapides et le chant parfaitement écorché et agressif. Oui oui, vous lisez bien une chronique de
Panzerchrist, qui, pour le coup, semble être passé du death black au black death - pour ceux qui saisiront la nuance, car sur ce premier titre, mis à part le refrain scandé et quelques réminiscences de riffs en deuxième partie de morceau, on est clairement plus sur du metal noir que du metal de la mort. On retrouve également ce côté black très mis en avant sur le refrain de
My Name Is Lucifer, au riff central rouleau compresseur, simple et entêtant, même si le morceau se fait plus aventureux, avec notamment un long passage ambiant lugubre plus qu’étonnant quand on connaît le groupe, ou sur les leads superbes du très bon Baptized in Piss dont la fin très (sur)prenante rappelle carrément le post black lumineux d’un
Deafheaven ou
Ghost bath !!!
Et pour le coup, si ces expérimentations vous surprennent, vous n’êtes pas au bout de vos surprises : le morceau éponyme, avec ses 8,14, minutes est une longue plainte lente, distordue et complètement déshumanisée, dont les cinq premières minutes sont particulièrement lentes, rappelant beaucoup les ambiances spatiales glaciales et horrifiques des derniers
Otargos. Le rythme s’emballe par la suite sur un mur de blasts mécaniques mais sans créer de véritable rupture car le maître mot de cette pièce remarquable est bien l’atmosphère, le groupe n’hésitant pas à utiliser quelques claviers et autres effets technoïdes ; dans le même style, on retrouvera Juniper Creek, morceau qui clôture l’album en beauté, avec son death black atmo lourd et angoissant dont certaines ambiances froides et mélancoliques rappelleraient presque
Drudkh par moments ! Déroutant pour les amateurs de
Panzerchrist, sans doute, mais vraiment réussi !
On se retrouve finalement avec un album très varié, bien loin des anciennes réalisations du groupe, se faisant peut-être moins frontal, la brutalité d’antan s’étant muée en quelque chose de plus menaçant et larvé. Si le côté mélodique de 7the Offensive est toujours bien présent, l’ensemble se fait ici nettement plus sombre et inspiré, rappelant parfois les cousins de
God Dethroned par exemple (
The Devils Whore), voire la lourdeur mélodique d’un
Bolt Thrower, en plus sombre et violent quand même.
Pour conclure,
Last of a Kind est en ce qui me concerne un très bon album, même s’il n’est pas certain qu’il fasse l’unanimité auprès des vieux adorateurs du groupe qui risquent d’être sacrément désarçonnés tant il s’éloigne des premières amours du combo et présente des influences musicales variées. Quoi qu’il en soit, on ne pourra pas reprocher aux Bataves de tourner en rond et de se répéter, et force est de constater que le Panzergeneral a osé une sacrée prise de risque qui, pour ma part s’avère payante : lourd, noir, hanté, secoué par des explosions de violence tout en restant mélodique et relativement accessible, ce huitième full length est une véritable réussite pour tous ceux qui sauront faire le deuil de l’ancien
Panzerchrist et aborder cette nouvelle mouture pour ce qu’elle est, à savoir un groupe de metal extrême au sens large qui joue autant sur la brutalité que les ambiances.
Nothing is good, nothing is evil, everything merely exists
Nothing is good, nothing is evil, everything just is
Last of a Kind waiting out the allotted time
Ta chronique donne envie de jeter une oreille (et même 2) sur ce skeud!
d'accord avec la triplette infernale: Soulcollector, Roomservice et Battalion beast.... et pour moi l'album REGIMENT RAGNAROK est une tuerie en bonne et due forme: blasts incessants, solos et riffs entêtants...une perle!
Merci pour ta chronique d'abord dérouté par cette nouvelle direction artistique surtout sur la forme mais dans le fond pas si éloignée que ça des deux derniers opus du groupe avec une chanteuse qui envoie du bois. J'ai adoré l'atmosphère evil qui se dégage de l'album l'ombre de marduk et dark funeral n'est pas loin.Une réussite du genre pour fan de black violent et plutôt rapide.
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