Formé en 1985 par Bill Steer & Ken Owen, alors âgés de 15 ans,
Carcass reste toutefois au stade embryonnaire durant ses premières années, faute à de trop rares répétitions et sans style proprement défini. Les choses sérieuses commencent début 1987, lors de l’arrivée de Jeff Walker (fraichement viré d’
Electro Hippies) dans le nouveau groupe de Bill, qui partage cette passion pour le son écrasant de
Master et la brutalité excessive de
Repulsion. Aussitôt, le duo fait le ménage dans son line up, reprenant le nom de
Carcass et rappelant Ken Owen, qui possède désormais un kit de batterie. Dès l’été, le groupe enregistre alors la démo
Flesh Ripping Sonic Torment avec Sanjiv au chant, qui ne fait toutefois qu’un aller retour au sein de la formation.
Sur la seule foi de l’enregistrement, mais aussi du poste de Bill chez
Napalm Death, Dig Pearson signe le trio encore inexpérimenté, aux côtés de
Napalm Death et d'
Unseen Terror sur son label Earache, qui ne souffle que sa première bougie. Succédant alors aux deux groupes, qui viennent fraichement d’enregistrer les LP
Scum (face B) et
Human Error,
Carcass rejoint à son tour les studios Rich
Bitch, sous la houlette de l'ingénieur Mark
Ivory, quelque peu dépassé par la brutalité et l’avant-garde du combo.
Reek of Putrefaction, résultat de la session chaotique expédiée en cette journée de décembre 1987, connaît en effet un second mixage en mars 1988, avant sa sortie en juin de cette même année.
Plus loin que les simples histoires de zombies contées par Death &
Repulsion,
Carcass sophistique son concept, utilisant un langage pathologique outrancier, tout droit sorti du dictionnaire médical de la soeur de Jeff, assemblant parallèlement la pochette de son album avec une série de découpages innommables de macchabées autopsiés. Musicalement, bien que l’inspiration grindcore de
Napalm Death et deathmetal de
Repulsion soit dominante, le trio balance un style sauvage & vomitif absolument unique, lui valant rapidement l’étiquette du premier groupe goregrind.
Concentré de rythmiques brutales & tapageuses, lâchant parallèlement moult accélérations et breaks vicieux, à l’image des impitoyables Pyosisified ou Psychopathologist,
Reek of Putrefaction surprend en outre par son melting-pot vocal, depuis les éructations éraillées de Jeff jusqu’au dégorgement d’hémoglobine de Bill, renforçant l’odeur particulièrement putride qui se dégage.
Malgré la redondance des structures de ses 22 titres et son enregistrement brouillon, qui lui confère toutefois son côté délicieusement cradingue,
Reek of Putrefaction rencontre immédiatement un succès notoire, renforcé par le soutien inconditionnel du célèbre John Peel, DJ très influent à la radio britannique BBC, connu pour ses mémorables Peel Sessions. Manquant pourtant d’expérience à cette époque,
Carcass possède en effet déjà cette vision et cette personnalité hors norme (lui valant autant d’admirateurs que de détracteurs à l’époque), ne nécessitant encore que d’un brin de maturité pour l’affinement de son art et la canalisation de son incroyable sauvagerie.
Fabien.
Mais je précise que c'est un détail, ce qui ne serait pas forcément le cas pour d'autres groupes ou d'autres styles. Cela fait partie du charme de l'album et ne nuit pas à son impact.
Après, pour le ressenti, j'ai toujours trouvé l'ambiance extrêment pesante, malsaine on va dire. Mais là c'est un compliment. Ce côté vicieux de Carcass est définitivement un aspect que j'adore chez les Anglais, et qu'ils ont gardé jusqu'à Necroticism, même si la forme a beaucoup évolué.
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