Après
Reek of Putrefaction, posant certes les bases de la musique de
Carcass et annonçant un renouveau dans la scène extrême, mais également servi par des titres manquant encore d’une certaine consistance et par une production de surcroît très moyenne, le trio britannique revient en cette fin 1989 avec son second méfait et une tout autre ambition. Toujours accompagné de ses amis Jeff Walker et Ken Owen, Bill Steer décide cette fois de se concentrer à fond dans
Carcass, quittant dès lors définitivement Mick Harris et l'incontournable
Napalm Death.
Symphonies of Sickness représente un pas de géant effectué en seulement une année et demie. Encore assimilé dans la mouvance grind anglaise, le groupe s'éloigne pourtant nettement du HC/grind typiquement british de ses confrères, évoluant dans un registre unique que l’on pourrait encore qualifier de grind-gore carcassien. Fini les 22 titres expédiés en 39 minutes,
Carcass prend désormais le temps d’étoffer ses compositions (qui avoisinent de fait les quatre minutes), reprenant l'assise structurée et puissante du deathmetal à son compte.
Dès le premier titre débutant sur une ambiance d’horreur, la batterie millimétrée d’Owen particulièrement précis dans ses roulements et les guitares lourdes de Steer prennent place dans une intensité incroyable, divinement mises en valeur par la production très claire du grand Colin Richardson aux mythiques
Slaughterhouse Studios. Se mêlant à cet assaut de brutalité, la voix éraillée de Walker et celle hémoglobineuse de Steer, sur des paroles riches en nécropathologies diverses, créent alors un malaise indescriptible.
Pourtant, au-delà d’une telle violence sonore, chaque morceau prend rapidement forme et révèle alors toute son épaisseur, parvenant au final à hanter irrémédiablement l’auditeur attentionné. Depuis le refrain terrible de
Exhume to Consume jusqu'à l’intro redoutable de Ruptured in
Purulence, en passant par les soli uniques de Steer, chaque titre possède plusieurs lectures, conférant au final toute la richesse et la complexité de ce formidable
Symphonies of Sickness. L’apogée est alors atteint lors des terrifiants Em
Pathological Necroticism et Embryonic
Necropsy, se plaçant incontestablement parmi les meilleurs titres de deathmetal jamais composés.
Bouleversant le paysage métallique au même titre qu’
Altars of Madness,
World Downfall, From Enslavement to
Obliteration ou
Leprosy,
Symphonies of Sickness s’impose dès lors comme une référence du metal extrême de la fin des années 80, valorisé par Colin Richardson ayant parfaitement canalisé le son de
Carcass que l'on croyait indomptable. A cette époque, entre les hordes de fans hurlant au génie et les metalhead horrifiés devant ce brouhaha sonore apparent, l'assaut du trio de Liverpool ne laisse dès lors personne indifférent.
Fabien.
Cet album est tout simplement une merveille. Impossible d'en décrocher une fois les morceaux assimilés. Les albums suivants ne sont pas inintéressants, mais n'ont pas l'épaisseur de celui-ci. Mon album préféré en ce moment pour me détendre après une journée de boulot.
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