Un groupe dont le dernier album réel remonte à 1993, qui a perdu l'ensemble de ses anciens membres (sauf Martin Missy, vocaliste de 1987 à 1989), peut difficilement convaincre du bien fondé de son retour. Ca, c'est le postulat de base.
Bref historique/rappel :
Protector, groupe allemand plutôt catégorisé "thrash bourrin à la frontière du death", surgit lors de la seconde vague thrash outre-Rhin en 1987, son premier album (le brouillon, mais néanmoins attachant "
Golem") sort une année après. Rapidement,
Protector se fait un nom sur la scène européenne, aux côtés des
Assassin,
Darkness et autres
Tankard. Au gré des sorties, dont le fameux "
A Shedding of Skin" (1991), le groupe remporte un succès d'estime, mais finit par décider d'un break en février
1994, quelques mois après la sortie de leur dernier album, le bon "
The Heritage". La séparation, censée durer une année, fut plus longue que prévue avec le décès de Michael Hasse (chant) en septembre
1994, mettant ainsi fin au groupe, du moins sous sa forme reconnue : le groupe subsistant jusqu'en 2002/2003 mais de façon anecdotique.
Devenu culte depuis, avec notamment des albums originels revendus à prix élevés sur les sites de la toile,
Protector est l'exemple même du groupe de thrash allemand underground.
2011 : Après quelques shows en Allemagne et dans les pays scandinaves entre 2006 et 2011, Martin Missy décide de reformer le groupe. Un splitsingle après (avec ERAZOR), revoilà
Protector sur le pied de guerre. Entouré de musiciens suédois (des ex-
Suicidal Winds,
Bestial Mockery, ou autres
Grief Of Emerald pour n'en citer que 3), Martin, qui réside à Stockholm, ressuscite
Protector avec un nouvel album "
Reanimated Homunculus" doté d'une pochette bien connotée deathmetal symbolisant son retour d'entre les morts. Enregistré au Sunlight avec T. Skogsberg aux manettes, l'album bénéficie d'un son précis, équilibré et étonnamment old-school.
Malgré tout, les craintes liées à la "suédisation" du groupe étant légion, je rentre dans le vif du sujet.
Sans intro mélodique ou acoustique, le premier titre "Sons Of
Kain" nous balance un thrash/death d'un autre âge (proche d'un
Opprobrium/
Incubus ou les plus récents
Deceased ou
Herratik pour situer), remontant au temps béni des années 1987/1989. Le refrain, force du groupe avec des associations de mots scandés à tue-tête, est immédiatement accrocheur. Le riffing, précis et rapide, nous replonge au temps des premiers efforts du groupe. Je rassure de suite les fans de
Protector, ce sera le cas quasiment tout au long de l'album. Les morceaux, courts mais intenses, sont calqués sur les précédents brulots du groupe. Tantôt des breaks lourdissimes ("
Deranged Nymphomania", le début de "
Reanimated Homunculus"), tantôt un riffing thrash envoutant (le terrible et Sodomesque "Holiday
In Hell") ou un phrasé de Martin digne de la grande époque agrémentent tous les titres, majoritairement rapides.
Bien sûr, aucune touche de modernité, ni d'expérimentation (ah ! si ! le solo à 2'58 digne du The Cure époque "Pornography" de l'excellent "Birth Of A
Nation". Etonnant, non ?). La qualité des morceaux, si elle peut faire débat, n'est à mes humbles oreilles, et après de nombreuses écoutes, pas prise en défaut, bien au contraire. Les chansons s'incrustent facilement entre les oreilles, aidés en cela par des structures simples, et des refrains et des ponts mémorables le plus souvent.
A l'image d'un
Carcass avec son dernier album,
Protector, étrangement, parvient à déraciner l'esprit de ses albums précédents, profondément enfouis. La première moitié du disque étant, à ce titre, réellement percutante. Cerise sur le gâteau : On a même droit au court "morceau fun bordélique" en queue d'album avec un "Calle
Brutal" digne d'un "Space Cake", gimmick déjà utilisé par le groupe. On peut regretter, quand même, que l'excellence de "
A Shedding of Skin" n'ait pas été atteinte, faute à une seconde partie d'album moins marquante : la prochaine fois ?
En bref, du bon thrash à l'ancienne ! Impossible pour les fans de l'album "
Golem" ou d'un vieux Sodom, par exemple, de ne pas apprécier.
Ainsi, après
Exumer,
Assassin ou
Morgoth, c'est une des dernières reformations d'un des fers de lance du thrash allemand auquel nous assistons. Ramenez-nous
Living Death et
Deathrow, et on sera ravis !
Je suis toujours surpris lorsque des groupes se reforment autour de musiciens...dont aucun n'a participé à l'album précédent.Certes Martin Missy était présent aux débuts de Protector, mais ce n'est qu'après son départ (en 1989) que le groupe a connu son apogée avec l'exceptionnel "A Shedding Of Skin" (1991) en intreprétant un percutant Thrash/Death Metal influencé par la paire Kreator/Sepultura.Bien que moins thrashy que ce dernier, "Reanimated Homunculus" (2013) n'en est pas moins un disque de bonne qualité qui devrait plaire aux fans de Maze Of Torment et Serpent Obscene.A noter la présence aux cotés de Martin Missy du suédois (comme le guitariste et le batteur, ainsi que Maze Of Torment et Serpent Obscene) Mathias Johansson, bassiste/chanteur du très bon groupe Suicidal Winds.
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