Des psaumes pour les morts...
Voilà donc le nom judicieux donné à ce dernier album de
Candlemass, les mastodontes du doom metal (à défaut d'en être les véritables instigateurs, cet honneur pouvant revenir à
Saint Vitus, ils l'ont véritablement popularisé)... Dernier album? Hé oui, d'après les dires de Leif Edling, bassiste et grand manitou de la formation, le groupe cessera dorénavant d'enregistrer des albums pour se concentrer sur les prestations scéniques ... soyons honnêtes, bien peu y croient, mais le propos n'est pas là.
Il est en effet nécessaire pour
Candlemass de nous proposer un (supposé) épitaphe discographique tenant la dragée haute aux albums mythiques et de qualité qu'ils nous ont offerts lors de leurs débuts. Et pas qu'à ceux-là : le défi est de taille d'arriver au niveau d'excellence atteint par
Death Magic Doom, le prédécesseur de ce
Psalms for the Dead ... Alors, la flèche noire a-t-elle atteint sa cible?
Oui et non.
Oui, car dans cet album, on retrouve tout simplement tout ce qui fait la force de
Candlemass depuis l'arrivée de l'excellent Robert Lowe (
Solitude Aeternus) au chant: une puissance et une empreinte sombre et torturée supérieures à celles du pourtant regretté
Messiah Marcolin - qui dépassait son successeur de la tête et des épaules dans les domaines du charisme et l'émotion.
De même, au delà de la voix, la recette éprouvée mais pas éculée des riffs plombés, rarement rapides (le morceau d'introduction
Prophet) mais souvent délicieusement lourds, comme sur un Sound of
Dying Demons rappelant l'excellent souvenir du dantesque
Hammer of Doom de
Death Magic Doom - sans toutefois l'égaler - , reste très efficace. De même, Mats Björkman nous rappelle quel excellent soliste il est tout au long de l'album lors d'interventions bien senties et très réussies.
Soulignons également l'apport assez marqué et positivement étonnant de nappes de claviers sur la plupart des morceaux - ils renforcent ainsi considérablement
Siren Song d'un orgue Hammond fort inspiré, accompagnent le refrain de Sound of
Dying Demons en lui donnant un côté inquiétant et font briller encore plus l'excellent morceau Lights of Thebe où Lowe se montre très à son avantage (ce refrain!).
Enfin, il est impossible de parler de cet album sans évoquer le morceau qui le clôture : Black as Time. Introduit par un long monologue au feeling tout à fait british, dans une ambiance de film d'épouvante à l'ancienne, il se poursuit sur un riff obsédant avant que Lowe ne s'envole sur un refrain encore une fois accompagné de claviers discrets ... un morceau musicalement simple, rendu unique par l'interprétation habitée du chanteur de
Solitude Aeternus qui porte véritablement l'album sur ses épaules.
Car nous voilà au "Non" : cet album, sans l'extraordinaire prestation de Lowe, aurait-il marqué les esprits de la même façon? Probablement pas. The Sound of
Dying Demon, même si il est un très bon morceau, sonne un peu trop comme The
Hammer of Doom sans jamais lui arriver à la cheville - de même,
Prophet rattrape son manque d'inventivité (on est très loin d'un
Emperor of the
Void au niveau du refrain...) et son break peu inspiré (on alourdit le tempo, on ralentit) par un riff entraînant...
Là où
Death Magic Doom et
King Of The
Grey Island avaient chacun proposé des morceaux de bravoure dépassant les 7minutes, emplis d'ambiance, et qui au final s'avéraient les plus marquants du lot (
The Bleeding Baroness, Of Stars &
Smoke, The House of 1000
Voices),
Psalms for the Dead nous propose un
Dancing in the Temple of the Mad Queen Bee (ce titre, sérieusement?) linéaire, un Killing of the Sun anecdotique, et ne fait frémir nos coeurs de pierre que lors d'un Lights of Thebe trop esseulé ou d'un Black as Time un rien trop court une fois amputé de son introduction narrée.
Soyons clairs :
Psalms for the Dead est un bon album de doom, voire un très bon album, et synthétise assez bien les 30 années de carrière du groupe ; toutefois, si
Candlemass nous offrait véritablement là son adieu, on resterait alors sur notre faim, tant cet album est inférieur sur plusieurs points à certaines perles de leur discographie.
Qui plus est, il sera bien difficile aux fans - du moins à ceux qui, comme moi, admirent le travail de Robert Lowe, d'accepter le remplacement pour le moins autoritaire du sympathique vocaliste en juin
2012 par Mats Léven, qui, si il n'a techniquement rien à prouver, semble manquer du charisme nécessaire pour porter une telle légende . A l'écoute de ce dernier album, magnifié par la voix de Lowe, nul doute que Leif Edling aurait pu mieux soigner le dernier acte de la pièce
Candlemass qu'en tournant sans aucun des chanteurs ayant forgé le mythe du groupe...
Le terme "doom metal" a surtout été rendu populaire par l'Epicus Doomicus Metallicus de Candlemass mais était je pense déjà utilisé avant.
Après, tout ça n'est que du blabla stérile, mais Saint Vitus, Pentagram ou Trouble sont les premiers groupes à avoir fait du doom metal et à en être CONSCIENTS. C'est la différence avec un Black Sab', qui, si vous leur demandez quel style de musique ils pratiquent, vous répondrons "heavy metal".
Mais le propos de ma chronique est surtout sur le nouvel album de Candlemass...
Toutefois, c'est un disque qui se révèle de plus en plus au fil des écoutes, car il recèle de nombreux détails qui le rendent atypiques. Alors certes, cet album n'égalera pas les chefs d'oeuvre du groupe, mais se révèle malgré tout très sympathique à l'écoute. Une petite déception en somme, mais certainement pas un mauvais album.
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