Sans compter
Morbid Angel dont l’offrande « I » a tant fait couler d’encre, Season Of
Mist a récupéré dans son catalogue une myriade de groupes phares ces dernières années :
Urgehal,
Arckanum,
Benighted,
Endstille,
Tsjuder,
Watain. En revanche
Esoteric, précurseur du
Doom / Death en son temps, n’est pas nouveau sur le label de Michael Berberian puisque les doomers anglais officient sur l’écurie française depuis 2004.
Après le remarquable mais court Subconscious
Dissolution in the
Continuum, Greg Chandler et ses acolytes étaient revenus à leur traditionnel double CD, s’éloignant toutefois de la folie et la schizophrénie des premiers albums pour se concentrer d’avantage sur une facette mélancolique.
Paragon of Dissonance (2011) semble ici reprendre le meilleur de toutes les périodes du groupe pour proposer un pavé qui fera date.
Doté d’un artwork sombre mais sobre, la plume de Kati Astaeir s’adapte de belle façon au côté monolithique de la musique des anglais.
Abandonment débute sur une musique relativement Death
Metal avec un riffing à la pédale wah-wah suivi d’un tempo très bas qui met immédiatement dans l’ambiance glauque du groupe. Un remarquable travail de guitare est produit tout du long : riffs mélancoliques, notes nuancées au vibrato, soli psychédéliques et épiques. Parfois une colère sous jacente et contenue reprend le dessus sur la tristesse, comme à 5 : 45 lorsque la rythmique redevient lourde et Death. Celle-ci s’éteint ensuite progressivement pour laisser place à une ambiance feutrée et sombrer finalement dans un désespoir assourdissant fait d’une superposition progressive de claviers, guitares, basse, chants jusqu’à l'insoutenable...
Lancinant et plaintif avec une introduction solennelle au piano,
Loss of
Will rappelle ce qui vient de l’Est et particulièrement de chez
Solitude Prod. La voix extrême ravageuse de Greg Chandler accentue cet effet pesant et inéluctable. Le morceau le plus court de l’album avec « seulement » sept minutes.
Les compositions sont longues, très longues, presque toutes autour du quart d’heure,
Esoteric prend le temps de développer ses thèmes, mais grâce notamment au travail des guitares évoqué plus haut, jamais le temps ne paraît long. La maturité des anglais semble désormais telle qu’ils passent d’une émotion à une autre d’une façon déconcertante, jamais de manière abrupte et toujours progressive, tout en gardant une unité dans les structures.
Paragon of Dissonance est un patchwork de ce que le groupe propose depuis vingt ans : la folie de Epistemological
Despondency et
The Pernicious Enigma, la densité de
Metamorphogenesis et Subconscious in the
Continuum, la mélancolie de
The Maniacal Vale. Le groupe a enfin digéré toutes ses influences et idées pour en retranscrire le meilleur sur ce disque.
Même si l’ensemble est beaucoup plus digeste que les anciennes réalisations,
Paragon of Dissonance reste extrêmement compact, un morceau un peu plus léger et facile d’accès comme
Cipher s’avère donc judicieux pour laisser respirer un peu l’auditeur profane.
Il n’y a qu’à se laisser porter par les compositions tour à tour planantes (le début de Non Being notamment), lourdes ou désespérées. Le côté
Funeral est justement particulièrement palpable sur Non Being avec sa monolithique descente aux enfers finale.
Disconcolate va encore plus loin, développant des atmosphères poignantes avec une utilisation de clavier des plus judicieuses ainsi que des guitares émouvantes mais à la rythmique inébranlable. On y trouve aussi ce fameux crescendo spécifique à tous les albums des anglais, avec une accélération très progressive menant finalement à un passage presque 100% Death
Metal : c’est comme réussir à sortir la tête des abysses, mais pour prendre une pluie acide sur la figure...
Greg Chandler en maître de cérémonie avisé, a lui même procédé à l’enregistrement, mixage et mastering de son bébé, et le moins que l’on puisse dire c’est que le bonhomme sait ce qu’il fait ! L’osmose est parfaite entre les instruments et le chant, et la vigueur de la production n’entame en rien son côté organique. Il nous reste donc au final un pavé grandiose qui mettra tous les fans du style à genoux, ne cherchez pas plus loin l’album
Doom / Death de l’année.
Développant vaillamment un style aux ambiances
Doom et à la puissance Death
Metal,
Paragon of Dissonance porte haut les couleurs (ou plutôt la grisaille) du
Funeral Death. Aux côtés des inévitables
Mournful Congregation.
Paragon of Dissonance impose une fois de plus
Esoteric parmi les cadors du genre en cette année 2011.
Like a funeral march
Driving towards the death
Awaiting the vultures’ call
BG
T'inquiètes, c'est bien venu !
Faut dire qu'entre le Thrash, le Grind, le Death, et d'autres, j'aime bien me passer des B.O. de films. Les compos orchestrales et les thèmes, je veux dire, pas la soundtrack. Donc, quand dans le Metal y a un truc qui ressemble même de loin à la "rencontre" des deux, ce n'est pas pour me déplaire (ce qui me fait parfois accrocher à des groupes ou au moins à des morceaux qui ne sont pas a priori dans mes goûts - là, je ne pense pas à Esoteric qui rentre dans mes préférences comme Evoken ou Void Of Silence).
Un groupe vraiment à part, sans équivalent, définitivement.
Pardon, je sais pas pourquoi ça m'est venu à l'esprit un truc pareil.
Ta note, ta chronique, et le vil genre dans lequel officie le groupe m'ont convaincu d'emblée. Je veux cette galette et je l'aurai. Et ça me rappelle que j'ai une chro à pondre sur les deux derniers Mournful Congregation.
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