Le registre spécifique du metal mélodique n'a de cesse d'attirer des candidats toujours plus nombreux à vouloir s'y investir, chacun évoluant avec ses arguments techniques et ses convictions artistiques. Dans cette vaste enceinte, on voit poindre le nez d'une petite formation venue de Varberg, en Suède, pour tenter de nous embarquer dans une aventure musicale singulière.
We Are The Catalyst est un duo de metal mélodique cofondé en novembre
2012 par le multi-instrumentiste et chanteur Kenny Boufadene et par la chanteuse Catryn Feymark, tous deux issus du groupe
One Without aujourd'hui dissolu. On y retrouve d'ailleurs l'empreinte instrumentale, vocale et stylistique dans le projet actuel du combo. Au niveau mélodique, on y décèle l'empreinte de
The Flaw, notamment sur certains refrains.
Dans ce premier EP auto-produit de cinq titres, pour une durée d'une vingtaine de minutes relative à des pistes sensiblement de même longueur, les deux artistes ont témoigné d'un travail en studio non négligeable. Stylistiquement, on se situe dans un metal mélodique classique par ses codes bien identifiables, à la différence près d'avoir une batterie apparaissant souvent samplée, ce qui n'est pas sans effet sur un manque de relief acoustique et rythmique installé le long de l'opus. En l'absence d'instrumentalistes autres que nos deux protagonistes, les parties orchestrales se sont superposées les unes aux autres, se juxtaposant alors au lieu de se compléter, comme on serait à même de l'attendre dans une formation de metal traditionnelle. Techniquement, il s'avère, toutefois, délicat de ne pas déroger à ce schéma instrumental.
Sur le plan technique relatif à l'instrumentation, Kenny assure ses parties avec entrain et détermination, octroyant même parfois quelques soli à la clé. Dommage que des boîtes à rythmes se calent souvent en arrière-fond de la toile instrumentale en guise de double-caisse. On y perd ainsi en authenticité et en finesse ce que l'on gagne en relative efficacité. Sur l'axe vocal, à l'instar de
One Without, la voix claire et nuancée de Catryn vient souvent à la rencontre de celle de Kenny, plus en demie-teinte, voire un tantinet inopportune selon les morceaux.
Quelques passages séduisent par de beaux accords aux claviers disséminés çà et là et contribuant à conférer à ces titres une ligne mélodique plutôt bien assise. C'est le cas pour "
Sad Reality", morceau aux riffs rugueux mais bien dosés et aux harmonies agréablement mises en exergue par un piano bien inspiré. Un beau break aux claviers vient céder le pas à une heureuse reprise chantée. De plus, un bref solo de guitare vient parachever l'ensemble pour nous convaincre de l'efficacité technique de la piste. Toutefois, le duo vocal assombrit quelque peu le tableau en ce qu'on aurait pu se passer d'une présence masculine un peu fade pour ne conserver que les notes délicatement modulées de la partie féminine.
Le groupe n'a pas omis d'y inclure une touche metal plus incisive, comme on l'observe sur "Being Number One", titre au rythme lourd, aux riffs acérés caractéristiques du genre et manifestant une belle explosivité. A cet égard, le titre joue sur les contrastes vocaux. En effet, la voix masculine se fait plus écorchée au moment où l'empreinte vocale féminine s'annonce à la fois claire et nasillarde. On aurait cependant souhaité ne pas observer de répétibilité de lignes vocales synthétisées qui, d'ailleurs, n'apportent pas d'originalité supplémentaire à la combinaison vocale initiale.
Les effets de contrastes vocaux ont revêtu une autre forme encore. Ainsi, sur "
Tomorrow", morceau au rythme syncopé et développant des nappes synthétiques bien présentes mais un poil monocordes, l'impulsion vocale masculine n'apparaît qu'en arrière-fond. Celle-ci partage l'espace vocal avec de savoureuses notes féminines pleines de nuancées placées au devant de la scène, assurant alors une ambiance sulfureuse et un cadre mélodieux non sans intérêt.
Pour le reste, on note les mêmes ingrédients instrumentaux et selon un schéma de correspondances vocales classique. Néanmoins, "
Beware of Snakes" témoigne d'une dynamique rythmique soutenue et des riffs roulants bien organisés. Toutefois, à l'image de "
This Is Paranoia", ses refrains un peu palots peinent à nous embarquer tout comme le son d'ensemble, de nature plus organique qu'authentique.
On ressort de l'écoute de cet EP sans trop de heurts, ni d'extase particulière. Aussi, l'ensemble nous laisse quelque peu perplexe de par le propos musical créé, celui-ci se voulant empreint d'une modernité qui parfois lui échappe, voire lui fait défaut. De son côté, la rythmique s'avère d'une régularité pendulaire tel un métronome, sans âme ni émotions. De plus, les parties vocales ne sont pas toujours en symbiose et auraient gagné à être enrichies de choeurs pour relever un paysage oral certes pastel, mais un chouia grisâtre, selon la plage fréquentée.
On est donc livré à un coup d'essai audacieux et non sans mérites mais qui devra proposer davantage d'épaisseur artistique et de densité orchestrale pour convaincre. On pourra tout de même prêter une oreille attentive afin d'apprécier quelques belles arpèges et de retrouver les délicates inflexions vocales de Catryn. Les amateurs de metal mélodique à chant féminin ne bouderont pas leur plaisir à la découverte de cette brève introduction, à condition de ne pas céder à la tentation de la comparaison avec des formations plus aguerries dans ce registre du metal ou même à l'image de leurs travaux antérieurs. A écouter entre autres albums de metal mélodique.
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