Liste des groupes Metal Mélodique We Are The Catalyst Elevation

Les Suédois de We Are The Catalyst poursuivent leur route, portés par le vibrant « Monuments », premier album longue durée sorti deux ans plus tôt et les ayant propulsés dans une ''autre dimension''. En effet, depuis leur tâtonnant EP « Panem et Circenses », un véritable bond en avant s'est opéré pour les natifs de Varberg eu égard à la qualité de production de la rondelle. C'est désormais à un second album full length, le bien-nommé « Elevation », auquel s'est attelé le combo. Indice révélateur qui laisse augurer une aventure au long cours pour nos acolytes...

Les 11 pistes de la galette évoluent, tout comme son prédécesseur, dans un rock'n'metal électro-gothique et atmosphérique, faisant penser tour à tour à One Without, The Flaw, Amaranthe, Passionworks, Autumn, Lacuna Coil, Evanescence, avec quelques relents de Within Temptation (première période). Et ce, avec de nouvelles sonorités, des arrangements plus aboutis et un petit supplément d'âme à la clé. Aussi, à l'aune de ce manifeste, le collectif suédois va-t-il franchir une nouvelle étape susceptible de le propulser parmi les valeurs confirmées de son registre metal?

Suite à un changement de line up, le quintet originel s'est mué en quartet, avec à sa tête ses cofondateurs (la frontwoman Catrin Feymark et le guitariste/bassiste/batteur et vocaliste Kenny Boufadene (tous deux ex-One Without)), assistés du bassiste Joni Kaartinen et du batteur Hakan Strind ; le guitariste Kristoffer Andersson (ex-Sonic Syndicate) ayant quitté prématurément le navire. De cette étroite collaboration, progressivement solidifiée depuis les débuts de la troupe en 2012, émane une œuvre énergisante, sensuelle et énigmatique mise en relief par une ingénierie du son plutôt soignée, à commencer par un mixage parfaitement équilibré entre instrumentation et lignes de chant. A l'image de la précédente offrande, une belle profondeur de champ acoustique se dessine et les finitions ont fait l'objet d'une attention particulière. On ne saurait non plus éluder l'artwork de la jaquette, d'inspiration fantastique, réalisée par Gustavo Sazes (Amaranthe, Arch Enemy, Kamelot, Nightrage). Nos quatre mousquetaires auraient donc mis les petits plats dans les grands...

Comme il nous y avait déjà habitués par le passé, l'inspiré quartet a témoigné d'une rare faculté à accoucher des compositions aisément mémorisables, à la radieuse esthétique mélodique et aux accords enivrants. A commencer par le sensuel et énigmatique mid tempo, « Our Dark World », aux relents de One Without. Doté de couplets bien ciselés relayés par des refrains catchy et mis en habits de lumière par les puissantes et fluides impulsions de la déesse, le propos magnétisera d'un battement de cils le pavillon du chaland. De même, toute résistance sera bien vaine sous l'impact de « One More Day », « Askja » et « Never Ending Night », délectables propos dans le sillage électro-gothique d'Amaranthe, avec une influence mélodique de Delain. De par leurs pénétrantes séries d'accords et les confondantes modulations de la belle, ces trois pépites nous entraînent, elles aussi, dans un tourbillon de saveurs exquises, que pourraient bien leur envier leurs pairs.

Moins directement orientés vers les charts, certains passages un poil plus sanguins se sont révélés non moins impactants au fil des écoutes. Dans cette mouvance, on retiendra les diluviens up tempi « Delusion » et « Alive », tous deux dans la droite lignée atmosphérique de One Without avec une touche de Lacuna Coil dans leurs harmoniques. Au regard de leurs immersifs refrains et de leurs fines variations, ils ne rateront pas leur cible. Evoluant certes sur le schéma classique d'une belle au timbre clair et d'une bête au scream tranchant, les deux brûlots développent parallèlement une stupéfiante force de frappe, propice à un headbang frénétique et ininterrompu.

Nos acolytes n'ont pas omis de ralentir la cadence, ne nous octroyant pas moins de trois moments tamisés où les mots bleus prennent tout leur sens. Délicate et séduisante power ballade aux faux airs d'un Within Temptation des premiers émois, avec un zeste de Lacuna Coil, « Open Door » déclenchera sans mal la petite larme au coin de l'oeil. Restant fortement chargé en émotion, et enjolivé par les enchanteresses volutes de la maîtresse de cérémonie, l'instant privilégié poussera irrémédiablement l'amateur du genre à une écoute en boucle. Non moins frissonnante, la ballade « Home », pour sa part, cherche ses sources harmoniques du côté d'Evanescence. Et la magie opère une fois encore... Et que dire de la féline et troublante outro « Life Equals Pain »  à la Beyond The Black? Graduellement, l'instrumentation s'épaissit et les montées en puissance de la sirène fendent l'air, rendant compte de l'insoupçonnée étendue de son spectre vocal. Assurément un secteur où le combo suédois s'avère particulièrement à son aise...

Si l'offrande s'avère de fort bon aloi, elle accuse également de relatives baisses de régime. Ainsi, moins accessibles mais non moins vibrants, les frondeurs « A Million Claws » et «Without Fear » en sont une illustration. A mi-chemin entre The Flaw et Passionworks, tous deux disséminent leurs riffs roulants au fur et à mesure des pérégrinations d'une sirène muée en dangereuse prédatrice, chez qui l'art semble moins naturel qu'au regard des pistes sus-citées. Pourtant diablement énergisants, ces deux efforts accusent une sente mélodique trop linéaire et se voient desservis en prime par quelques gênantes répétitions d'accords. Pas franchement rédhibitoire, mais un peu juste donc pour prétendre à une inconditionnelle adhésion auprès des aficionados des sources d'influence du combo.

Au final, nos gladiateurs nous livrent un palpitant message musical, immédiatement assimilable et durablement inscriptible dans la mémoire. Revenant plus déterminés et mordants qu'autrefois, ils ont su fluidifier leurs lignes mélodiques, varier à la fois leurs jeux oratoires et leurs rythmiques, pour mieux nous retenir. Dispensant une qualité de production difficile à prendre en défaut, nos compères ont parallèlement peaufiné chacune de leurs portées et soigné leurs effets. De quoi autoriser une écoute prolongée du skeud. Surtout, l'émotion est au rendez-vous de nos attentes. De plus, ils ont gagné en épaisseur artistique ce qu'ils n'ont pas perdu en profondeur d'âme, loin s'en faut. Bref, un album tonique et romantique, ayant profité d'un supplément de maturité compositionnelle de ses membres, et susceptible de les propulser parmi les valeurs montantes de ce registre metal. On attend dès lors le troisième album, celui de la confirmation d'un potentiel qui ne s'est nullement démenti depuis ses deux premiers efforts. Un groupe à suivre de près, de très près...