Trois années déjà envolées depuis son second et rayonnant album studio, «
Elevation », et voici le combo suédois originaire de Valberg enfin de retour. Ce qui ne signifie nullement qu'il soit resté dans l'ombre pour autant, le collectif nord-européen ayant réalisé entre 2018 et 2019 la bagatelle de cinq singles («
Predators », «
The Code », «
Where the Mountain Stands », «
Over Pale Waters » et «
Alone Against the World » successivement), pistes qui toutes feront partie intégrante de son troisième et présent effort dénommé «
Ephemeral » ; une galette d'une douzaine de plages dispatchées sur un ruban auditif de 45 optimales minutes, sortie, tout comme sa devancière, chez le label suédois
Ferocity Records. S'agit-il du digne successeur de son illustre aîné à l'exclusion de toute autre alternative qui en fonderait précisément sa spécificité ou d'une œuvre à part entière, inscrivant alors de nouvelles sonorités dans sa trame ? Un peu des deux à la fois, peut-être ?
Dans ce dessein, le line up de la précédente livraison demeure inchangé. Aussi, y retrouve-t-on ses cofondateurs, la frontwoman Catrin Feymark (dite 'Cat Fey') et le guitariste/bassiste/batteur et vocaliste Kenny Boufadene (tous deux ex-
One Without), à nouveau assistés du bassiste Joni Kaartinen et du batteur Hakan Strind. De cette étroite collaboration naît une œuvre des plus vitaminées, éminemment fringante, empreinte de sensualité, parfois intrigante, un brin romantique. Resté partiellement fidèle à ses aspirations premières, le groupe nous livre un message musical estampé rock'n'metal électro-gothique et atmosphérique, à nouveau dans l'ombre de
One Without,
The Flaw,
Amaranthe,
Passionworks,
Autumn,
Lacuna Coil,
The Gathering,
Evanescence, et
Within Temptation, tout en nourrissant moult de leurs harmoniques d'un zeste de modernité. Aussi, l'empreinte de
Delain,
Rage Of Light et Metalite ne saurait davantage être éludée. Un heureux trait d'union entre passé et présent, en somme...
Lui aussi produit, enregistré, mixé et mastérisé au Studio
Meltdown, à Varberg, par Kenny Boufadene, l'opus jouit à son tour d'une belle profondeur de champ acoustique et de finitions passées au crible. On reconnaîtra également l'artwork de la jaquette, d'inspiration fantastique et au trait affiné, signé Gustavo Sazes, guitariste brésilien (ex-
Coldblood) sollicité, entre autres, par
Amaranthe,
Angra,
Arch Enemy,
DGM,
Firewind,
Kamelot,
Nightrage,
Serenity,
Sirenia,
Temperance, pour le design de certains de leurs albums. Ces indices signifieraient-ils que le groupe reproduirait à l'identique la recette gagnante de la précédente livraison ? Ce troisième mouvement lui permettra-t-il de franchir une nouvelle étape dans sa carrière, et ce, au point de le placer parmi les valeurs confirmées de ce registre metal ? Mais suivons plutôt nos quatre valeureux gladiateurs dans leurs nouvelles aventures...
Comme il nous y avait déjà accoutumés, le combo nord-européen révèle sa capacité à concocter ces séries d'accords qui font mouche tout en s'inscrivant durablement dans les mémoires, à commencer par les pistes les plus enfiévrées. Ainsi, c'est d'un battement d'aile que le tympan sera happé par la radieuse esthétique mélodique de «
Over Pale Waters », un aérien et ''delainien'' up tempo au refrain catchy mis en exergue par les limpides inflexions de la sirène. Dans cette mouvance, on ne saurait davantage esquiver l'''amaranthien'' « Breathing Black » eu égard à son énergie aisément communicative et à la soudaineté des montées en régime de son corps instrumental.
Plus tortueux mais guère moins headbangants, à la confluence de
Lacuna Coil et
Within Temptation s'esquissent l'énergisant «
The Code » tout comme l'offensif « The Broken », véritables torches incendiaires aux riffs résolument oscillants que ponctuent des coups de boutoir des plus incisifs et d'une régularité métronomique. Mais le magicien aurait encore bien d'autres tours dans sa manche...
Un poil plus en retenue, d'autres espaces d'expression pourront non moins retenir plus que de raison celui qui y aura plongé le pavillon. Ce qu'attestent, d'une part, «
Alone Against the World » et « Innan Allt Faller », tubesques mid tempi électro-gothique dans la veine coalisée de
Rage Of Light, Volturian et Metalite, voguant chacun sur de sinueuses rampes synthétiques et calés tous deux sur une ligne mélodique certes convenue mais des plus immersives. La magie n'opérera pas moins sur «
Predators », ''lacunacoilesque'' mid tempo progressif aux riffs épais et tourbillonnants, un brin énigmatique et encensé par les troublantes patines de la déesse. Et comment ne pas se sentir téléporté loin au-dessus du plancher des vaches par l'enivrant refrain dont se pare «
Where the Mountain Stands », mid/up tempo à mi-chemin entre
Passionworks et
Delain ?
Dans une même dynamique, pourtant moins aisément inscriptibles dans les charts, certains passages sauront à leur tour nous assigner à résidence. Ainsi, au carrefour entre
Autumn,
The Flaw et
One Without, le mid tempo « Coming
Home » égrène ses riffs grésillants tout en déversant ses couplets finement ciselés relayés chacun d'un entêtant refrain. Et la sauce prend, là encore, sans tarder. Un brin plus éthéré mais greffé sur une sente mélodique des plus ensorcelantes et laissant entrevoir des enchaînements intra piste des plus sécurisés, le félin et ''delainien'' « In Shadows », quant à lui, fera plier l'échine à plus d'une âme rétive.
A l'instar de son devancier, ce méfait se fait également romantique à ses heures, nos compères nous adressant par là même leurs mots bleus les plus sensibles. Aussi, l'émotion ne saurait tarder à étreindre l'aficionado de moments intimistes sous l'impact des vibes enchanteresses jaillissant des entrailles de «
Dust », délicieuse et ''evanescente'' ballade atmosphérique aux airs d'un slow qui emballe. Sous-tendu par de délicates gammes au piano, suivant un infiltrant cheminement d'harmoniques et mis en habits de soie par les cristallines modulations de la maîtresse de cérémonie, l'instant privilégié ne se quittera qu'à regret. Un brin plus cadencé, dévoilant d'enveloppants arpèges d'accords et pétri d'élégance, le ''gatherien'' low/mid tempo « Without You » se jouera lui aussi de toute tentative de résistance à son assimilation. Qu'on se le dise...
Résultat des courses : après un poignant «
Monument » et un solaire «
Elevation », c'est à un galvanisant « «
Ephemeral » que l'on a affaire. Tout aussi pulsionnel, charismatique et efficace que son aîné, ce troisième effort jouit lui aussi d'une production d'ensemble rutilante et d'exercices de style variés, sans accuser, cette fois, l'ombre d'une baisse de régime qui en altérerait l'impact. D'aucuns auraient probablement espéré un opus plus diversifié qu'il n'apparaît sur les plans atmosphérique et vocal et l'octroi d'une once d'originalité à un set de compositions aux harmoniques certes immersifs mais des plus prévisibles. Etat de fait qui ne saurait empêcher ni l'émotion d'être à nouveau au rendez-vous de nos attentes, ni d'inédites et grisantes sonorités de parsemer la galette. Aussi, sept ans après sa sortie de terre, à l'aune d'une offrande transpirant la féconde inspiration de ses auteurs, le combo suédois peut désormais caresser l'espoir de se hisser parmi les valeurs confirmées de ce registre metal. C'est donc sans encombres que se poursuit l'aventure pour le quartet nord-européen...
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