Liste des groupes Metal Mélodique We Are The Catalyst Perserverance

Les événements se sont succédés à la vitesse grand V pour le combo suédois depuis son troisième et rayonnant album « Ephemeral » réalisé voilà deux ans. Le temps pour lui d'écouler pas moins de cinq singles et d'un EP 6 titres dénommé « Tro », un laconique mais prégnant opus que quelques semaines à peine séparent de son quatrième et présent album full length, « Perseverance » ; une rondelle d'une douzaine de pistes égrainées sur une bande auditive de 43 optimales minutes, sortie sur le label suédois Flick Records. Serait-ce là le digne héritier de son flamboyant prédéesseur ou un propos imprégné de sonorités inédites qui en fonderaient son originalité ? Ou un peu des deux à la fois ? Ce nouvel arrivage pourrait-il, neuf ans après sa sortie de terre, asseoir le collectif nord-européen parmi les valeurs confirmées du metal alternatif à chant féminin ?

Dans cette perspective, l'équipage du précédent effort a subi un léger remaniement. Après le départ du bassiste Joni Kaartinen, le quartet s'est mué en trio, la frontwoman Catrin Feymark (dite 'Cat Fey') et le guitariste/bassiste/claviériste et vocaliste Kenny Boufadene (tous deux ex-One Without et membres fondateurs du groupe) poursuivant leur aventure escortés du batteur Hakan Strind. De cette collaboration émane un essai volontiers énergisant, pimpant, sensuel, parfois énigmatique, romantique à ses heures. N'ayant nullement tourné le dos à son passé tout en alimentant son propos d'un zeste de modernité, à l'image du précédent effort, le groupe nous livre un propos rock'n'metal électro-gothique atmosphérique et mélodique, à la fois dans le sillage de One Without, The Flaw, Amaranthe, Passionworks, Autumn, Lacuna Coil, The Gathering, Evanescence, et Within Temptation, mais aussi dans celui de Delain, Volturian, Rage Of Light et Metalite.

Lui aussi produit, enregistré, finement mixé et mastérisé au Studio Meltdown par Kenny Boufadene, cet opus témoigne non moins d'une belle profondeur de champ acoustique et de finitions passées au peigne fin. On reconnaîtra également l'artwork de la jaquette, d'inspiration fantastique et au trait affiné, signé Gustavo Sazes, guitariste brésilien (ex-Coldblood) sollicité par Amaranthe, Angra, Arch Enemy, DGM, Firewind, Kamelot, Nightrage, Serenity, Sirenia, Temperance, parmi tant d'autres, pour le design de certains de leurs albums. Autant d'indices qui nous amènent à penser que cet opus marche sur les traces de son illustre prédécesseur. Une exploration plus minutieuse des entrailles du navire s'impose...

Comme elle nous y a habitués, la formation suédoise enchaîne ces arpèges d'accords qui, peu ou prou, aspireront d'un claquement de doigts le tympan du chaland, à commencer par ses passages les plus enflammés. Ainsi, c'est sans ambages que l'entêtant refrain du ''lacunacoilesque'' single « Set the World on Fire » happera le pavillon ; une rayonnante offrande atmosphérique gothique aux relents électro mise en exergue par les troublantes modulations de la sirène. On retiendra non moins l'entraînant et ''delainien'' méfait pop metal « Shallow Ground » eu égard à son infiltrant cheminement d'harmoniques et à ses grisants gimmicks guitaristiques. Difficile enfin d'esquiver un pas de danse sur le bien-nommé « Dancing Solo » ; un mid/up tempo bien cadencé et dévoilant des enchaînements intra piste des plus sécurisés. Mais le magicien a encore quelques tours dans sa manche en réserve...

Tout aussi enfiévrées mais moins aisément inscriptibles dans les charts, d'autres pistes trouveront cependant matière à nous retenir, un peu malgré nous. Ce qu'atteste, d'une part, « Angels of Death », pulsionnel manifeste dark/électro gothique à la croisée des chemins entre One Without, Amaranthe et Draconian ; une anxiogène et néanmoins palpitante plage où les growls glaçants de Kenny Boufadene offrent un joli face à face avec les angéliques impulsions de la belle. Dans cette mouvance, le mid/up tempo « Brave New Day » se fait un poil plus tortueux tout en recelant un insoupçonné emballement du convoi instrumental. Et la sauce prend, in fine.

Quand la cadence se fait plus mesurée, nos acolytes trouvent à nouveau les clés pour nous rallier à leur cause. Ce qu'illustre, tout d'abord, le sensuel et ''gatherien'' mid tempo « Järtecken » ; issu de l'EP sus-mentionné, recelant des couplets finement esquissés encensés par les magnétiques oscillations de la déesse, et en dépit d'une ligne mélodique convenue, cet enivrant mouvement aux riffs épais ne saurait rater sa cible. D'inspiration metal moderne, à chercher du côté de Metalite et Volturian, le félin single « Drowning » tout comme l'invitant « Underneath It All » n'auront pas davantage tari de séduisants atours, dont un refrain catchy mis en habits de lumière par les poignantes inflexions de la princesse. Dans une même énergie, et non sans rappeler un Within Temptation dernière mouture, « More » se pose tel un mid tempo aux riffs grésillants et des plus efficaces, propice à un headbang subreptice.

Lorsqu'ils nous mènent en d'intimistes espaces, toute tension s'évanouira d'un coup d'un seul, nos compères nous adressant alors leurs mots bleus les plus sensibles. Ainsi, calées sur une sente mélodique toute de nuances vêtue et mise en habits de soie par nos deux vocalistes patentés, c'est d'un battement de cils que les ''evanescentes'' ballades progressives « Better » et « I Will Follow » se joueront de toute tentative de résistance à leur assimilation. L'émotion ne sera guère moins au rendez-vous de nos attentes sur « Noll », ''lacunacoilesque'' et frissonnante ballade atmosphérique, elle aussi extraite de l'EP sus-cité. Disséminant de délicats arpèges au piano et encensé par les chatoyantes patines d'une interprète que l'on croirait alors touchée par la grâce, l'instant privilégié ne se quittera qu'à regret.

Demeurant dans la lignée atmosphérique de son aîné, ce quatrième et efficace mouvement comblera assurément les attentes d'un pavillon déjà sensibilisé aux dernières esquisses du groupe ou même aux vibes de leurs maîtres inspirateurs. A la fois vitaminé, solaire et troublant, le méfait bénéficie à son tour d'une ingénierie du son plutôt soignée et d'une palette étoffée en matière d'exercices de style. On aurait peut-être souhaité voir l'une ou l'autre prise de risque inscrite au cahier des charges et des lignes mélodiques certes avenantes mais un poil moins convenues qu'elles n'apparaissent. Une galette toutefois essaimée de grisantes sonorités et des plus émouvantes, se savourant à chaque fois un peu plus au fil des écoutes. A l'aune de cette livraison, le trio suédois a une belle carte à jouer, susceptible de l'asseoir parmi les valeurs confirmées de cet univers metal. Qui pourrait bien arrêter la colombe suédoise en plein vol ?...