Lamb of God, qui avait débuté en
1994 sous le patronyme sympathique de
Burn The Priest, va bientôt fêter ses trente ans de carrière. Ce combo de Richmond (Virginie, USA) m'a toujours paru en dehors du temps, presque anachronique. Il a d'ailleurs été plus ou moins attaché à la scène metalcore, alors qu'il possède plutôt les attributs d'un groupe de thrash/groove metal hybride de
Slayer et de
Pantera avec une touche de hardcore, qu'on aurait cryogénisé en 1990. D'où peut-être ce qualificatif de metalcore, qui désignait un temps les indécis coincés entre hardcore et thrash (
Cro-Mags,
Life Of Agony,
Hatebreed...), comme quoi les mots n'ont que le sens qu'on veut bien leur donner.
Tiré par l'antagonisme de ses locomotives
Randy Blythe (chant) et Mark
Morton (guitare), le groupe a connu une ascension forte et régulière, notamment à partir de 2004 avec son album "
Ashes of the Wake" et son hit "
Laid to Rest" bardé de riffs techniques en drop D qu'on apprend dans tout bon manuel à l'école Roublard du métal. Bien qu'il ait longtemps usé des mêmes recettes sur la plupart de ses albums, depuis quelques années il tentait timidement de se renouveler, avec par exemple des pointes d'indus ou des incursions mélo à la
Trivium.
Alors que
Lamb of God a eu un line up remarquablement stable depuis plus de vingt cinq ans, le groupe s'est séparé en 2019 du batteur Chris
Adler (frère de leur guitariste Willie), alors qu'ils préparaient leur dixième album. Du coté de l'intéressé, qui avait du déclarer forfait lors de la tournée en 2017 à cause d'un accident de moto, celui-ci ne se sentait plus heureux dans le groupe. C'est Art Cruz (ex-
Prong) qui a été choisi pour le remplacer depuis lors derrière les fûts.
Ayant sorti son précédent LP "
Lamb of God" sans pouvoir le défendre sur scène, 2020 oblige,
Randy Blythe et ses compères se sont dit que puisqu'ils étaient bloqués à la maison, autant écrire un nouvel album.
Randy l'avoue lui-même, il n'aime pas enregistrer (alors que Morgan adore ça...) et
Lamb of God est avant tout un groupe de scène. Le dernier né a donc opportunément été mis en boîte dans les conditions du live, chose on ne peut plus louable.
"
Omens" est paru le 7 octobre 2022, chez
Nuclear Blast, orné d'une très jolie pochette mêlant naturalisme et onirisme macabre. Le groupe a aussi veillé à mettre tous les atouts de son côté, parant chaque titre d'une vidéo pour une diffusion la plus large possible.
Disons le tout net, avec leur onzième LP, les
Lamb of God n'ont pas cherché à faire un concept album : les dix cartouches semblent faites pour être utilisées comme munitions en concert. Cela commence avec un headshot, "
Nevermore" fait mouche dès le premier coup avec ce fantastique riff de refrain à rallonge dont les
Rednecks ont le secret. Comme souvent
Lamb of God ne se gêne pas pour mettre son meilleur morceau en premier pour attirer le chaland, résumant tout ce qu'il sait faire de mieux.
Les riffs s'enchaînent, défilant les uns derrière les autres en ordre serré, avec la précision tranchante qu'on leur connait.
Pas de fanfreluches ni de fioritures, si ce n'est des riffs forgés avec une technique et une dextérité impressionnantes. Le choix de l'enregistrement live fait que l'énergie bouillonne sur cet album brut. Le son est massif et surpuissant, entre guitares velues et basse mammouth, et éclaire les morceaux sous leur meilleur jour.
Il y a une pelletée de bons gros riffs, que la paire de guitaristes Mark
Morton et Willie
Adler assènent à l'unisson, aptes à faire saliver autant leurs fans en concert que les guitaristes en herbe. Coté rythme et batterie, Art Cruz reste sur un mid tempo groovy ou heavy avec tout ce qu'il faut de roulements et de breaks, pour dynamiser les compos et briser un peu l'impression de linéarité qui se dégage, il faut bien le dire, de l'ensemble. Il s'est intégré parfaitement au groupe, et fait plus que remplir le job.
Il y a un coté frondeur, limite bête et méchant qui se retrouve particulièrement sur le morceau titre, où
Randy Blythe assume crânement le choix de la facilité dans sa façon de chanter, en privilégiant l'effet percussif à court terme (le refrain plus que plat de "
Omens"). Ca groove aussi à la
Pantera, sur un "To the Grave" dont le refrain bas du front vise les zones archaïques et headbangeuses du cerveau. On a aussi une dégelée hardcore avec un "
Denial Mechanism", où le groupe fait un sprint assez réjouissant de deux minutes trente sept.
Au moment où on se dit que tout ça est un peu simplet et sonne un peu trop comme un enchaînement de riffs sans réelle substance, le groupe a le métier pour faire quelques écarts salvateurs. Il y a tout de même quelques transitions bien construites comme le milieu de "Vanishing" par exemple, qui fait bifurquer le morceau dans une direction plus nuancée.
Si la plupart des morceaux font dans le simple et efficace, un titre plus travaillé comme "
Gomorrah" se pare d'une vraie intro où perle enfin de l'émotion, avec des notes ciselées. Au vu de la vibe Slipknot présente sur ce titre, je me serais presque attendu à un petit featuring avec
Corey Taylor...
Il faut attendre le dernier morceau "September Song" pour avoir un véritable moment de douceur et de mélodie, avec des cordes qui s'emmêlent avec grâce. Mais faut pas déconner non plus, cette minute et quelques secondes de finesse dans un monde de brutes se finit lorsque
Randy dil éboule pour sonner la reprise des hostilités avec un "Ouarrrrrgl !" retentissant. Ce morceau en trois parties un peu plus long (six minutes) termine l'album de manière plus posée et ouvre intelligemment les possibilités pour une suite a prochain épisode.
Les pistes défilent avec une durée moyenne de trois ou quatre minutes, et avec des compos simples basées sur du riff, du riff et encore du riff, il faut bien avouer que tout cela se ressemble un peu, et qu'il n'est pas aisé de différencier un morceau d'un autre une fois la salve terminée. Certains titres font dans le service minimum comme "
Grayscale" et ses tritons d'élevage slayeriens. Loin de l'étiquette metalcore, je trouve que ce disque plus proche d'un thrash Bay
Area à la
Exodus, et me fait un peu la même impression que le "
Persona Non Grata" des hommes de Gary Holt. Sur ce nouveau disque,
Lamb of God revient à ce qu'il faisait dans sa période dorée, en se recentrant sur l'aspect le plus brut et efficace de sa musique. Ce nouvel effort satisfera sûrement le inconditionnels du groupe, mais se révèlera quelque peu décevant pour qui voudrait découvrir ce groupe qui jouit toujours d'une notoriété certaine.
J'adore vraiment un groupe péchu, d'ailleurs j'ai jamais compris pourquoi classé ce groupe en metalcore hein? c'est du power thrash ou power métal a la Pantera mais surtout pas du metalcore non non non .
MCGRE : Merci pour ton commentaire, On est d'accord :-) Pantera non plus ne fait pas de metalcore...
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