Sept ans : voilà le temps qu’il aura fallu patienter pour voir la sortie du nouvel opus du groupe phare de Black épique,
Summoning. Les deux membres du groupe Autrichien nous avaient laissés sur le chef d’œuvre
Oath Bound en 2006 qui avait fait l’unanimité parmi les adeptes du groupe dont je fais partie et reviennent cette année avec le bien nommé
Old Mornings Dawn. L’attente aura donc été très longue, surtout depuis l’annonce d’un nouvel album début
2012, qui fut enregistré en fin d’année pour sortir en ce mois de juin 2013. Alors Silenius et
Protector vont t-ils réussir à nous faire voyager comme ils l’ont fait sur
Oath Bound ?
Sept ans plus tard,
Summoning ne change en rien sa recette de Black
Epic, au rythme très lent, nous faisant parcourir l’univers de Tolkien, la Terre du Milieu et nous comptant des histoires d’Elfes, d’Orcs, de batailles, d’honneur… Le tout accompagné de chœurs, d’orchestrations, de synthés et de claviers polyphoniques. Je tiens à dire qu’il m’a fallu plusieurs écoutes afin d’arriver à m’immerger totalement dans ce nouveau voyage. Un album de
Summoning requiert du temps pour l’appréhender, pour en distiller chaque détail. Premièrement l’artwork est comme souvent chez
Summoning magnifique, celui-ci définit parfaitement le sentiment d’évasion que le groupe arrive à instiller chez l’auditeur. L’album débute donc sur l’intro
Evernight, des murmures probablement en langue Elfique qui s’ensuivent d’une mélodie assez lumineuse accompagnée de chœurs féminins et masculins et d’une batterie assez martiale, une sorte d’appel à la bataille.
Summoning laisse donc de côté, en ce début d’album, l’obscurité avec laquelle il nous avait quitté sur
Oath Bound pour nous faire entrer dans la lumière et cela se confirme avec le titre qui s’ensuit : Flammifer. Celui-ci nous emmène sur le navire Vingilot, bâtiment censé apporter la lumière et l’espoir parmi les Peuples Libres de la Terre du Milieu. Dès les premières notes du titre, nous remarquons immédiatement la production plus claire que ce à quoi nous a habitué le groupe. Les guitares sont moins saturées, chose qui avait tendance à m’agacer par le passé et les nappes de claviers moins kitshs viennent s’y superposer en parfaite adéquation. On sent que le groupe a gagné en maturité, les morceaux sont tous longs, 9 minutes en moyenne et les rythmiques sont dignes de ce que
Summoning nous a offert jusqu’à maintenant, toujours parfaites.
Mon coup de cœur ira au morceau suivant, le titre éponyme
Old Mornings Dawn, commençant lui aussi de manière assez lumineuse avec ces orchestrations, cette batterie martiale, auxquels vient s’ajouter le chant black toujours aussi écorché, mais qui, comme les guitares, est moins agressif pour les oreilles, le titre prend son envol et fait décoller l’album au moment du refrain, des chœurs masculins tels des chevaliers en armures, alignés et attendant les ordres de charger chantant des hymnes guerriers afin de se donner du courage, de se rappeler d’où ils viennent et ce qu’ils s’apprêtent à défendre. Tout l’honneur de ce qui fait le Black épique se retrouve dans ce morceau. J’avais moi-même envie de me lever de mon siège, jeter mes écouteurs, mettre mon casque, mon armure et brandir mon épée dans mon salon tout en chantant avec eux ! On se dit à la fin de ce morceau que ça y est l’album est lancé.
Mais
Summoning délaisse par la suite le côté lumineux pour sombrer dans la mélancolie sur le titre The White
Tower, faisant référence à la cité de
Minas Tirith, les claviers et les guitares deviennent plus plaintifs, on imagine donc une cité au bord du désespoir, résiliée à accepter son destin qui sera la mort. Une voix féminine vient se superposer par intermittences et ce qui faisait de nous un guerrier accompli sur les premiers morceaux de l’album s’écroule complètement, la bataille est perdue, nous n’avons plus qu’à rester étendus et à attendre que la faucheuse nous emmène loin de ce monde fait de sang et de souffrances. Le titre
Caradhras est dans la même veine mélancolique, nous emmenant au sommet de ce col emblématique de l’univers de Tolkien. Où tout espoir de survie est nul et non avenu, le groupe nous dépeint des paysages mélangeant le blanc de la neige et le gris de la roche, mais la mélancolie de ce paysage est aussi accompagnée de la puissance que peut inspirer ce sommet, le riff sont un peu plus lourds et les orchestrations plus épiques, comme si le passage de ce col était un acte obligatoire pour nous mener à la victoire de notre quête. Les chœurs masculins entendus en début d’album viennent le confirmer à la moitié du titre.
Of
Pale White Morns est pour moi le morceau qui représente le plus le côté monolithique du groupe, avec ce refrain qui se répète inlassablement, accompagné de quelques chants féminins en arrière plan qui se contentent juste d'apposer leurs voies en tant qu'instruments, on a l'impression de parcourir un chemin de croix durant 9 minutes, mais soyons d'accord, le côté répétitif ne veut absolument pas dire ennuyeux,
Summoning le prouve sur ses compositions toutes longues mais plaisantes à écouter, le temps semble comme figé et le morceau pourrait bien durer 30 minutes de plus nous ne les verrions pas passer tant il nous hypnotise.
The Wandering
Fire quand à lui démarre de manière un peu plus synthétique toujours avec la boîte à rythme et les synthés chers au groupe jusqu'à ce que viennent s'apposer une douce flûte et la saturation des guitares, le titre commence calmement mais dispose par la suite d'une montée en puissance qui arrive à nous faire dresser les poils sur tout le corps, ces mêmes frissons que nous pouvions ressentir à l'époque de
Stronghold tout en restant classique.
Old Mornings Dawn est un album qui s’écoute en entier d’une seule traite, de manière attentive de la même manière que l’on pourrait suivre un film, chaque titre a sa place et s’imbrique parfaitement dans l’ensemble. Le dernier morceau, Earthshine peut surprendre, voir en décevoir certains. En effet le groupe nous ayant laissés sur
Oath Bound avec un
Land of the
Dead magnifique, magique même, et qui a marqué tous les adeptes du groupe. Le morceau débute sur des touches de piano, instrument absent sur toute la durée précédente de l’album, la composition se révèle assez différente, plus taillée à coups de haches. La voix est plus écorchée et moins typée black en même temps car elle tend plus dans les tonalités graves, je la qualifierais plus plaintive qu’agressive. Les chœurs que l'on a tant attendus sur les 3/4 du titre arrivent comme une providence à la fin de celui-ci mais de manière très éphémère puis disparaissent pour clore l'album. Le morceau s’apparente plus aux soldats ayant soufferts le martyr sur les champs de bataille, l’honneur, la gloire, ici tout est tombé à plat, l’échec et la mort sont tout ce qui a découlé de la guerre. L’album se termine donc de manière tragique mais pas mélancolique comme l’avait fait
Oath Bound.
Quoiqu’il en soit, après sept ans d’absence,
Summoning est revenu tel un guerrier de ses cendres et a su dire aux autres (
Caladan Brood) qu’ils peuvent essayer de le copier, mais que jamais il ne sera égalé, il est le maitre du Black épique et le sera à jamais. L’attente a été longue mais elle en valait la peine. Leur œuvre est variée, mature et restera dans les mémoires des adeptes du groupe. La production plus claire, la saturation moins agressive, les voix féminines, tous ces petits détails contribuent à rendre l'ensemble moins obscur que par le passé et plus atmosphérique. Chaque écoute est une nouvelle découverte, peu de groupe peuvent prétendre à provoquer un tel sentiment d’évasion et de voyage en des contrées riches et inconnues,
Summoning est de ces groupes. En espérant ne pas avoir à attendre de nouveau sept longues années pour la suite…
Parce que justement, juger par rapport à ce qui a déjà été fait (par le groupe ou par d'autres) revient justement à avoir un jugement plus éclairé sur l'album.
Quelqu'un qui ne connait pas Summoning et qui commence par Old Mornings Dawn a beaucoup plus de chances de le trouver énorme que quelqu'un qui connait bien la discographie du groupe. Pourtant, s'il savait ce qu'a pu produire le groupe avant, il saurait mieux mettre en perspective sa vision de l'album par rapport aux autres et aurait donc un avis plus pointu.
Je trouve aussi que les "c'était mieux avant" et les mentions "classique", "chef d’œuvre" que l'on lit sans arrêt relèvent souvent de la facilité.
Si vous pensez qu'il existe un album intouchable, imperfectible (en général ou au sein d'une discographie) alors c'est vrai, mais uniquement pour vous et à une période donnée de votre existence.
Pour moi un mélomane doit sans cesse mettre à l'épreuve ses sentiments à l'égard d'un album, au fur et à mesure que le temps passe et qu'il en découvre d'autres. Sans quoi il se fixe à lui même des limites, ce qui est tout à fait idiot, mais l'esprit humain fait ça tout le temps. Ça le rassure, eh!
Sinon pour en revenir au sujet, je suis content de voir que l'on cite The White Tower parce que c'est vraiment devenu un de mes morceaux préférés de Summoning. Au même titre qu'Old Mornings Dawn et Caradhras!
Les morceaux bonus, sur les trois chroniques c'est vraiment dommage que personne n'en ait fait mention. Ça peut s'écouter un peu partout en streaming si vous ne les avez pas sur votre CD, il faut juste ne pas les confondre avec les versions alternatives de Caradhras et Old Mornings Dawn (intitulées Redhorn et Old Mornings Dusk), qui elles sont tout à fait dispensables.
C'est cela que je trouve dommage. Le fait de s'enfermer dans des idées ou des attentes de ce que devrait être ou faire tel ou tel groupe.
Si un album me fait voyager (en tout cas pour du Summoning), pour moi c'est mission accomplie. De savoir qu'il est plus ou moins bon que son prédécesseur n'est pas un critère très objectif sur la qualité propre du disque. Encore une fois tu as tout a fait le droit de trouver cet album moyen en tant que tel. Mais le trouver moyen bof juste parce qu'ils ont fait mieux avant me semble en revanche sévère.
Alors au diable les avis pointus, voire pointilleux ... il ne nous reste qu'à prendre un peu de recul vis-à-vis de tout ça. On a tout à y gagner :)
Je suis dans le cas qu'évoquait T0n10. J'ai découvert SUMMONING cette année sachant que le Black METAL n'est pas le genre que j'apprécie dans le METAL. Mais du Black Metal épique, atmosphérique et surtout mélodique comme sait faire le duo autrichien, j'en redemande !. J'ai commencé avec OLD MORNINGS DAWN et depuis, j'écoute en boucle leurs OPUS précédents comme STRONGHOLD, LET'S THE MORTAL HEROES SING YOUR FAME (très beau titre ) et OATH BOUND. C'est une musique géniale et quand on l'écoute la première fois, on relève la tête, on tend l'oreille et on est saisi d'une douce torpeur onirique. C'est de la grande musique extatique. SUMMONING : Je prends tout.
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