Il est de ces événements qui bousculent toute une scène et marquent la fin d’un groupe dans une histoire pourtant si belle. Ce fut le cas pour
Deeds Of Flesh. Formé en 1993 à Los Osos, le trio originel devient rapidement une référence dans un death brutal sans concessions et d’une grande violence. Si la formation américaine voit son line-up fortement bousculé vers la fin des années 90, c’est bien durant cette période, et plus précisément en 1999, que les membres du groupe initient un label qui deviendra rapidement une maison de production majeure dans l’univers death : Unique Leader Records.
Fort d’une marque de production florissante et d’une musique impétueuse à la croisée de sonorités plus contemporaines, tout semblait sourire à nos musiciens américains. Mais en 2018, soit cinq ans après un très bon
Portals to Canaan, le fondateur du groupe Erik Lindmark (guitare/chant) s’éteint à l’âge de 46 ans. Alors que l’on pourrait penser à une fin d’aventure pour le quatuor, ce dernier revient pourtant fin 2020 avec une neuvième toile du nom de
Nucleus. Avec ses neufs titres, le groupe a fait appel à de nombreux invités de la scène death comme John Gallagher (
Dying Fetus), Luc Lemay (
Gorguts) ou encore George « Corpsegrinder » Fisher (
Cannibal Corpse).
Cette nouvelle offrande est dans la totale lignée des précédents travaux de
Deeds Of Flesh et notamment depuis
Crown of Souls en 2005. Si aux premiers abords, l’intro Odyssey nous déboussole quelque peu avec un son résolument futuriste, Alyen Scourge ne tarde pas à revenir aux classiques avec une musique technique, imposante et dans une veine toujours moderne. L’aspect un peu trop propre, déjà omniprésent sur
Portals to Canaan refait surface et peut faire grincer un peu des dents. Cependant, certains morceaux préservent le côté oldschool des débuts du groupe comme pour le titre éponyme, où le tapping hâtif, affirmée et technique de Darren Cesca s’intègre au magnifique solo de Craig Peters et aux quelques riffs de basse d’Ivan Munguia.
Dans un travail de composition qui mêle les inspirations de
Spawn Of Possession,
Severed Savior ou encore
Psycroptic, nos américains nous prodiguent quarante minutes de haute voltige sans aucun relâchement. On appréciera les nombreux solistes de Craig Peters qui, sans être excessivement longs, démontrent l’une des nombreuses qualités de la formation. La présence des nombreux guests nous permet de profiter pleinement d’une palette de prestations vocales, parfois classiques, parfois profonds mais toujours d’une grande puissance.
Nucleus sonne comme le clap de fin d’une formation qui aura su poser son empreinte dans la scène death brutal, un parfait condensé du savoir-faire des américains et un témoignage poignant d’un grand musicien apprécié d’un grand nombre disparu trop tôt. Tout comme les précédentes productions, l’atmosphère parfois trop moderne et les passages ultra-techniques pourront rebuter les plus puristes. Néanmoins, ces deux aspects soulignent désormais la nouvelle identité plutôt unique de
Deeds Of Flesh depuis maintenant plus de quinze ans, un souffle désormais intemporel.
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