La note doit résumer à elle seule ce que l'on pense et que l'on essaie d'expliquer en plusieurs paragraphes, souvent c'est même la première chose que le lecteur voit, et la première impression que donne l'auteur. Elle doit donc être conforme à la chronique. Mais en de rares cas, une note objective ne correspond pas toujours à la valeur réelle du disque. Vous vous en doutez, c'est le cas ici. Je vais même mettre ma note dès le début. Ce disque récoltera 11/20. Cela équivaut à un bon album mais pas exempt de défauts, et loin d'être indispensable donc... mais est-ce vraiment le cas de ce "
Morbid Tales"??
Je ne mets que la note moyenne, en reflet de la musique de
Celtic Frost. Issu des cendres de
Hellhammer, un groupe avant-gardiste,
Celtic Frost naît en cette année 1984, avec une première touche gothique (apparition très brève mais bien réelle d’une voix féminine sur "
Return Of The Eve") qui sera développée par la suite. Pour l'heure, il s'agit de noter "
Morbid Tales", édition remaster de 1999. La musique pratiquée est assez étrange, je la qualifie perso de "heavy/thrash dark". Une recette qui paraît vieille par rapport aux standards actuels du metal extrême. Mais ne nous arrêtons pas à cet aspect superficiel…
Pas encore question de black ou de death même si quelques indices rappellent ces styles ; ici, les riffs sont simples, heavy à la
Black Sabbath, ou thrash à la
Slayer, les tempos sont variés. Souvent au sein d'un même morceau se côtoient des vitesses élevées et des ralentissements du rythme, qui nous font presque penser à du doom, comme sur "
Procreation (Of
The Wicked)". Le gros avantage, c'est le "groove" qui se dégage du disque. Impossible de ne pas headbanguer sur les passages rythmés du disque, comme le break de "
Nocturnal Fear". Ainsi, malgré une simplicité étonnante des riffs, certaine compos deviennent déjà cultes : "Into The Crypts Of Rays" et son refrain et "
Dethroned Emperor" et son riff si entraînant.
Le son est unique. La touche
Celtic Frost quoi. Dur à décrire, les guitares ont un son qui parait dénué de tout "trebble" et donc d’agressivité. Plutôt un son lourd, qui me rappelle celui des gratteux d'
Obituary, entité fortement inspirée par Gabriel
Morbid Tales et ses sbires. Les rares solos sont plutôt dans le style
Slayer : torturés et chaotiques. La basse et la batterie sonnent classiquement et sont présents, mais j'aurais aimé entendre plus la grosse caisse. L'édition remaster possède donc une bonne prod, qui n'est pas dénaturée par rapport à l'original. Enfin, le chant de Gabriel
Morbid Tales.
Pas de growl, le Suisse se contente de réciter ses textes, aux thèmes occultes, dérivés du satanisme de foire de
Venom, en utilisant sa voix profonde et sombre. Au final, l'ambiance est vraiment étrange.
Macabre (évidemment…), mais aussi décalée. Ecoutez donc "
Danse Macabre", une interlude totalement loufoque. Ou juste l’intro "
Human" qui repasse en boucle des cris… Une certaine forme de misanthropie s’installe, précurseur des ambiances black metal.
L'EP "
Emperor's Return" est rajouté au disque, dont 3 titres non remasterisés. Son beaucoup moins bon, surtout le chant totalement en retrait. Mais il permet quand même de présenter une version intéressante de "
Circle Of The
Tyrants". J'accroche moins aux deux derniers titres, sûrement dû au manque de diversité de cette édition, qui dure tout de même 50 minutes. Certains riffs semblent similaires, à cause de la recette qui n’évolue plus tout au long de l’album, et l’ambiance devient étouffante. Enfin, le livret retranscrit les paroles, la pochette initiale de "
Emperor’s
Return" plus quelques photos du groupe pas transcendantes mais qui donnent un aperçu du premier corpse paint de l’histoire du metal.
Alors voilà, je ne suis pas un fan ultime de ce disque, je préfère les deux suivants du
Frost*****************. D'où ma note. Mais il faut savoir remettre ce disque dans son contexte. Il bénéficie d'un statut culte, véritable OVNI à la date de sa sortie, et il a influencé toute une génération de death et de black metalleux. Au final?? 11/20 aujourd'hui, mais indispensable à une discothèque metal fournie. De plus cette réédition est de qualité, tout en respectant le caractère originel de "
Morbid Tales" première édition.
Un des rares albums fondateurs de l'extrème (avec Possessed, Sarcofago, Vulcano....) que j'arrive à écouter et apprécier.
Perso je trouve que c'est une oeuvre qui à très bien vieillie, avec une production parfaitement audible et adaptée. Les vocaux sont complètement unique, les compos carrément headbangante, avec ce petit côté maléfique (mais sans le kitsch de Hellhammer). Pour moi c'est un bon vieux thrash/post-black.
Vraiment en avance sur son temps.
Culte quoi.
Pas forcément compris par tous à sa sortie, ni réellement thrash ni affilié à un mouvement death qui n'existait guère à cette époque, cet album unique a connu plusieurs vies, avec la réédition complète des disques du Frost en 1999, approuvé par son leader, déçu en général du traitement de Noise Records.
De nombreux titres sont devenus des classiques, repris à maintes reprises, et l'imagerie initiée avec Hellhammer perdure, qui influencera (avec Venom notamment) une ribambelle de groupes actuels.
Un disque référentiel, qui mérite bien sa place au panthéon du metal extrême contemporain. Comme un fan l'a scandé entre deux morceaux à Tom Warrior au concert de Triptykon du Fall Of Summer de 2015 : "You're the best". Le malicieux Tom ne l'a pas démenti avec un sourire entendu.
Le fan qui n'est pas accro aux first press peut se rabattre sans rougir sur la réédition de 1999, à l'instar de l'ensemble de la première partie de la discographie du groupe.
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