Sauver l’honneur. Retrouver sa dignité à n’importe quel prix. Voici en gros le crédo de sieur Thomas Gabriel Fis(ch)er connu aussi sous le nom de
Warrior. Il s’est donné comme primauté et mission pressante d’effacer le mal occasionné par l’album de 1988 «
Cold Lake ». Un ouvrage, une tare pour de nombreux fans outrés, qui se fixera en tâche indélébile dans la discographie de la désormais mythique formation helvétique . Un cauchemar éthylique où on aurait aperçu «
Celtic Frost », fondateur du dark metal, et l’une des sources probables du metal extrême, courir après les vitrines du glam qu’étaient «
Poison » ou «
Ratt ». Un véritable scandale salissant ceux qui avaient toujours misé sur l’avant-garde, y compris avant même la formation du groupe.
Il faut des responsables à ce désastre.
Exit tout ce qui pourrait rappeler «
Cold Lake » (du moins en théorie). Dehors
Oliver Amberg (ex-
Coroner), l’initiateur de ce détournement musical qui aurait selon lui, du remplir les caisses plutôt vides de la formation à cette époque. Il devra prendre ses cornes de bouc émissaire avant de disparaître entièrement de la scène. Le bassiste Curt Victor Bryant est aussi dans le collimateur. Il échappera que très temporairement au redressage imposé par
Warrior. Que très temporairement, car Martin Ain repointe déjà le bout de son nez.
Est-ce le grand retour aux valeurs qui ont fait le triomphe et le génie des «
Celtic Frost »? Non! «
Cold Lake » laissera évidemment des traces, et Bryant est ostensiblement présent dans la composition, bien plus qu’ Ain, qui se contentera en plus que de quelques chuchotements sur certains titres de ce « Vanity/
Nemesis », au lieu de la basse déjà occupée. L’examen de rattrapage sortira en 1990, soit deux années après la « verrue » classée « glam metal ». Une « verrue » qui avait pourtant été assez bien accueillie par le public US (public probablement visé d’ailleurs).
Alors ce « Vanity/
Nemesis », qu’est-ce que c’est finalement, si ce n’est ni le retour tant espéré, ni la réitération du précédent « exploit »? C’est en fait un peu des deux, mais pas foncièrement un mixte de ceux-ci. C’est piteux comme réponse, mais c’est la stricte vérité objective. S’il fallait qualifier l’œuvre dans un style général, il faudrait la qualifier de thrash metal. Cela surtout en considération des rythmiques et des riffs adoptés par les guitares. C’est aussi ce qui ressort le plus des pistes. « A
Solitude or a
Whisper » fait foi dans son intégralité du contournement vers ce style. On y sent ici, clairement marqué, le copié-collé thrash US fin années 80. «
Nemesis », titre beaucoup plus long (près de 8 minutes), n’échappera pas non plus à la règle.
Une des guitares est assurément tenue par Ron Marks. Lui qui n’était que le guitariste de tournée se voit en session enregistrement comme guitariste principal. Et il donne malgré tout le bougre, avec un jeu très inspiré, même si la guitare la plus performante sera celle de Bryant sur « Phallic
Tantrum ». Des riffs prononcés qui donneront plus de valeur aux morceaux, et ils en ont bien besoin, parce que le tout n’est pas très prenant, hormis quelques entames percutantes.
Le chant de
Warrior s’accommode plutôt assez mal avec ce style de thrash mi-sombre. Poussif à l’excès sur « The Name of my
Bride » ou pire encore sur la douteuse reprise du crooner Bryan Ferry, « This
Island Earth ». Une reprise évidemment très discutable par son choix. Il faut écouter l’original d’ailleurs pour s’en rendre compte de manière flagrante.
Ils réitèrent les reprises pop, version thrash, sur le ô combien célébrissime « Heroes » de David Bowie. Méconnaissable, à des lustres de l’original. En absence d’indication, il vous faudra le reprendre en plusieurs fois avant d’en faire un quelconque rapprochement. Mais à l’évidence cette reprise semble plus réussite que celle de « This
Island Earth », notamment grâce à l’apport d’une ambiance beaucoup plus glauque et des paroles glaciales en français prononcées par Michelle Amar.
Des restes de «
Cold Lake », on en retrouve, et plus singulièrement par le chant même de
Warrior. Un chant « glameux » empli de nonchalance dès le premier titre de l’album, à savoir « The
Heart Beneath ». Une déliquescence que l’on retrouvera bien plus tard sur « The
Restless Seas », également aussi sur « Vanity ». Un titre ressort de manière bien plus évidente cette imprégnation à l’opus maudit; «
Wings of
Solitude » faisant preuve de plus de fantaisie, en grande partie du au refrain enjoué. Le chant sombre et féminin d’Uta Günther , ainsi que l’entame d’accroche acoustique qui s’y illustrent apporteront une alternance vivifiante en milieu froid. L’amateur de heavy/hard appréciera indéniablement; les vétérans de «
Celtic Frost » beaucoup moins.
Ils ont continué leurs mauvaises expériences, même si celle-ci est beaucoup moins grave et rattrape partiellement sa précédente. Un album qui prolongera le doute au sein de la formation, continuant à la saper. C’est l’indifférence après les vives protestations. Un album à part, ne figurant même pas comme un intermédiaire, oublié entre le vaniteux «
Cold Lake » et la vengeance de «
Monotheist ».
12/20
Je n'ai pas écouté cet album m'étant arrêté à Into The Pandemonium et laissant un vide jusqu'au monstrueux Monotheist.
Mais c'est effectivement bien, comme l'a dit Gladiator, de parler des mauvais albums ou du moins des moins bons.
Néanmoins mention spéciale au titre " Phallic Tantrum"
Je ne suis pas un fan de Celtic Frost, alors je peux comprendre la déception des fans avec ce changement de direction, mais moi j'aime bien cet album, tout simplement car je n'aime pas les 2 premiers et que je préfère celui ci pour son coté plus trash que dark. Les gouts et les couleurs...
18/20
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