Deuxième (monstrueux) opus du groupe de metalcore progressif
August Burns Red,
Messengers va tout simplement plus loin.
Plus loin dans les mélodies uniques que proposent le groupe, plus loin dans la dextérité et la technique, plus loin dans la violence, plus loin… Sans surenchérir et avec toute honnêteté,
Messengers est une perle rare du genre, un album à mettre dans toutes les oreilles, une bombe sonore des plus efficaces.
Je connaissais déjà
Thrill Seeker sorti deux ans auparavant mais le groupe n’étant pas très connu, éclipsé par pas mal de nouveaux groupes metalcore plus mis en avant (
Killswitch Engage,
As I Lay Dying,
Bloodsimple), je l’avais un peu mis de côté. Mais en ce mois de juin 2007, je me procure
Messengers. La pochette est simple mais belle, le groupe m’avais bien impressionné pour leur première galette, je n’hésite qu’à moitié et l’achète. Le CD dans la platine et c’est la claque, le choc, la révélation metalcore de l’année. Après avoir écouté
Messengers, on ne peut que placer tous les espoirs dans la formation datant tout de même de 2002, on ne peut que s’extasier devant pareille beauté musicale et on ne peut que remettre en boucle l’album.
J’exagère ? Pour si peu… L’album dure 48 minutes, contient 11 chansons, un featuring et que du bonheur. Vous connaissez ces albums quasi-parfaits, sans surplus, sans vide, où chaque chanson est une tuerie ? Ces albums dont on a beau scruter chaque détail, on ne voit rien à reprocher. Ces albums si extraordinaires qu’on n’ose imaginer le prochain qui ne pourra qu’être tout au plus décevant tant l’extase est à son comble…
Toujours chez Solid States Records, l’album est produit par Tue Madsen (aaaah d’accord, je comprends pourquoi il est si bon cet album !), enregistré au tout récent Rebel Waltz Studio, plus spécialisé par le rock/punk (Last Tuesday, Chasing
Victory…). Son : nickel, rien à redire, tout est correctement dosé pour être audible sans aucun surplus. Orientation musicale : reconversion ou plutôt légère évolution tout en restant dans le même style (j’y reviendrai plus tard). Chant : Josh McManness s’étant éclipsé, c’est le nouveau venu Jake Luhrs qui occupe le poste avec une aisance des plus déconcertantes. Le débit, le timbre restent les mêmes avec une grosse surprise, mais on sent une variation : plus d’assurance, plus de puissance ; un chant agressif totalement en adéquation avec le reste de la musique. Nouveau bassiste également, Dustin Davidson, lui aussi très à l’aise dans le matraquage des cordes ainsi que les backing vocals hargneux.
Nouveau line-up, nouvelle prod’, même puissance : l’album démarre sur les chapeaux de roue avec le fameux "Truth of a
Liar" en compagnie de Phil Labonte, le chanteur d’
All That Remains. Une mélodie purement
August-burns-redienne, un scream écorché, une pause… et c’est parti pour 4 minutes de pur bonheur. Les riffs s’entrechoquent de manière progressive, de saccades soutenues en riffs mélo, le morceau est d’une beauté transcendante. Contrairement à
Thrill Seeker, le morceau (ainsi que la plupart des autres titres de l’album) possèdent des riffs qui reviennent de temps à autre, sans forcément être des refrains typés chant clair inutiles ; juste des mélodies clouant chaque chanson dans une identité propre.
L’énergie et la violence des morceaux contrastent à nouveau avec une mélodie des plus entrainantes, des plus maitrisées, qui ne tombent jamais dans le mélo mielleux pour gamines à mascaras. Ici, les phrasés mémorables se multiplient à chaque titre, du « We will survive ! The strong, the fortunate, the never ending » de "Up Against the Ropes" à l’inoubliable « You've got your whole life to lead ! » du single "Composure" : on sent que le groupe a travaillé sur chaque partie de chaque chanson afin d’en faire des tueries musicales, un chaos sur scène où chaque fan reprendrait en chœur ces passages cultes. Des beatdowns encore plus saccadés, lourds et violents, des riffs death mélo complexes à la
Carcass, une batterie encore plus imaginative, Matt Greiner se surpassant pour le coup dans une démonstration habile et contrôlée de son talent de frappeur infatigable. Les guitaristes font quant à eux une remarquable paire, se complétant ingénieusement, balançant des envolées metalcore si bien foutues qu’on en oublie le genre originel, laissant de côté l’image de metal à mèche pour ados afin de se consacrer à du dynamisme en barre, ce produit fracassant que nous livre
August Burns Red.
L’album démarrant de façon magique avec une flopée de tubes fantastiques, on aurait pensé que la suite de la galette serait moins exponentielle. Que nenni ! La formation continue sur sa lancée avec une aisance et un souci du détail quant à ses parties terriblement enivrant. En effet, après le dévastateur "Composure", on aurait été en droit de souffler un peu avec une instrumentale ou un titre ultra-mélo. Pensez-vous… Les Américains enchainent avec "Vital Signs", "The Eleventh Hour", et cætera jusqu’à l’éblouissant "
Redemption", apothéose pour un full-lenght ineffable, toujours avec ce sens du riffing impressionnant de dextérité et d’imagination. Des titres tous aussi magiques les uns que les autres, arrivant sans peine à nous faire passer presqu’une heure de pur extase. Ainsi, avec
Messengers, le groupe impose sa patte au genre, une patte désormais reconnaissable dès les premières notes.
2007 est donc l’année de la consécration pour
August Burns Red, s’imposant comme une valeur sûre du metalcore ricain, arrivant à proposer quelque chose d’indéniablement neuf dans le genre et se classant parmi les meilleurs jeunes groupes doués, pros et scéniquement destructeurs. Un groupe majestueux pour un album qui l’est tout autant.
Un grand chef-d'oeuvre, tout simplement. Puissant, brutal, technique, grandiose, foutrement bon: un sans-faute.
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